LE KETCHUP

LE KETCHUP
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ORIGINES, EVOLUTION & CULTURE 
Le ketchup est un condiment qui suscite un attachement universel.
Au fil des siècles, il est passé d’une sauce de poisson fermentée à un produit de consommation de masse.
Ce voyage gustatif raconte aussi l'histoire des échanges culturels, de l'industrialisation alimentaire et de la globalisation.
Origines asiatiques du ketchup (3ème–16ème siècle). 
Le ketchup trouve ses racines dans les sauces fermentées d’Asie, bien avant l'apparition du ketchup à la tomate moderne.
Le mot "ketchup" provient probablement du terme hokkien "kê-tsiap", qui désignait une sauce fermentée à base de poisson.
Cette sauce était populaire en Chine du Sud, notamment dans la région de Fujian et servait d’assaisonnement pour relever le goût des plats.
Chine et Asie du Sud-Est 
Dès le 3ème siècle, des textes chinois mentionnent des sauces fermentées obtenues à partir de poissons, de soja, de sel et parfois de riz ou de vin de riz. Ces sauces étaient conservées pendant plusieurs mois dans des jarres, ce qui leur donnait un goût intense, salé et umami.
Leur rôle principal était de conserver les aliments et de masquer les odeurs de viandes ou poissons en voie de décomposition, à une époque sans réfrigération.
Au fil des siècles, ces sauces fermentées se diversifient : certaines sont faites uniquement avec du soja, d’autres avec des crevettes fermentées ou du poisson, comme le "nam pla" thaïlandais ou le "nuoc mam" vietnamien.
Le "kê-tsiap" se répand le long des routes commerciales maritimes d’Asie du Sud-Est, notamment en Malaisie, en Indonésie et aux Philippines, grâce aux marchands chinois et arabes.
Ainsi, le ketchup naît comme un produit issu de la rencontre entre cultures culinaires asiatiques et européennes, un exemple précoce de mondialisation gastronomique, bien avant sa transformation ultérieure à base de tomates.
Le ketchup de poisson : kê-tsiap chinois et influences malaises
L’histoire du ketchup commence bien loin des champs de tomates occidentaux. Son ancêtre direct, le kê-tsiap (湯海), était une sauce fermentée à base de poisson, originaire des régions côtières du sud-est de la Chine.
Ce condiment fut un produit clé dans le commerce maritime asiatique entre le IIIème et le XVIème siècle.
Origines chinoises du kê-tsiap
Les Chinois produisaient cette sauce à partir de poisson (souvent d’anchois ou de maquereaux), de sel, d’eau et parfois d’herbes et épices.
Elle fermentait plusieurs semaines dans des jarres en terre cuite, donnant une sauce sombre, salée et très aromatique, utilisée pour rehausser les plats de riz ou de légumes.
Cette sauce était précieuse, conservable longtemps et facile à transporter par bateau.
Les marchands chinois l’emportaient lors de leurs voyages vers l’Asie du Sud-Est où elle fut adoptée et adaptée.
Influences malaises et diffusion en Asie du Sud-Est
Dans l’archipel malais (aujourd’hui Malaisie, Indonésie), les versions locales du ketchup de poisson prirent des formes variées, utilisant parfois des crustacés ou des poissons différents.
On parle alors de kecap ikan ou de kicap, termes encore utilisés aujourd’hui. Ces sauces étaient également fermentées et souvent épicées, mêlant saveurs marines et parfums exotiques.
L’influence mélange alors traditions chinoises, malaises et indonésiennes, créant une palette de sauces qui s’échangeront sur les routes commerciales maritimes.

Arrivée en Europe 
Adaptations anglaises (17ème–18ème siècle)
Les marins et marchands britanniques, portugais et hollandais du XVIIème siècle découvrent ces sauces locales dans les ports asiatiques lors de leurs escales en Indonésie, sur l’île de Java ou à Sumatra.
Fascinés par leur goût puissant et leur capacité de conservation, ils commencent à les importer en Europe et de les reproduire localement.
Ne pouvant conserver ou produire les ingrédients exacts, les Européens tentent d’imiter le "kê-tsiap" en utilisant des produits disponibles localement.
Ainsi, le terme ketchup commence à apparaître dans la langue anglaise vers 1680, désignant ces sauces exotiques, alors sans tomate.
Faute d’ingrédients exotiques, les Anglais réinventent la sauce avec des produits locaux. Le vinaigre devient l’agent conservateur principal.
Les livres de recettes commencent à inclure le "catchup" ou "catsup", souvent préparé à base de champignons.
La recette évolue rapidement en Europe, utilisant d’autres ingrédients fermentés à base d’anchois, de noix, de champignons fermentés, de vin ou de vinaigre, posant les bases du ketchup occidental.
Cependant, la sauce de poisson asiatique reste la matrice fondatrice de ce condiment mondialement connu aujourd’hui.
Ces sauces sont souvent très salées, sombres et servent d’assaisonnement pour les viandes ou poissons.
En somme, le kê-tsiap chinois et ses dérivés malais furent des produits clés de la gastronomie maritime asiatique, mais aussi le point de départ d’une longue évolution qui transformera un jus de poisson fermenté en ketchup sucré à la tomate.
Premiers ketchups aux champignons, noix et fruits. 

Le ketchup devient une catégorie de sauces, pas nécessairement à la tomate. La variété aux champignons devient très populaire pour son goût umami.
Les recettes incluent des clous de girofle, cannelle, poivre et parfois du brandy.
Ces ketchups sont servis avec viandes rôties, gibiers et poissons.
L’évolution vers le ketchup à la tomate (18ème–19ème siècle)
La tomate, originaire d’Amérique, gagne peu à peu la confiance des Européens.
En Amérique, les tomates sont plus rapidement adoptées.
James Mease publie la première recette de "tomato ketchup" en 1812, utilisant des tomates, des épices et du brandy.
Le ketchup à la tomate gagne en popularité au cours du XIXe siècle.
Industrialisation : Heinz et la standardisation (fin 19e siècle)

La fin du 19e siècle marque un tournant majeur dans l'histoire du ketchup avec l'industrialisation de sa production et la standardisation de sa recette.
Cette période voit l'émergence de grandes entreprises agroalimentaires, dont H. J. Heinz Company, qui joue un rôle décisif dans la transformation du ketchup artisanal en produit de consommation de masse.
Au début du 19e siècle, le ketchup est souvent fabriqué maison ou par de petits producteurs.
Il contient parfois des conservateurs nocifs comme le benzoate de sodium et sa saveur varie considérablement.
L'absence de réglementation sanitaire pose des problèmes de sécurité alimentaire, notamment dans les grandes villes américaines en pleine expansion.
L’industrialisation naissante et la réforme sanitaire incitent les entreprises à adopter des processus de fabrication plus sûrs, hygiéniques et standardisés. L’objectif est d’offrir un produit stable, au goût constant et sans danger pour le consommateur.
Heinz : pionnier de l’industrie agroalimentaire
Henry Heinz, de son nom complet, Henry John Heinz, né le 11 octobre 1844 est né à Birmingham en Pennsylvanie et il est décédé le 14 mai 1919.
Ses parents, John Henry Heinz (1811-1891) et d'Anna Margaretha Schmidt (1822-1899) étaient originaires de Kallstadt dans le Palatinat en Allemagne.
Il était un entrepreneur américain célèbre pour avoir fondé la H.J. Heinz Company.
Il est surtout connu pour ses innovations dans l'industrie alimentaire, notamment la création de la recette originale du ketchup à base de tomates.
Son entreprise est devenue le plus grand transformateur de tomates au monde avec une présence internationale dans plus de 200 pays.
Il est reconnu pour sa vision d’entrepreneur et son engagement envers la qualité des produits.
En 1869, Henry a 25 ans et vit à Pittsburg en Pennsylvanie lorsqu'il commence à vendre la sauce au raifort de sa mère.
Henry John Heinz fonde ensuite son entreprise en 1869 à Pittsburgh, en Pennsylvanie.
Il commence par produire du raifort, puis le Tomato Ketchup Heinz est lancé aux Etats-Unis en 1876 sous le nom de "Catsup", issu d'une recette secrète comprenant seulement cinq ingrédients dont des tomates.
Fort de son succès, le produit est ensuite commercialisé à Londres au Royaume-Uni par le grand magasin Fortnum & Mason.
Heinz développe une recette sans conservateurs chimiques, utilisant du vinaigre, du sucre, du sel et des tomates bien mûres.
Pour assurer la conservation, il mise sur l’acidité du vinaigre, la stérilisation et l’utilisation de bouteilles en verre clair qui permettent aux consommateurs de vérifier la qualité du produit.

En effet, il refuse d'utiliser des bouteilles marrons et opaques qui étaient à l'époque couramment utilisées pour masquer les ingrédients frelatés.
A contraire, il utilise des bocaux transparents pour mettre en avant la pureté et la qualité des produits Heinz.
Heinz réalise rapidement que la confiance du public repose sur la transparence et l’uniformité. Il développe ainsi un design iconique de bouteille, adopte des pratiques d’hygiène exemplaires dans ses usines et lance des campagnes publicitaires mettant en avant la pureté de ses produits.
La recette de Heinz devient la norme : sucrée, épaissie, avec une texture lisse et un goût acidulé. Cette standardisation permet une production à grande échelle, avec une durée de conservation prolongée, idéale pour la distribution nationale et internationale.
Heinz introduit également le concept de "57 variétés" pour marquer la diversité de ses produits, bien que cette mention soit principalement marketing.
L'iconique « number 57 » est né en 1896 lorsque Heinz tombe sur une pub pour une marque de chaussures qui vante les 21 modèles de sa gamme. Henry s'en inspire alors et crée son fameux slogan "57 Variétés" en combinant le 5, son chiffre fétiche et le 7, celui de sa femme.
Le ketchup devient un symbole de qualité et un produit emblématique du progrès industriel américain.
Dans les années 1890, Heinz distribue ses produits dans les grandes villes américaines, mais aussi à l’international, notamment au Royaume-Uni et en Europe.
Le ketchup s'impose alors comme un condiment incontournable dont la production et le goût sont standardisés grâce à l'innovation industrielle et à la stratégie commerciale de Heinz.
Le ketchup aux États-Unis : un succès populaire
Le ketchup, né dans les ports de l’Asie ancienne, métamorphosé par des siècles d’évolution culturelle, culinaire et industrielle, est devenu bien plus qu’un simple condiment. Il est aujourd’hui un produit emblématique de la mondialisation alimentaire, associé tant à la cuisine populaire qu'à l’identité culturelle américaine.
Un vecteur de la culture américaine
Le ketchup s’est imposé au 20ème siècle comme un symbole de la culture de consommation américaine, notamment par son association avec le fast-food. Servi avec des hamburgers, des frites ou des hot-dogs, il est omniprésent dans les restaurants, cafétérias et foyers ainsi que dès les années 1920 dans les cinémas, qui proposent des hot-dogs avec ketchup.
Les marques emblématiques comme Heinz ont contribué à forger cette image, répandant le ketchup bien au-delà des frontières des États-Unis.
Il devient un produit standardisé que l'on retrouve dans les rayons de supermarchés de Seoul à Dakar, de Rio à Pekin. Cette présence globale reflète l’influence des pratiques alimentaires américaines, mais aussi l’adaptation locale et la capacité du ketchup à s’intégrer dans des cuisines très diverses.
L'histoire du ketchup aux États-Unis est indissociable de celle de l'industrialisation alimentaire.
Avec sa devise "Pure Food, Pure Products", Heinz met l’accent sur la qualité, la sécurité alimentaire et la standardisation.
Heinz développe une distribution nationale efficace qui comprend des démonstrations en magasin, des échantillons gratuits et des campagnes publicitaires dans les journaux.
Pendant la Grande Dépression (1929–1939), le ketchup reste abordable et devient un moyen pour les familles modestes d'ajouter du goût aux aliments simples comme les frites, les pommes de terre bouillies ou les haricots. Certaines familles l'utilisent même comme base de sauce pour pâtes.
Durant les années 1950, l’essor des fast-foods, notamment McDonald's et Burger King, consacre le ketchup comme condiment national. Il est utilisé en grande quantité, souvent distribué gratuitement dans des dosettes plastiques.
Le ketchup devient aussi un symbole d'enfance et de nostalgie, étroitement associé aux hamburgers, frites et nuggets.
Heinz innove avec les dosettes individuelles, les bouchons anti-goutte et lance des campagnes publicitaires télévisées mettant en avant des familles et des scènes de pique-nique.
Au fil du temps, d'autres marques cherchent à concurrencer Heinz :
Hunt's, Del Monte et même des marques de distributeurs.
Dans les années 1980 et 1990, le ketchup devient si populaire que des produits dérivés apparaissent : chips aromatisées au ketchup, bonbons, même des glaces expérimentales.

Dans les cantines scolaires, le ketchup est parfois considéré comme un substitut aux légumes, provoquant des débats nationaux sur la nutrition. Certains établissements tentent de le limiter, mais la demande des enfants reste forte.
Aujourd’hui, le ketchup aux États-Unis est un marché de plusieurs milliards de dollars. Heinz y domine toujours avec plus de 60 % de parts de marché, mais l’émergence de ketchups bio, locaux, épicés ou sans sucre montre que les goûts évoluent, tout en maintenant le ketchup comme pilier de la culture alimentaire américaine.
Le ketchup pendant les guerres mondiales
Les guerres réduisent la production mais renforcent la popularité du ketchup. Les soldats américains en consomment sur le front.
Le ketchup est synonyme de "goût de la maison".
Des versions militaires sont produites pour les rations.
Publicité et marketing (20ème siècle)
Heinz utilise des campagnes originales : publicités dans les journaux, étiquettes numérotées ("57 varieties"), bouteilles en verre reconnaissables. Les publicités insistent sur l'hygiène, la saveur naturelle, la tradition familiale. La bouteille en verre, difficile à vider, devient iconique.
Ketchup, fast-food et restaurants : McDonald's, Burger King, etc...
Le ketchup joue un rôle central dans l’essor des chaînes de restauration rapide aux États-Unis et dans le monde.
Dès les années 1950, l’émergence de fast-foods comme McDonald's, fondé en 1940 mais popularisé après son rachat par Ray Kroc, intègre le ketchup comme ingrédient essentiel dans les menus.
Les hamburgers, les frites et les nuggets sont systématiquement accompagnés de ketchup, soit en dosette, soit directement sur les aliments. Heinz devient alors le fournisseur principal de ketchup pour McDonald's pendant plusieurs décennies.
L'utilisation du ketchup dans les fast-foods ne se limite pas à l'accompagnement : il est aussi incorporé dans les recettes, notamment dans les sauces spéciales (comme la sauce Big Mac).
Le ketchup devient un standard et les clients s’attendent à sa présence dans tous les restaurants.
Burger King, créé en 1954, suit une trajectoire similaire.
Le ketchup y est présent dans tous les hamburgers classiques et servi à volonté avec les frites.
Les deux enseignes participent à populariser l’usage du ketchup dans les pays où ils s’implantent, contribuant à la mondialisation du condiment.
Dans les années 1980, la demande croissante pousse Heinz à développer de nouveaux formats de distribution pour les fast-foods : les sachets souples, les dosettes en plastique dur avec opercule et plus tard les bouchons anti-goutte sur les bouteilles de table.
Les innovations permettent une distribution plus hygiénique, rapide et économique.

Au début des années 2000, une rupture survient : McDonald's décide de cesser sa collaboration exclusive avec Heinz, suite à des divergences stratégiques. McDonald’s développe alors sa propre marque de ketchup ou se fournit localement. Néanmoins, le ketchup reste un produit phare des menus.
Aujourd'hui, les fast-foods américains proposent souvent plusieurs types de ketchup : classique, épicé, bio, ou réduit en sucre.
Cette diversification répond à une clientèle plus exigeante sur la santé et le goût.
Le ketchup continue de représenter un symbole de la restauration rapide et un vecteur de la culture américaine à travers le monde.
Le ketchup dans la culture populaire
Des films comme "Pulp Fiction" ou "Goodfellas" utilisent le ketchup comme élément de réalisme.
Il est aussi utilisé comme faux sang au cinéma.
Le ketchup symbolise l’Amérique pop, l’enfance, l’abondance.
Variétés modernes : bio, épicé, allégé ....
Des versions plus saines émergent : sans sucre ajouté, sans conservateurs, avec des épices naturelles. Le ketchup devient aussi gourmet : truffe, chipotle, curry.
Des marques artisanales apparaissent pour concurrencer Heinz.
Le ketchup dans le monde : adaptations locales !
Si le ketchup trouve ses origines en Asie et devient un produit de masse aux États-Unis, son expansion mondiale entraîne de nombreuses adaptations locales en fonction des goûts, des traditions culinaires et des contextes culturels.
En Europe
En Europe, le ketchup est adopté dès le début du XXe siècle, principalement dans les pays anglo-saxons comme le Royaume-Uni où il devient rapidement un accompagnement classique pour les fish and chips.
En Allemagne, le ketchup est intégré dans la fameuse Currywurst où il est mélangé avec de la poudre de curry pour créer une sauce emblématique.
La France, plus réservée, intègre progressivement le ketchup surtout dans la restauration rapide et auprès des enfants.
Dans les pays nordiques, le ketchup accompagne souvent des plats simples comme les saucisses, les boulettes de viande et même certaines tartes salées. En Italie, malgré la prédominance des sauces tomates traditionnelles, le ketchup est parfois utilisé comme condiment, notamment dans les snacks et les pizzas industrielles.
En Asie
En Asie, le ketchup fait un retour transformé.
Aux Philippines, il existe un ketchup à la banane (banana ketchup), inventé pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de la pénurie de tomates.
Cette version sucrée et épicée, souvent colorée en rouge, est aujourd'hui un produit de consommation courante.
Au Japon, le ketchup est intégré dans des plats populaires comme l'omurice (omelette farcie au riz) ou les spaghettis Napolitan, un plat de pâtes sautées avec ketchup, jambon et oignons.
En Chine, le ketchup est souvent sucré et utilisé pour accompagner des plats frits ou comme base pour des sauces aigres-douces.
En Amérique latine
En Amérique latine, le ketchup est très populaire, mais il existe souvent des variantes plus sucrées ou légèrement épicées.
Au Mexique, il est parfois mélangé avec du piment pour accompagner des snacks ou des viandes grillées.
En Argentine et au Brésil, il est largement utilisé dans les sandwiches, hamburgers et plats à emporter.
En Afrique
En Afrique, le ketchup est présent dans de nombreux pays, souvent importé mais parfois produit localement.
Il est consommé avec des frites, des viandes grillées ou comme ingrédient dans des marinades.
Dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest, des sauces inspirées du ketchup sont élaborées avec des tomates locales, des épices et du sucre, adaptées aux goûts locaux.
Personnalisation 
Les grandes marques, notamment Heinz, adaptent leurs recettes aux marchés locaux.
Par exemple, en Inde, le ketchup est souvent végétarien certifié, légèrement épicé, et peut être fabriqué sans oignon ni ail pour respecter certains régimes alimentaires.
En Russie, le ketchup est parfois enrichi d’herbes comme l’aneth.
Cette adaptation locale permet au ketchup de devenir un produit universel tout en respectant les goûts spécifiques de chaque culture.
Ainsi, le ketchup a su se mondialiser sans perdre sa capacité à s'adapter, devenant un produit interculturel à la fois familier et unique selon les contextes.
Débats nutritionnels : sucre, conservateurs
Le ketchup est critiqué pour sa teneur en sucre, en sel et en additifs.
Des études pointent sa contribution à l’obésité infantile.
Certains établissements scolaires limitent sa consommation.
Alternatives au ketchup : sauce barbecue, sriracha
La sauce barbecue, la moutarde au miel, la sriracha et d’autres sauces épicées concurrencent le ketchup.
Les consommateurs cherchent des saveurs nouvelles, moins sucrées, plus complexes.
La sauce sriracha est une sauce piquante thaïlandaise.
C'est une pâte faite de piments, de vinaigre distillé, d'ail, de sucre et de sel. La sauce sriracha de Huy Fong Foods (Rooster sauce), fabriquée à Irwindale en Californie est largement distribuée aux États-Unis, tandis qu'en Europe on trouve surtout le Tabasco ou la marque thaïlandaise Flying Goose.
Ketchup artisanal et gastronomie
Des chefs conçoivent des ketchups maison : à base de betteraves, carottes, prunes.
Ces sauces cherchent à redonner ses lettres de noblesse au ketchup en l’intégrant à des plats gastronomiques.
Fabrication moderne : processus industriel
Aujourd’hui, la fabrication du ketchup repose sur un processus industriel hautement automatisé, visant à garantir la qualité, la sécurité alimentaire et la constance du produit à grande échelle.
Les grandes entreprises comme Heinz, Hunt’s, ou des marques distributeurs suivent des procédures rigoureuses, alliant technologie avancée, normes sanitaires strictes et optimisation logistique.
Matières premières
Le ketchup moderne est principalement composé de tomates, de vinaigre, de sucre, de sel, et d’épices.
La qualité des tomates est essentielle. Elles sont souvent cultivées spécialement pour leur teneur en pectine naturelle (qui donne l’épaisseur), leur faible teneur en eau et leur goût concentré.
Tomates : Utilisation de tomates fraîches pendant la saison de récolte ou de concentré de tomates (double ou triple concentré) hors saison.
Vinaigre : Principal agent de conservation naturel.
Sucre et sirop de maïs : Édulcorants servant à contrebalancer l’acidité et donner sa douceur au ketchup.
Épices : Mélange variable selon la marque (girofle, cannelle, oignon en poudre, ail, piment doux).

Phases de production
Réception et préparation : Les tomates sont lavées, triées, puis transformées en purée ou concentré. Les autres ingrédients sont préparés parallèlement.
Mélange : Tous les ingrédients sont introduits dans de grandes cuves en acier inoxydable. Un mélange homogène est obtenu par agitation contrôlée, parfois sous vide pour éviter l’oxydation.
Cuisson et pasteurisation : Le ketchup est chauffé à environ 85°C pour éliminer les micro-organismes. Ce chauffage active aussi la pectine naturelle des tomates donnant la texture finale.
Filtration et dégazage : Le produit est filtré pour éliminer les impuretés et dégazé pour retirer les bulles d’air qui pourraient altérer la conservation ou l’apparence.
Conditionnement : Le ketchup chaud est versé dans des contenants stérilisés (bouteilles en verre, plastiques ou sachets souples). Les machines opèrent rapidement pour sceller hermétiquement les contenants et éviter toute contamination.
Refroidissement et entreposage : Les contenants sont refroidis, étiquetés et stockés avant distribution. Des tests de qualité sont réalisés sur chaque lot : goût, texture, couleur, acidité.
Innovations et durabilité
Les producteurs intègrent aujourd’hui des technologies écologiques : réduction de l’eau, recyclage des déchets de tomates (pépins, peaux), énergies renouvelables dans les usines.
Le ketchup et la politique ("freedom fries")
En 2003, lors de tensions avec la France, des Américains rebaptisent les "French fries" en "Freedom fries".
Heinz est perçu comme un symbole américain. Le ketchup devient également un outil de diplomatie commerciale.
Conclusion :
Le ketchup traverse les époques et les continents.
D’origine asiatique, il est devenu un produit mondial, symbole de la culture américaine.
Toujours évolutif, il continue d'accompagner les repas de milliards de personnes.
Malgré sa standardisation, le ketchup n’a cessé de se diversifier. Il existe aujourd’hui des variantes biologiques, sans sucre, épicées, ou encore à base d’autres fruits et légumes (betterave, mangue, curry, etc.).
De plus, l’essor des cuisines fusion et de la gastronomie moderne a redonné un souffle créatif au ketchup qui trouve sa place dans des plats revisitant les classiques ou explorant de nouvelles textures et saveurs.
Le ketchup incarne ainsi la synthèse d’un long voyage historique : de sauce fermentée asiatique à condiment sucré-acidulé mondialement consommé.
Il témoigne de la façon dont les produits alimentaires voyagent, se transforment et prennent une signification sociale, économique et culturelle.
Symbole de l’industrie agroalimentaire, du confort domestique, mais aussi de l’homogénéisation alimentaire, le ketchup reste un objet de débats, de fascination et parfois de dérision.
Pourtant, sa popularité ne se dément pas.
Que ce soit dans un restaurant de luxe ou un snack de rue, sur une table familiale ou dans un repas scolaire, le ketchup demeure l'un des condiments les plus universels et reconnaissables au monde.
En cela, il reflète notre époque : globalisé, adapté, standardisé, mais aussi porteur d’histoires multiples et de goûts partagés.

Date de dernière mise à jour : 17/09/2025

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