ANNE BONNY - LADY PIRATE
ARTICLE DE ROLAND ROTH
ANNE BONNY - LADY PIRATE
- Anne Bonny (ou Bonney) était une célèbre pirate connue pour son tempérament violent et ses combats féroces.
Elle opérait dans les Caraïbes avec le pirate « Calico Jack » Rackham et une autre femme pirate Mary Read.
Irlandaise de naissance, elle serait née vers 1700 à Cork en Irlande sous le nom d'Anne McCormac.
Elle était la fille illégitime d’un avocat nommé William McCormac et d'une servante, Mary Brennan, son employée.
Par la suite, la femme de William rendit public son adultère ce qui entraîna le déclin de ses affaires et McCormac s'installa à Londres en emmenant avec lui sa maîtresse et sa fille.
C’est là qu’il a commencé à habiller Anne comme un garçon et à l'appeler « Andy ».
McCormac les a ensuite emmenés dans les Carolines où il a abandonné le « Mc » de son nom irlandais pour se fondre plus facilement dans Charles Town (aujourd'hui Charleston).
Là-bas, son père a tenté de s'établir en tant qu'avocat, mais n'a pas réussi. Finalement, il se joignit à l'entreprise marchande plus rentable et accumula une fortune considérable.
La mère d'Anne est morte alors qu'elle n'avait que 12 ans.
Anne Bonny apparaît pour la première fois à Charleston en Caroline du Sud en 1710 sous les traits d’un garçon à l’âge de treize ans. Bien que fille d’un riche propriétaire, elle a l’air plutôt pauvre : ses cheveux roux coupés courts, le visage crasseux et des vêtements minables. Elle a la réputation d’être intelligente, avec un fort tempérament et particulièrement susceptible et elle s'emporte rapidement.
On raconte qu’à cet âge de treize ans elle poignarda une domestique avec un couteau de table, mais il s’agit peut-être d’une légende mensongère.
Environ cinq années plus tard, Anne Bonny fréquente les tavernes. On la voit dans les bras de différents boucaniers.
Certains racontent même qu’elle aurait publiquement déshabillé son maître d’armes avec son épée, bouton après bouton.
En 1718, Anne s'est enfuie avec un pauvre marin, un pirate de petite envergure nommé James Bonny, qu’elle a rencontré dans une taverne et qu’elle épousa.
Ce Bonny avait l’espoir de récupérer l’héritage d’Anne, le domaine de son beau-père, mais celle-ci a été reniée et déshéritée par son père car il s'opposait au mariage d'Anne avec James.
On raconte qu’Anne se serait vengée en incendiant la plantation de son père.
Puis, James et Anne se rendent alors sur l’île de New Providence, aux Bahamas connue comme un sanctuaire pour les pirates anglais à tel point qu'on l'a appelée la « République des pirates ».
Dès son arrivée, elle s’impose en privant d’un coup de feu un marin saoul de la seule oreille qui lui restait alors qu’il l’empêchait de passer.
Lorsque le gouverneur Woodes Rogers arriva à l'été 1718, James Bonny devint un informateur pour le gouverneur et commence à dénoncer des marins soupçonnés d’exercer des activités de contrebande ou de piraterie et ceci en échange d'un pardon pour ses faits illégaux passés.
Quand elle l'apprend, Anne, très déçue, décide de ne plus vivre avec son mari et va s’installer avec un autre pirate appelé Capitaine Jennings et avec sa maîtresse Meg.
Anne devient la maîtresse de Chidley Bayard, l’homme le plus riche de l’île.
Anne Bonny fait ensuite la connaissance de Pierre Bousquet, un pirate qui exploite à New Providence un restaurant et une échoppe de coiffeur et de tailleur de velours et de soie.
Apprenant qu’un navire marchand français chargé de marchandises précieuses s’approche de l’île, Anne Bonny et Pierre Bousquet organisent leur première expédition de pirates.
Avec l’aide d’amis de Pierre, ils volent le navire, le « Revenge » parmi les épaves stationnées au port, le remettent en état pour qu’il puisse naviguer et préparent leur stratégie.
Ils se couvrent de sang de tortue ainsi que les voiles et le pont.
Ils font de même avec un des mannequins habillé en femme pour l’occasion que Pierre utilise pour son activité de tailleur et le placent sur l’étrave (sous la proue).
Anne vient se tenir debout une hache ensanglantée à la main, au-dessus du mannequin.
Anne, Pierre et quelques autres pirates partent ainsi à l'abordage du navire marchand.
A New Providence, le gouverneur Woodes Rogers tente d’anéantir la piraterie en offrant des pardons royaux à tous les pirates qui promettaient de stopper leurs activités.
Mais Anne refuse, car elle sait qu’elle sera condamnée pour l’incendie de la plantation de son père.
Elle se joint alors à Pierre et aussi à Jack « Calico » Rackham qui ont également refusé de se soumettre.
Pendant son séjour aux Bahamas, Anne Bonny a commencé à fréquenter les pirates dans les tavernes locales où elle a rencontré John « Calico Jack » Rackham, cet ancien capitaine d'un bateau pirate.
Déçue par son mariage avec James Bonny, elle s'est mise avec Rackham qui a proposé de payer son mari pour divorcer d'elle (une pratique courante à l'époque) mais James Bonny a refusé.
Mais James avertit le gouverneur de l’affaire. Celui-ci condamne Anne Bonny au fouet et lui ordonne de rester avec son époux.
Anne était déterminée et partit avec Rackham en août 1720 l’aidant à réquisitionner un sloop « le Seahorse » et, avec un nouvel équipage, forçaient avec ruse le blocus que le gouverneur Rogers a installé dans le port. Ils commencèrent à pirater des navires marchands le long de la côte de la Jamaïque.
La décision de Rackham d'avoir Bonny sur son bateau était très inhabituelle car les femmes étaient considérées comme de la malchance à bord des navires.
Bonny n'a pas caché son sexe à ses camarades de bord, bien que lors des pillages elle se soit déguisée en homme et se fait d’ailleurs désormais appeler Adam Bonny.
Lorsque son véritable sexe est découvert par un pirate, elle le tue froidement. Enfin, elle aurait jeté Rackham hors de ses quartiers afin d’y résider seule, alors que Rackham était son supérieur.
Une autre version existe : Anne Bonny et Rackham seraient devenus amants et ils auraient eu ensemble un enfant, un fils, qu’ils auraient par la suite abandonné, ou donné à un couple d'ami, à Cuba. On ne sait pas ce qu'est advenu du garçon.
Bonny retourna rapidement à la vie de pirate.
Rackham et son équipage ont fait escale à de nombreuses reprises à New Providence et c’est au cours d’une de ces escales qu’Anne rencontre
Mary Read, une autre femme pirate qui se déguisait elle aussi en homme et se faisait appeler Willy Read.
Les deux femmes sympathisent rapidement et on leur prête même une liaison amoureuse qui aurait rendu jaloux Rackham qui pensait alors qu’Anne était une femme et Mary Read un homme et ceci créa un bon nombre de tensions à bord du navire « Revenge », volé alors à l'ancre dans le port de Nassau.
Rackham aurait été jusqu’à menacer de trancher la gorge de Mary Read.
On ne sait pas exactement comment Rackham a découvert le véritable sexe de Mary Read.
Certains racontent qu’il l'aurait surprise dans des ébats amoureux un soir dans la chambre d’Anne. D'autres disent que ce récit ne serait fondé que sur des fantasmes.
Dans tous les cas, Mary Read arrête bientôt de se faire appeler Willy, mais les deux femmes restent inséparables et vivent comme un couple, s’habillant indifféremment en homme ou en femme.
Les pirates ont ensuite recruté un nouvel équipage et se sont lancés dans la piraterie avec succès au cours des mois suivants, capturant plusieurs petits navires et conservant la cargaison.
Peu de temps après, plusieurs bâtiments de guerre britanniques sont envoyés à leur poursuite suite au décret du 5 septembre 1720 du gouverneur des îles Bahamas qui déclare que Jack Rackham et son équipage dont Anne Bonny et Mary Read doivent être capturés et jugés.
Mais Rackham, Anne Bonny et Mary Read n’étaient pas impressionnés pour autant.
Plus téméraires et féroces que jamais, ils attaquent et capturent sans relâche les navires qui passent à portée de canon.
L’un de ces navires est le « Royal Queen », appartenant à Chidley Bayard, l’ancien amant d’Anne Bonny et commandé par le capitaine Hudson.
Anne Bonny parvient à séduire Hudson et à le convaincre de la prendre avec lui à bord de son navire.
Une fois à bord, elle réussit à éviter de passer la nuit avec lui en le droguant. Elle asperge alors avec de l’eau toutes les mèches destinées aux canons et retourne avec les pirates.
Le jour suivant, le « Revenge » engage le combat avec le « Royal Queen » alors incapable de riposter.
La bataille fait une seule victime : Mary Read tue le Capitaine Hudson.
Lorsqu'elle était au combat, Anne participait à ceux-ci aux côtés des hommes et les récits de ses exploits la présentent comme compétente, efficace et respectée par ses camarades de bord.
Bien qu'elle soit devenue célèbre en tant que pirate des Caraïbes, elle n'a jamais commandé son propre navire.
La réputation de Bonny est finalement devenue si renommée que le gouverneur Rogers l'a nommée dans une circulaire « Wanted Pirates » publiée dans le journal le Boston News-Letter.
Le 21 octobre 1720 (ou le 15 novembre), Rackham, Anne Bonny et Mary Read et son équipage sont attaqués par le capitaine Jonathan Barnet, un ancien pirate devenu commandant dans la marine britannique et qui travaille pour le Gouverneur de la Jamaïque.
Le navire de Rackham était ancré dans le port.
La plupart des pirates de Rackham opposèrent peu de résistance car beaucoup étaient trop ivres pour se battre.
Ils ont fait la fête toute la nuit parce qu'ils avaient capturé un navire commercial espagnol.
Anne Bonny et Mary Read sont alors écœurées de voir les pirates n’opposer que très peu de combativité.
Les deux femmes se battirent férocement et repoussèrent brièvement les troupes de Barnet.
Il faut plus d’une heure de combat avant que les deux femmes submergées rendent les armes, seules face aux troupes de Barnet.
Elles, Rackham et son équipe ont été emmenés prisonniers en Jamaïque pour comparaître devant un tribunal.
Lorsque la rumeur a circulé que des femmes pirates faisaient partie de l'équipage, le procès a fait sensation.
Le capitaine Rackham et les membres masculins de son équipage furent jugés le 16 novembre 1720.
Ils ont été condamnés à la pendaison.
Anne fut autorisée à rendre visite à Rackham une dernière fois avant son exécution, mais plutôt que de le consoler, elle déclara :
« Si tu t'étais battu comme un homme, tu n'aurais pas dû être pendu comme un chien. »
Anne et Marie furent jugées une semaine après l'exécution de Rackham et de ses hommes.
Après avoir été condamnées, Read et Bonny ont toutes les deux demandé la miséricorde pour éviter la pendaison en plaidant la grossesse.
Selon la « common law », une loi du droit anglais, les deux femmes ont bénéficié d'un sursis temporaire à l'exécution jusqu'à ce qu'elles accouchent.
Il est fort probable qu’en réalité aucune des deux femmes n’était enceinte.
Mais Mary Read meurt quelques semaines plus tard en prison de la fièvre jaune en 1721.
En revanche le sort d'Anne Bonny est inconnu, on ne sait pas avec certitude ce qu’il advint d’elle.
La veille de Noël, le gouverneur la gracie, donc sa peine de prison est annulée. Elle quitte la prison et disparait complètement des documents officiels après cet épisode.
Bien qu'il n'y ait aucune trace de la libération de Bonny, on dit que son père a acheté sa liberté au gouverneur jamaïcain Lawes et qu'elle est retournée à Charleston où elle a donné naissance à l'enfant de Rackham.
Par la suite, les histoires varient sur la façon dont elle a vécu le reste de sa vie.
Une histoire raconte qu'elle s'est remariée en 1721 avec un homme nommé Joseph Burleigh avec qui elle a eu huit enfants et serait morte le 25 avril 1782 en Caroline du Sud.
D'autres disent qu'elle s'est installée dans une vie de famille tranquille sur une petite île des Caraïbes ou qu'elle a vécu sa vie dans le sud de l'Angleterre où encore elle possédait une taverne et régalait les habitants avec des histoires de ses exploits.
Une autre histoire raconte que son père l'a mariée à un fonctionnaire jamaïcain et qu’elle a changé son nom en Annabele et a eu huit enfants et serait morte à l'âge de 88 ans.
La vérité reste inconnue.
Date de dernière mise à jour : 04/05/2025