LE MARQUIS DE LA FAYETTE AUX AMERIQUES

 

 ARTICLE DE ROLAND ROTH 

 

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                                                                                  LE MARQUIS DE LA FAYETTE    

                                                                                                                                              

Dans cet article, je ne retracerai pas la complète biographie de La Fayette en tant que soldat et homme politique français.

A ce sujet, il existe une énorme bibliographie, des ouvrages historiques et des documentations complètes.

 

Je raconterai juste son aventure américaine et la participation de La Fayette à la guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783). 

 

Cette guerre d'indépendance américaine l’a rendu célèbre à 19 ans car il fut le symbole entre les Américains et les Français d’où son surnom de  « héros des deux mondes ».

 

Quelques mots sur les origines de la guerre d’indépendance  américaine :

 

Au début des années 1770, les 13 colonies américaines de la couronne britannique sont en conflit larvé avec la métropole.

Les colonies refusent de payer certaines taxes aux Britanniques, taxes qu’elles ne votent pas.

Mais Londres réplique par la répression.

En 1774, un congrès réunit les représentants de ces 13 colonies pour supplier le roi d’Angleterre de comprendre la situation en Amérique.

Mais au lieu de comprendre, il accentua encore la répression.

 

En 1775, débuta la guerre d’indépendance.

Le 15 juillet 1775, George Washington est nommé chef d’État major de « l’armée continentale » qui est constituée à ses débuts par un millier de volontaires plus ou moins hétéroclites

 

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                                                                                     Chateau de chavaniac Lafayette 

 

Voici le récit du Marquis de La Fayette :

 

« Moi, Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, je suis est né le 6 septembre 1757 au château de Chavaniac en Auvergne, dans l’ancienne commune de La Fayette (l'actuelle commune d’Aix-la-Fayette du Puy-de Dôme). 

Je suis le descendant d’une ancienne et grande famille militaire auvergnate.

Un de mes ancêtres, Gilbert Motier de La Fayette, était un maréchal de France du 15ème siècle, né vers 1380 et mort le 22 février 1464.

Il s'illustra lors de la Guerre de Cent Ans.

 

A la mort de mon père (un officier tué au combat pendant la guerre de sept ans), à l’âge de deux ans,  je fis un bel héritage.

J’ai été élevé par ma mère et mes tantes au Château de Chavaniac en Auvergne.

En 1770, ma chère mère décéda alors que je n’avais que 13 ans.

 

Mon grand père, quant à lui, est mort quelques mois plus tard et me laissa une immense fortune.

 

Je fis mes études dans un collège parisien pendant plusieurs années.

A l’âge de 15 ans, je fréquenta furtivement la Cour du roi et me décida d’entreprendre le métier militaire dans les camps militaires du Roi.

Je me maria à 16 ans avec Adrienne de Noailles issue d’une grande famille fortunée française.

Adrienne a été l’amour de ma vie ! 

(malgré de nombreuses séparations physiques et quelques infidélités).

 

Toute mon aventure américaine  commença en France en août 1775 quand moi, capitaine Gilbert de La Fayette, rejoignit la garnison à Metz, envoyé par mon beau-père, le duc d'Ayen, pour compléter ma formation militaire.

 

Le 8 août de cette année, j’ai eu l’occasion de participer à un dîner offert par le comte de Broglie au duc de Gloucester, frère du roi d'Angleterre.

Ce dernier raconta le soulèvement des Insurgés dans les colonies anglaises du nouveau monde.

C’est à ce moment que je vais prendre la décision de partir aider ces insurgés et combattre pour l'indépendance de l'Amérique.

 

Peu de temps après, je me suis initié dans une loge maçonnique.

J’y fréquentais des nobles très libéraux comme moi, qui remettaient en cause les privilèges et les inégalités.

Lors des réunions, un conférencier, l'abbé Raynal, insista sur les « Droits de l'homme » et la fin des colonies, critiqua le clergé comme la noblesse.

 

En tant que jeune capitaine,  je me fais réformer de l'armée le 11 juin 1776, en congé illimité de mon régiment et avec quelques nobles je décida de rallier la cause américaine.

 

Notre bon roi, Louis XVI, est hésitant et refuse d'abord de vouloir aider l'Amérique. Il ne voulait pas compromettre sa monarchie en s’alliant à des Insurgés et des révolutionnaires.

Puis il voit d’un assez bon œil la révolte américaine, mais il ne tient toujours pas à rompre le traité de paix avec l’Angleterre qui fut signé quelques années plus tôt à l’issue de la guerre de 7 ans ».

 

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Voici ce qui s’est passé entre temps dans les colonies anglaises en Amérique  :

Le 7 juin 1775 : La bataille de Bunker Hill fut la première véritable bataille de la guerre d'Indépendance. La défense héroïque et les pertes limitées des insurgés contribuèrent à renforcer leur moral.

 

Le 8 juin 1776  : La bataille des Trois-Rivières au Québec opposait les insurgés des treize colonies aux troupes anglaises.

 

Le 4 juillet 1776  : la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis d'Amérique, rédigée par Thomas Jefferson, fut signée.

 

Les députés des treize provinces qui font partie des colonies anglaises de l'Amérique du Nord se réunissent en congrès à Philadelphie et proclament l'indépendance des provinces anglaises qui sont alors constituées en république fédérative sous le nom d'Etats-Unis d'Amérique. 

 

Ces treize colonies sont : le Connecticut, le Massachusetts ( + le Maine), le New-Hampshire, Rhodes Islands, le Delaware, le New Jersey, New York  + Vermont), la Pennsylvanie, la Georgie, le Maryland, la Caroline du Nord (+ Tennessee), la Caroline du Sud, la Virginie (+ la Virginie-Occidentale + le Kentucky).

Les colonies britanniques restées loyales à l’Angleterre sont celles qui font partie de l'actuel Canada.

 

Le 27 août 1776 : Les Anglais gagnèrent la Bataille de Brooklyn.

 

Le 16 septembre 1776 : Les Anglais débarquèrent à Kip's Bay puis remportèrent la bataille des Hauts de Harlem.

 

Le 21 septembre 1776 : Un grand incendie détruisit le quart de New-York.

 

Le 16 novembre 1776 : Les Anglais prennent le fort de Washington (Washington Heights) et contrôlent ainsi New York.

 

Le 26 décembre 1776 : Les Anglais sont défaits à Trenton et à Princeton dans le Delaware.

 

Mais la situation militaire est très défavorable aux insurgés.

 

Ces défaites ne font qu’accélérer le projet de La Fayette.

 

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C’est La Fayette qui parle …..

 

«  Je vais trouver un des envoyés américains en France, M. Deane, pour lui exposer mon projet d’acheter et d’armer un vaisseau et financer l’expédition aux Amériques.

 

C’est grâce au soutien du comte de Broglie et à ses futurs protecteurs le baron de Kalb et Silas Deane, diplomate et commissaire des Insurgents, que je signe à Paris, le 7 décembre 1776, mon engagement dans l'armée « américaine » comme major général.

Le comte de Broglie, chef du « cabinet secret » de Louis XVI qui souhaite aider discrètement les Insurgents contre la Couronne britannique, me permit de financer secrètement l'achat de « La Victoire », un navire de 200 tonneaux, avec seulement 2 canons à bord, trente hommes d’équipage et une cargaison de 5 à 6 000 fusils.

 

Dès mars 1777, je suis prêt à embarquer sur la « La Victoire » pour me rendre en Amérique avec ma troupe et mes officiers en finançant cette expédition sur ma fortune personnelle.

 

En attendant, j’ai dû échapper à la surveillance dont j’ai fais l'objet depuis qu'on soupçonne mes relations avec les agents américains, car je n’avais aucune autorisation officielle du roi concernant ces initiatives qui furent personnelles.

 

Pour brouiller les pistes et semer les émissaires du roi, je vais passer quelques jours à Londres chez l’ambassadeur de France, le marquis de Noailles, qui n’est autre que l’oncle de mon épouse Adrienne.

 

Je traversais secrètement la France pour me rendre à Bordeaux.

Je me rendis vite compte que mon projet de départ est connu à Versailles et qu’un ordre d'arrestation contre moi a été lancé.

Après quelques péripéties avant mon départ, un ordre du roi me demanda de me rendre à Marseille.

A la place, j’entrepris une chevauchée à cheval avec mon ami officier Mauroy par Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et finalement le port du Passage.

Des dépêches royales m’interdisent l'entrée du continent américain.

Mais il est trop tard.

 

J’arrive à Pasajes de San Juan près de San Sébastien au Pays Basque espagnol le 17 avril 1777 et  je m’embarque sur la « Victoire » avec quelques fidèles et le 26 avril 1777 nous appareillons enfin pour l'Amérique.

 

La route maritime passait au large des Antilles où les flottes anglaises et françaises auraient pu nous intercepter.

Pendant la traversée qui dura près de sept semaines, je me suis perfectionné en anglais.

Nous avons touché terre le 15 juin 1777 à South Inlet, près de Charleston.

Je fais prêter à mes compagnons le serment de vaincre ou de mourir avant de rencontrer le major Benjamin Huger de l’armée américaine.

 

Puis je me rendis à cheval pendant un mois jusqu’à Philadelphie où siège le nouveau congrès.

Sur la route, je rencontre le peuple américain et j’apprécie leur comportement chaleureux.

 

Mais, pendant mon voyage, je suis très choqué par la découverte de l’esclavage ».

 

( Il va combattre l’esclavage toute sa vie aux côtés de Condorcet et de l’abbé Grégoire dans la Société des amis des noirs, mais aussi dans d’autres circonstances).

 

 La bataille de Princeton (New Jersey) eut lieu en janvier 1777 et s’est terminée par la victoire de George Washington .

Cette victoire a coûté cher aux Britanniques, 500 hommes tués, blessés ou capturés mais elle a remonté le moral des troupes des colonies, conduisant au recrutement de 8 000 nouveaux soldats.  

En juin 1777, la bannière étoilée sert d'emblème aux armées américaines.

 

« J’arrive enfin à Philadelphie le 27 juillet 1777 et je rencontre un représentant du Congrès qui nous reçoit assez mal.

 

Heureusement le Congrès avait été informé positivement sur moi et mes intentions par une lettre de Benjamin Franklin, le représentant officiel de l’Amérique en France.

Celui-ci appréciait que j’assume moi-même toutes mes dépenses et frais et que je ne demande pas de solde.

 

Je n’avais que 20 ans, avec une formation militaire, certes, mais sans expérience du combat et je fus ainsi nommé major général, en intégrant l’État-major de George Washington comme aide de camp, mais n’ayant au départ pas de commandement effectif.

 

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Le 1er août 1777, je rencontre enfin, George Washington lui-même.

Une grande sympathie se dégagea immédiatement lors de ce premier contact avec cet homme expérimenté de 45 ans.

Cette relation filiale avec le général Washington se développera au cours du temps, peut-être parce qu’il n’avait pas de fils et moi, je n’avais pas de père.

Je devins, moralement sinon juridiquement, son fils adoptif.

Le Congrès à Philadelphie m’accueillit de façon mitigée mais il me permit tout de même à participer aux combats dès la fin de l’été ».

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Dès début 1777, les Etats-Unis dépêchent trois commissaires à Paris, accueillis avec bienveillance, pour négocier (pendant un an) un traité avec la France, notamment entre le ministre des affaires étrangères, le comte de Vergennes et Benjamin Franklin, très respecté et considéré en France.

« Début septembre 1777, Philadelphie, le siège du Congrès et de l’État-Major de l’armée révolutionnaire est menacé.

Le général anglais Howe s'empare alors de Philadelphie..

 

Une armée anglaise arrive du Canada et la flotte anglaise amène des troupes dans la baie de Chesapeake.

 

Washington décide alors d’attaquer immédiatement les forces du général Cornwalis qui se trouvent près de la rivière Brandywine, au Sud de Philadelphie.

 

J’accompagne le général Sullivan pour cette attaque.

Nous avions été assez vite encerclés.

Bien que je n’étais pas supposé participer aux combats, je rassemblais nos forces qui se dispersaient partout.

 

 

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Ce 11 septembre 1777, à la bataille de Brandywine, j’ai été blessé et une balle me traversa la jambe.

Je suis tombé de cheval, mais on m’a aidé à me remettre en selle pour  continuer à regrouper nos forces.

Mais l’hémorragie devenait inquiétante et j’ai été évacué du champs de bataille pour être hospitalisé pendant plusieurs semaines.

 

La défaite des Britanniques et la capitulation du général anglais John Burgoyne à Saratoga, qui avec dix mille hommes s'était rendu aux insurgés le 17 octobre 1777, encouragea la France à déclarer la guerre à l'Angleterre au début de l'année suivante.

 

Le 6 décembre 1777, le secrétaire du conseil d'Etat se rend à l'hôtel des commissaires américains et leur annonce par ordre du roi : « qu'après de longues et mûres délibérations sur leurs propositions, Sa Majesté avait résolu de reconnaître l'indépendance des Etats-Unis, de faire avec eux un traité de commerce et d'alliance ».

 

Sur le terrain, Washington rassembla ses troupes, mal équipées, après l’évacuation de Philadelphie à Valley Forge, au Nord-Ouest de Philadelphie pour y passer un hiver rigoureux.

Les soldats manquaient à peu près de tout, mais il fallut survivre, sans confort, sans rien.

 

« A la fin de l’hiver, en 1778, le Congrès me donna directement l’ordre d’aller au Canada avec 2 500 hommes et de reprendre le Canada à l’Angleterre, mais à mon départ, je me retrouve en face de 1200 hommes mal équipés et mal armés.

J’ai aussitôt prévenu le Congrès, avec le soutient de Washington, qu’il est impossible d’accomplir cette mission dans ces conditions.

Le Congrès a donc annulé l’expédition.

 

Mais, en mars 1778,  j’ai profité d’un rassemblement de tribus indiennes près de la frontière canadienne pour les rallier à la cause des insurgés et de conclure plusieurs alliances.

 

Le 6 février 1778, une alliance officielle est enfin conclue entre la France et le nouvel état d’Amérique.

L'amiral d'Estaing, à la tête d’une flotte d'une douzaine de bateaux, part pour venir nous soutenir.

 

Le 18 mai 1778, Washington m’envoie pour désorganiser, par une guerre de harcèlement, les lignes ennemies au nord de Philadelphie, ce qui conduit les Anglais à se retirer de cette ville.

Je remercie le congrès pour ses félicitations.

 

Le 11 janvier 1779, George Washington me missionne pour retourner en France pour 6 mois avec dans ma poche une lettre de Washington à Benjamin Franklin qui fut alors l’ambassadeur des Etats-Unis en France.

 Il faut à tout prix convaincre le Roi pour qu’il envoie à ses nouveaux alliés d’avantages de navires et d’hommes, un véritable corps expéditionnaire.

 

Je débarque à Brest le 6 février 1779 et je suis accueilli par des acclamations nourries, on me fête comme un héros.

Je profite de mon séjour en France pour rentrer à la maison, à l’hôtel de Noailles, auprès de ma femme Adrienne.

La sanction du Roi pour avoir désobéi à ses ordres  en quittant la France sans son consentement était finalement limitée à une dizaine de jours d'arrêts passée en famille.

 

Je profite surtout de mon séjour pour convaincre le Roi et les ministres d’envoyer des ressources en Amérique afin de soutenir l’indépendance.

Louis XVI m’a écouté et décide d’envoyer 6000 hommes sous les ordres du général de Rochambeau et une flotte de guerre d’une trentaine de navires sous les ordres de l’Amiral de Grasse.

Beaucoup de jeunes nobles veulent suivre mon exemple pour servir sous les drapeaux de la nouvelle république du Nouveau-Monde.

 

En 1779, l'Espagne suivra notre exemple et accorda son soutien à l'Amérique et elle se joint à nos vaisseaux. Pendant ce temps, la France réunissait, en Normandie, une armée prête à franchir la Manche.

La terreur envahit un moment Londres car on redoute la menace d'une invasion. 

 

En 1780, la Hollande entre aussi en guerre contre le Royaume-Uni.

 

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Le 10 mars 1780, mon nouveau vaisseau, la frégate « Hermione », où flotte le drapeau à fleur de lis, m’emmène avec mes compagnons aux Amériques sous les acclamations de la foule enthousiaste qui nous salue de ses cris de liberté, accompagnées par une salve de canons de l’Hermione.

 

A mon retour, je me retrouve directement sous les ordres de Washington en tant que général américain à la tête des troupes de Virginie.

Il me charge d’accueillir les forces françaises ».

 

Et là-bas la guerre continue …….

 

«  Rochambeau livre bataille contre les Anglais dans la région de New York tandis que moi je défends la Virginie contre  Lord Cornwallis et ses troupes quatre fois plus importantes que nous.

Nous harcelons et fatiguons les Anglais.

 

Entre-temps le comte et amiral de Grasse est arrivé dans la baie de Chesapeake avec d’importants renforts pour couper la retraite à Cornwallis et à réaliser un blocus.

Le 5 septembre 1781, l’amiral a repoussé victorieusement la Royal Navy anglaise lors de la bataille de la Chesapeake.

 

Le 13 septembre 1781, j’ai réussi à opérer notre jonction avec les troupes de George Washington comprenant le corps d’armée du comte de Rochambeau, commandant le corps expéditionnaire français de 6 000 hommes et une division américaine.

 

Cornwallis fut encerclé à Yorktown et la bataille décisive et glorieuse s’en suivit.

Ce verrouillage a permis aux alliés franco-américains de remporter, le 17 octobre 1781, la victoire de Yorktown qui conduisit à la capitulation de Cornwallis.

 

Après cette grande victoire, en tant qu’officier américain, je demande au congrès l’autorisation de rentrer en France pour retrouver ma famille et servir mon roi.

 

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Le congrès m’attribue la médaille de Cincinnati, me fait citoyen d’honneur des Etats-Unis et met à ma disposition une frégate, « l’Alliance », pour rentrer au pays.  

Je fus aussi nommé plus-tard, le 28 décembre 1784, citoyen du Maryland par l'Assemblée générale de cet état, ce qui me confère, de ce fait, la nationalité américaine.

 

Le 23 décembre 1781, après des adieux émouvants à Washington, je quitte Boston, sous les acclamations de la foule.

Je rentre donc en France en 1782 et je suis promu maréchal de camp.

En France, je garde un contact très étroit par courrier avec mes amis américains et je reçois à Paris les américains présents comme Benjamin Franklin en travaillant au rapprochement des deux gouvernements.

 

Avec Adrienne, ma femme, j’achète deux plantations à Cayenne en Guyane afin d’émanciper les esclaves noirs qui y travaillent.

A ce propos, je fais mon possible pour convaincre George Washington concernant l’émancipation des noirs américains.

 

Je l’ai aussi invité à venir en France, mais c’est lui qui va me persuader de revenir aux Etas-Unis.

C'est un voyage privé que je vais faire sur invitation de George Washington.

 

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Déjà en 1782, des préliminaires de paix se sont engagés et se sont finalisés le 5 septembre 1783 par le Traité de Paris qui met un terme à la guerre d'Indépendance américaine.

 

Je m’embarque le 1er juillet 1784 et j’arrive le 4 août 1784 à New York  acclamé par la foule qui m’accueille.

Après trois jours de réceptions, je pars faire un grand tour des provinces, partout accueilli avec le même enthousiasme.

De grands banquets me sont offerts à Baltimore, Philadelphie et Boston.

 

Puis je file directement à Mount-Vernon, la propriété de mon ami George, pour y passer 11 jours avec lui.

 

Je profite de mon séjour pour aller voir des amis, participer à des banquets et des fêtes, en étant acclamé à chaque fois sur mon parcours par des foules immenses.

 

Après mon séjour à Mount-Vernon, chez Washington, je remonte la rivière Hudson pour signer un traité de paix avec les indiens Hurons et Iroquois.

Puis mon voyage se poursuit par Boston, Chesapeake, Yorktown et Richmond.

 

Mais le temps est venu de rentrer en France et je quitte New York le 21 décembre 1784,

après avoir revu mon ami George Washington pour la dernière fois.

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Depuis 1881, j’ai suivi de près l’évolution des institutions américaines et je me suis forgé des idées sur ce que pourrait être les institutions françaises en discutant avec des esprits illuminés de mon temps comme Condorcet, La Rochefoucauld, Benjamin Constant, Germaine de Staël, Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et Thomas Paine.

 

Je reviens à Paris dans les derniers jours de 1785.

 

La reine Marie-Antoinette assistait alors à une fête à l'hôtel de ville de Paris et reconduira mon épouse, madame de La Fayette, dans sa propre voiture à l'hôtel de Noailles pour m’y rejoindre.

 

Le lendemain, je suis reçu à la cour pour y recevoir tous les hommages pendant plusieurs jours et je suis également accueilli en héros à Paris ».

 

Comme prévu au début de cet article, je zappe volontairement  la période franco-française depuis l’année 1786  jusqu’en 1824, date du dernier voyage en Amérique de La Fayette.

 

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« Pendant une période plus ou moins calme en France, le désir me prend d’aller revoir l'Amérique, terre de ma première gloire, pour revisiter le peuple américain que j’ai aidé dans la conquête de son indépendance.

 

Le congrès américain a été informé de mon désir et m’invite avec joie aux Etats-Unis.

Le 13 juillet 1824, il met à ma disposition un navire en partance du Havre. Je suis accompagné de mon fils et d'un secrétaire.

Je vais faire une tournée triomphale en Amérique dans 182 villes de juillet 1824 à septembre 1825.

 

Une flotte de neuf vaisseaux à vapeur, remplis à craquer par plus de six mille américains de tous âges, de tous sexes et de toutes conditions, m’attend dans le port de la baie de New York.

J’arrive le 16 août et je suis accueilli avec une ferveur incroyable par au moins les deux tiers des habitants de la ville.

Le vice-président des États-Unis en personne et l'ancien gouverneur du New Jersey me reçoivent à leur bord.

 

Un cortège impressionnant m’emmène à l'hôtel de ville

sous les acclamations d'une foule en délire et les salves des canons de l'artillerie. Tout le gratin et les ordres de l'État se pressent autour de moi pour me complimenter.

 

Cette première journée est clôturée par un immense banquet donné en mon honneur avec des illuminations et des feux d’artifice.

 

Je suis amené à visiter les états de New-York, du Massachusetts, de New Hampshire, de Pennsylvanie, de Baltimore, de Virginie, du Maryland, de Caroline du Nord et de Caroline du Sud, de la Géorgie et d'Alabama.

Je passe par les villes de Boston, de Portsmouth, de Newburgh, de Hudson, d’Albany, de Philadelphie, de Baltimore.

 

Les populations rurales venaient me voir de partout à la ronde.

 

Au siège du Congrès à Washington, c’est le président  de l’époque, James Monroe, qui me reçoit et donne en mon honneur un dîner spectaculaire auquel assistent tous les ambassadeurs étrangers, exception faite de ceux de France, du Royaume-Uni et de Russie.

Je suis très ému de visiter le tombeau de mon ami et « père » George Washington, sa maison et son jardin, à Mount-Vernon.

 

Je descends le fleuve Potomac et je fais escale à Yorktown, le théâtre d'une des actions les plus mémorables de la guerre d'Indépendance.

Il y a même un colonel présent qui me demande de m’installer aux Etats-Unis.

J’ai eu un accueil très cordial en visitant les tribus amérindiennes des Uchee-Cruk et des Line-Cruk.

 

J’ai été invité au congrès par le Président.

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                                                                                           Un ancien Président (Lol)                                                Lafayette en 1825

 

Le congrès  adopta une loi m’octroyant par le peuple américain 200 000 dollars et 12 000 hectares de terres en Floride, en récompense de mes services rendus aux Etats-Unis et en indemnité des dépenses que j’ai pu faire à titre personnel pour la guerre d’Indépendance.

 

L'université de Princeton me décerna un doctorat honoris causa, attribué en 1790.

 

Puis je visite Fayetteville, Charlestown, Savannah (avec la  pose de la première pierre d'un monument à la mémoire du général Greene), la Nouvelle-Orléans, Louisville, Cincinnati, Pittsburgh, Utica, Boston et New-York.

 

A Boston, le 17 juin 1825, devant 200 000 personnes présentes, j’ai posé la première pierre du bâtiment à la mémoire de la bataille de Bunker Hill lors de l’immense cérémonie d'anniversaire de celle-ci.

Et cela continue pendant 14 mois, les honneurs et l’amitié témoignés par les 24 états de l'Union.

Finalement je resterai bien en Amérique !

J’ai une nouvelle fois séjourné à Washington pendant quelques semaines chez le nouveau président, John Quincy Adams.

 

Mais la France et ma famille commencent à me manquer et je décide d’y retourner.

 

C’est le 7 septembre 1825 que je fais mes adieux aux ministres, à tous les chefs civils et militaires et à la foule de citoyens américains réunis dans l'hôtel du président.

 

Ce dernier, dans un long discours, va égrener ma vie et mon dévouement à la cause de la liberté américaine pendant quarante ans.

De mon côté, je glorifie cette Amérique républicaine en demandant à tous les états de rester unis.

Puis je quitte le pays sur la frégate la « Brandywine » pour rentrer au pays et je débarque au Havre le 5 octobre 1825.

 

Finalement tout le contexte politique de la France s'est favorablement modifié pendant ma longue absence.

 

Je vous ai livré ce résumé de mes aventures américaines, de mon rôle dans l'histoire de l'indépendance américaine en hommage à ce peuple que j’ai toujours admiré et défendu.

On m’a souvent traité d’idéaliste vaniteux qui a laissé passer, après la guerre d’indépendance des Etats-Unis, à plusieurs reprises, l’occasion de prendre le pouvoir en France et d’instaurer la république et être le premier président de la république française ».

 

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Voici la lette que La Fayette envoya le 7 juin 1777 à sa femme Adrienne :

 

« Défenseur de cette liberté que j'idolâtre, libre moi-même plus que personne en venant comme ami offrir mes services à cette république (des Etats-Unis) si intéressante, je n'y porte nul intérêt personnel.

Le bonheur de l'Amérique est intimement lié au bonheur de toute l'humanité.

Elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité et d'une tranquille liberté ».

 

Décès du Marquis de La Fayette

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                                                                                                   Tombe de La Fayette / cimetière Picpus - Paris

 

En janvier 1834, le dernier débat parlementaire auquel La Fayette assista fut la discussion de l'adresse au Trône.
Très vite, une maladie de la vessie s'est aggravée rapidement et a causé la mort de La Fayette.

Il meurt le 20 mai 1834, à l’âge de 76 ans, au 6 rue d'Anjou-Saint-Honoré actuellement le 8 rue d'Anjou dans le 8e arrondissement de Paris.

Le 22 mai, un cortège composé des deux chambres, des académies, de la garde nationale, des personnalités civiles, militaires et religieuses, des représentations étrangères en France et d’une foule immense suivit le cercueil jusqu’à l'église de l'Assomption.

Après le service religieux, La Fayette fut inhumé au cimetière de Picpus à Paris.

Des militaires de chaque corps des États-Unis portèrent les coins du drap mortuaire.

La Fayette fut inhumé à côté de sa femme selon ses désirs et la terre utilisée pour l'enterrer provient partiellement des Etats-Unis, terre qu’il a ramené dix ans auparavant lors de son dernier voyage.

 

Aux Etats-Unis, le Congrès américain lui décerna les mêmes honneurs funèbres qu'au président George Washington dans une salle tendue de noir en présence de tous les corps de l'État..

Un éloge du président John Quincy Adams, d’Edward Everett, de J. Upham et du général Tailmadge fut prononcé.

 

Aux États-Unis, on compte actuellement plus de 600 lieux qui se nomment La Fayette, en l’occurrence une montagne, sept comtés et quarante localités.

 

Le célèbre sculpteur, réalisateur de la statue de la liberté de New York, le Colmarien Auguste Bartholdi a sculpté une statue de La Fayette pour la ville de New York qui fut  inaugurée en 1876 et se trouve actuellement dans Union Square Park.

 

La ville de Washington possède un square à son nom devant la Maison-Blanche avec sa statue.

Lafayette Square est également le nom d'un parc de la ville de Los Angeles et de Saint-Louis.

 

Tous les ans, le 4 juillet, lors de l’anniversaire de la déclaration d'indépendance des États-Unis, l'ambassade des États-Unis en France dépose une gerbe de fleurs sur la tombe de La Fayette au cimetière de Picpus à Paris.

 

Le 8 août 2002, le marquis de La Fayette a été nommé, à titre posthume, au rang de citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique. Ce privilège très rare n'a été accordé auparavant que cinq fois.

 

Au mois de juin 2007, la frégate « La Fayette » de la Marine Nationale s'est rendue aux États-Unis dans le cadre de la commémoration du 250e anniversaire de la naissance du marquis de La Fayette.

Le 5 juin 2007, la frégate avait fait escale à La Nouvelle-Orléans et en compagnie du consul général de France une délégation d'une quarantaine de membres de l'équipage et son commandant s'est rendue dans la ville de Lafayette en Louisiane.

 

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L’Hermione   PHOTOS ROLAND ROTH

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L’Hermione est une réplique du vaisseau de guerre français qui servit de 1779 à 1793 et qui emmena La Fayette la deuxième fois en Amérique.

Il fut reconstruit dans l'ancien arsenal de Rochefort à partir de 1997 et son lancement a eu lieu le 7 septembre 2014.

 

Le 18 avril 2015, le navire partit pour les États-Unis qu'il atteint le 31 mai à Bodie Island en Caroline du Nord.

La première escale a eu lieu à Yorktown le 5 juin 2015 et d’autres s’en suivirent.

L’Hermione est revenue en France métropolitaine, à Brest, le 10 août 2015.

 

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Crédit photos : Wikipedia libre de droits & Roland ROTH

 

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  Un bon livre sur La Fayette !

                                                         

 

  THE END

 

 

 

 

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Date de dernière mise à jour : 05/04/2020