LE PONY EXPRESS

 

       ARTICLE DE ROLAND ROTH 

Statue                    Recap      

 

Sur la route de la Californie, les courriers de l’Overland Pony Express distancent encore le télégraphe. Mais pour combien de temps encore ?

La distribution du courrier de l’est du pays (Missouri) vers la côte Pacifique (Californie) reste encore de nos jours une légende de l’Ouest. 

 

Le Pony Express n’était pas le premier du genre.

De tout temps on avait utilisé des messages amenés à cheval mais l’idée de construire des relais et d’instaurer un itinéraire direct était nouveau.

 

L’histoire du Pony Express a commencé par l’exploit d’un cavalier de l’Ouest, un certain François-Xavier Aubry (1824-1854), jeune Canadien français, natif de Saint-Justin dans le comté de Maskinongé au Québec, explorateur du sud-ouest des Etats-Unis. 

Il fut le premier à couvrir à cheval, en janvier 1848, la distance de Santa Fe, au pied des Rocheuses, à Independence au Missouri, soit 1 500 kilomètres en cinq jours et demi. 

Quelques jours après cet exploit, le 2 février 1848, le traité de Guadelupe Hidalgo confirma la cession aux Etats-Unis par le Mexique, contre le paiement de 15 millions de dollars, du Nouveau-Mexique et de la Californie. 

 

Les Etats-Unis peuvent désormais s’élancer à travers leurs vastes espaces jusqu’à l’océan Pacifique.

Cette récente intégration de la Californie au sein des États-Unis accentuait la nécessité de moyens de communication entre l’est urbanisé, déjà pourvu du  chemin de fer et l’Ouest encore sauvage, aux pistes à peine tracées.

D’immenses convois de chariots continuent de transporter des centaines de pionniers de l’autre côté des Rocheuses. 

Chaque chariot est en principe tiré par quatre bœufs ou six chevaux. 

Les étapes à travers les paysages de l’ouest sont en moyenne de 16 kilomètres par jour. 

Le voyage est éprouvant, semé d’embûches, sous la menace des Indiens et des bandits de grands chemins. 

 

En 1857, John Butterfield fonde l’Overland Mail Company qui fait de la diligence le véhicule le plus populaire de l’Ouest. 

 

48 15       Diligence

 

L’attelage de quatre à six chevaux est conduit par un cocher aguerri, accompagné d’un guide armé qui a la charge du courrier et de l’argent placés sous son siège.

Le voyage a lieu deux fois par mois et coûte 200 dollars, soit l’équivalent de deux mois de salaire. 

Dix à douze passagers sont ainsi transportés en quelque 25 jours, dans des conditions pénibles, de Saint-Louis dans le Missouri à San Francisco ou Los Angeles en Californie.

 

Le Pony Express avec ses onze jours surclasse donc la diligence qui met des semaines pour faire le même trajet. 

L’inauguration du Pony Express s’est faite en 1860.

L'exploit d'Aubry a dès lors inspiré la création du Pony Express, fondé sur la rapidité de cavaliers isolés.

Le développement de l’Ouest intensifié à partir de 1848 par la ruée vers l’or, exige le transport de plus en plus rapide de documents, de lettres ou de contrats. 

La traversée éclair de l’Ouest par un cavalier isolé, légèrement chargé, qui ne peut être dévalisé puisqu’il n’a ni arme, ni argent (sa seule sauvegarde est sa vitesse en cas d’attaque), susceptible d’acheminer le courrier en moitié moins de temps qu’une diligence.

 

Capture d e cran 2020 08 20 a 11 15 34   William Russell, Alexander Majors et William B. Waddell, 

se rappellent alors de la performance de François-Xavier Aubry et fondent la Central Overland California & Pikes’s Peak Express Service Company bientôt connue sous le nom de Pony Express. 

Ils concoctent alors l’effrayant trajet de près de 3100 km qui traverse les prairies désertes, les montagnes escarpées et les terres désolées des Grandes Plaines de l’Ouest américain.

Le parcours suivait à peu près la piste de l'Oregon et ensuite la piste de Californie vers Fort Brager dans le Wyoming, puis le sentier Mormon de Salt Lake City. 

De là, il suivait à peu près la route terrestre centrale à Carson City, avant de passer la Sierra vers Sacramento en Californie.

Les trois associés escomptaient avec ce projet, en cas de réussite, des subventions et une concession pour la route directe par le centre, celle empruntée par les convoyeurs.

Les organisateurs ont acheté de bons chevaux. 

En février 1860, ils lancèrent un appel d’offre portant sur deux cent juments âgées de 4 à 7 ans robustes et rompues à la selle. 

 

                   Pony wanted                                    Express wanted

 

Un mois après, une nouvelle annonce par voie de presse demandait des jeunes gens âgés de 18 ans au plus, des cavaliers émérites et endurants, prêts à risquer leur vie à tout moment.

Ce travail périlleux était gratifié d’un salaire de 25 dollars par semaine, supérieur toutefois à celui de la plupart des journaliers.

 

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Le cavalier porteur de journaux et d’un message de félicitations du président James Buchanan au gouverneur de Californie, John Downey, est accueilli en triomphe à Sacramento, puis à San Francisco. 

 

Russell, Majors et Waddell mettent alors en place une impressionnante logistique pour faire concurrence au réseau de diligences de l’Overland Mail Company qui est présent plus au sud. 

Cent vingt jeunes cavaliers, choisis pour leur légèreté, en selle en permanence, couvrent une distance de plus de 3 000 kilomètres dans cette moyenne de dix jours, les uns galopant vers l’ouest, les autres se dirigeant en sens inverse. 

Une étape journalière correspond environ à 72 kilomètres avec trois changements de monture. 

Pas moins de 400 chevaux ont été répartis dans 160 postes de relais.

 

Le service postal du Pony Express débuta donc le 3 avril 1860. 

 

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Le premier trajet vers l'ouest de Saint-Joseph dans le Missouri à Sacramento en Californie est accompli en 10 jours, 7 heures et 45 minutes. 

Le trajet inverse vers l'est nécessite 11 jours et 12 heures.

Un nuage de poussière à l’horizon a soulevé une joie immense parmi ceux qui attendaient la première livraison du courrier par le Pony Express quand est apparu, au grand galop, le jeune Tom Hamilton acclamé par une foule en délire lui souhaitant la bienvenue. 

Une sacoche renfermant une cinquantaine de lettres et de journaux pendait à la selle de son cheval.

Hamilton venait de Saint-Joseph dans le Missouri qu’il avait quitté onze jours auparavant pour rejoindre Sacramento en Californie par les Grandes Plaines, les montagnes Rocheuses et la Sierra Nevada.

 

Le courrier était enveloppé dans une toile huilée imperméable et placé dans des doubles sacoches en cuir et cadenassées.

Ces cavaliers chevauchent leur monture au galop pendant 20 à 25 Km.

La distance parcourue s'élève à 250 miles (plus de 400 km) par tranche de 24 heures.

Au cours de son parcours de 80 à 100 miles, un cavalier du Pony Express pouvait changer de chevaux de 8 à 10 fois. 

Les chevaux étaient montés au trot ou au galop et atteignaient parfois des vitesses maxi allant jusqu'à 25 miles à l'heure.

Au relais, le cheval de rechange était prêt, amené, sellé et maintenu par la bride. Le convoyeur enlevait au vol les sacoches qu’il jetait sur le dos de la monture fraîche au relais de poste avant d’enfourcher 30 secondes après ce nouveau cheval pour lancer son coursier.

Ce rituel se répétait à chacun des 160 relais du parcours.

La plupart des relais consistent en un puit et une étable tenus par un chef de poste. 

 

Les différents types de chevaux montés par les cavaliers du Pony Express étaient des « Morgan » et des « purs-sangs » qui étaient souvent utilisés à l'extrémité est du parcours. 

Les chevaux « pie » étaient souvent utilisés dans les sections centrales et les « Mustang », plus robustes, étaient souvent été utilisés à l'ouest, en fin de tournée.

 

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Les convoyeurs ne traînaient jamais en chemin malgré les Indiens hostiles, les bandits de grand chemin et les périls liés aux conditions inhospitalières et climatiques.

Ils étaient armés à l’origine d’une paire de revolvers Colt Navy et parfois d’une carabine. Mais pour une question de poids, l’armement a été réduit à un unique revolver porté dans un étui de ceinture avec un second barillet chargé.

 

Le coût d’un courrier a été d’environ 5 dollars par once (env. 28 g).

Au début, les télégrammes étaient acheminés de l’est du pays à San Francisco, en partie par le télégraphe, là où il existait, et en partie par le Pony Express. 

 

La petite histoire veut que des grandes figures de l’Ouest américainr comme Wild Bill Hickok et William Cody, alias Buffalo Bill faisaient partie des convoyeurs du Pony Express. 

 

Wild bill hickok sepia   Wild Bill Hickok, cavalier du Pony Express ?

Mais en réalité Wid Bill Hickok n'était pas un cavalier du Pony Express.

Il travaillait à 23 ans dans l'écurie du relai à la station Rock Creek du Pony Express dans l'est du Nebraska. 

 

8 12  Buffalo Bill Cody, cavalier du Pony Express ? 

Buffalo Bill se targuait dans les dernières années de sa vie et dans ses récits, d'avoir été un des cavaliers du Pony Express quand il avait 14 ans, sans qu’il puisse en apporter la moindre preuve.

Il était bien sûr un grand cavalier émérite mais il est très douteux qu'il ait transporté le courrier du Pony Express.

En effet, Buffalo Bill avait en réalité travaillé pour Russell, Majors & Waddell pendant quelques mois à cette époque quand il avait 14 ans. 

Ce fut la plus grande entreprise de transport de l'Ouest qui possédait des diligences, des milliers de chariots de transport de marchandises et des dizaines de milliers de chevaux, bœufs et mules pour les tirer, ainsi qu'un réseau de gares, de corrals et d'employés à travers l'Ouest.

Buffalo Bill n’aurait fait que jouer le messager en portant le courrier entre les bureaux de la compagnie entre le bourg de Leavenworth et le fort de Leavenworth situé à 5 km de là.

Par contre, Buffalo Bill Cody a fait un show du Pony Express dans ses spectacles du Wild West Show de 1882 à 1912. 

 

Atta Capture d e cran 2020 08 20 a 11 13 34 Capture d e cran 2020 08 20 a 11 13 48

 

Entre 1860 et 1861, de jeunes champions du genre rivalisent de vitesse comme Robert Haslan, dit « Pony Bob », qui parcourt en huit heures les 192 kilomètres impartis. 

Un certain Jack Keeley bat tous les records en restant à cheval pendant 545 kilomètres, soit pendant 31 heures. 

 

Ces chevauchées impressionnantes ont des précédents, par exemple en France sous l’Ancien Régime, avec des «chevaucheurs » chargés de porter aux quatre coins des provinces françaises les décisions royales. 

Mais personne n’avait jamais réussi à égaler la vitesse et les distances comme le font les cavaliers du Pony Express.

 

L’épopée de ces cavaliers courageux qui bravent les flèches des Indiens, les tempêtes dans les montagnes et la poussière du désert pour transporter leur courrier, n’a été qu’éphémère car la téméraire entreprise de Russell, Majors et Waddell se révéla financièrement catastrophique, d’autant que le gouvernement refusa d’accorder la concession convoitée.

 

En effet, un peu plus de 18 mois après sa mise en service, le Pony Express fut remplacé par l’apparition du télégraphe puis du chemin de fer.

Le 24 octobre 1861, la compagnie de télégraphe Western Union Telegraph Company qui reliait Kansas City à Salt Lake City, a établi la jonction avec la ligne déjà existante qui relia San Francisco, signant l’arrêt de mort et rendant obsolète le Pony Express.

Le Pony Express a duré un mois de plus après l'achèvement des lignes télégraphiques. La dernière course officielle a eu lieu le 21 novembre 1861. 

Ceci étant et par manque de rentabilité, le Pony Express fit banqueroute.

 

C'était un échec financier. Son fonctionnement a coûté 700 000 $ et sa dette était d'environ 200 000 $.

Russell, Majors et Waddell n'avaient pas reçu le contrat du gouvernement d'un million de dollars en raison du télégraphe, des pressions politiques et de la guerre civile à venir.

Le Pony Express fut vendu en 1862 à Ben Holladay, un homme d'affaires.

 

Les poteaux de télégraphie passèrent, parait-il, sur la même route qu'empruntaient les cavaliers du Pony Express.

 

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Plusieurs services similaires continuèrent toutefois à fonctionner à plus petite échelle et localement dans des régions reculées à faible population dont le plus célèbre par la Wells Fargo and Co.

 

Malgré sa courte histoire d'à peine 18 mois au cours desquels auront été accomplis 308 allers-retours entre le Missouri et la Californie, couverts 991 000 kilomètres et délivrées 34 753 lettres, le Pony Express fait partie du mythe de la conquête de l'Ouest. 

Son mode de fonctionnement, basé sur les compétences et l'endurance de cavaliers solitaires plutôt que sur des innovations technologiques, correspondait à certaines valeurs d'individualisme d'une partie de la population américaine.

 

On ne compte plus les documentaires et les films de fiction dont l’excellent western « Pony Express » avec Charlton Heston, sorti en 1953, qui reviennent sur l’incroyable épopée de ces postiers du Pony Express d’un nouveau genre. 

 

Ponyexpr Pony express Ponyex

 

      Films au cinema : 

 

The Pony Express (1925)

Frontier Pony Express (1939)

Pony Post (1940)

Plainsman and the Lady (1946)

Pony Express (1953)

Last of the Pony Riders (1953)

The Pony Express Rider (1976)

Days of the Pony Express (2008)

Spirit of the Pony Express (2012)

 

          

 

 

                                                      THE END

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 03/10/2020