MASSACRE DE WOUNDED KNEE
ARTICLE DE ROLAND ROTH
( THE FINAL CLASH )
LE MASSACRE DE WOUNDED KNEE
Le massacre de Wounded Knee est une intervention militaire (ou plutôt un massacre) qui s'est déroulée le 29 décembre 1890 à Wounded Knee dans le Dakota du Sud.
Il existe plusieurs versions de ce massacre par l’armée américaine.
Voici le déroulement de cette triste histoire américaine !
Dans les années qui ont précédé le conflit, le gouvernement américain et les colons avaient continué de s'emparer des terres des Sioux Lakota.
Les promesses du traité visant à protéger les terres des réserves contre l'empiètement des colons et des mineurs d'or n'ont pas été mises en œuvre comme convenu et avait incité à des troubles dans les réserves indiennes.
Tout commença vraiment en février 1890 quand le gouvernement des États-Unis avait rompu un traité passé avec les Indiens Lakotas en divisant la Grande Réserve Sioux de l'État du Dakota du Sud en cinq réserves dont la totalité des territoires est plus petite.
Cela a été fait conformément à la politique affichée du gouvernement qui était : « de rompre les relations tribales et d’obliger les Indiens à se conformer au mode de vie de l'homme blanc, pacifiquement si possible ou sinon par la force ».
Une fois ces réserves fractionnées créées, les tribus sont séparées en unités familiales sur des parcelles de terrain d’environ 130 hectares.
Suite à la grande sécheresse, les récoltes de 1890 ne peuvent pas assurer l’alimentation des tribus Sioux. En plus, le gouvernement a aussi réduit les rations de moitié aux Amérindiens, ceux-ci étant jugés « paresseux ».
La nation Sioux était frappée par la famine car les troupeaux de bisons autrefois très importants étaient un aliment de base des peuples Amérindiens des Grandes Plaines et furent chassés et pratiquement exterminés de la plaine quelques années plus tôt par les colons.
Wovoka, également connu sous le nom de Jack Wilson, était un leader spirituel, un chef religieux amérindien de la tribu des Païutes né vers 1856 et mort le 20 septembre 1932.
Il est à l'origine de la « Ghost Dance », un mouvement spirituel qui s'est diffusé dans les réserves indiennes au début des années 1890.
En effet, Wovoka soutenait que pendant l'éclipse totale du soleil du 1er janvier 1889, il avait reçu la révélation qu'il était le Messie de son peuple.
Il avait une vision que le Messie chrétien, Jésus-Christ, était revenu sur terre sous la forme d'un Amérindien.
WOVOKA
Le mouvement spirituel qu'il venait de créer est connu sous le nom de « Danse des esprits » (Ghost Dance), un mélange de spiritualisme païute et de christianisme shaker.
Selon Wovoka, les envahisseurs blancs disparaîtraient des terres autochtones, les ancêtres les conduiraient vers de bons terrains de chasse, les troupeaux de bisons et tous les autres animaux reviendraient en abondance et les fantômes de leurs ancêtres retourneraient sur terre, d'où la « Ghost Dance », la « Danse fantôme ».
Les ancêtres reviendraient alors sur terre au jour du Jugement dernier pour vivre en paix.
Wovoka enseigna aussi que les Amérindiens doivent vivre en paix et ne pas refuser, en attendant, de travailler pour les Blancs.
Chez les Sioux du Dakota, les deux premiers convertis à cette nouvelle religion sont Kicking Bear et Short Bull de la réserve de Pine Ridge.
Tous deux ont reconnu que Wovaka avait fait de la lévitation devant eux mais ils interprétèrent différemment ses paroles.
Ils rejetèrent la prétention de Wovaka à être le Messie.
Ils refusèrent aussi le pacifisme et enseignèrent aux Lakota qu'en exécutant la danse fantôme ils porteraient des chemises spéciales, les « chemises des esprits » (ghost shirts).
Kicking Bear a déclaré à tort que les chemises avaient le pouvoir de repousser les balles.
La Ghost Dance se propagea très rapidement chez les Sioux.
Les colons américains ont été alarmés par la vue des nombreuses tribus du Grand Bassin et des Plaines exécutant la danse des fantômes, craignant que cela ne soit un prélude à une attaque armée.
Effrayés, les agents indiens des réserves demandèrent l'aide de l'armée.
Une grande majorité des Indiens de la réserve de Pine Ridge avaient été convertie mais le grand chef Sitting Bull n'en faisait pas partie mais il garantissait la liberté religieuse.
Les responsables américains avaient décidé de mettre en détention certains des chefs indiens afin d'étouffer le mouvement « Gost Dance ».
Les militaires espéraient d'abord que Buffalo Bill, un ami de Sitting Bull, allait participer au plan pour réduire les risques de violence.
Le général Nelson Appleton Miles ordonna alors l’arrestation de Sitting Bull à la Standing Rock Agency.
L'agent de Standing Rock, James McLaughlin, avait envoyé la police indienne pour arrêter Sitting Bull.
Quarante-trois policiers amérindiens sont arrivés le 15 décembre 1890 à l'agence de Standing Rock au domicile de Sitting Bull pour l'arrêter.
Lorsque Sitting Bull a refusé d'obtempérer, la police a utilisé la force contre lui.
Pour des raisons peu claires, une fusillade se déclencha. On raconte que Catch-the-Bear, un Lakota, a tiré avec son fusil sur le lieutenant Bullhead qui a réagi en tirant avec son revolver dans la poitrine de Sitting Bull.
Un autre policier, Red Tomahawk, a tiré sur Sitting Bull dans la tête et il est tombé au sol.
Sitting Bull a été parmi les douze Indiens qui furent tués.
Suite à cela, au total environ 200 Indiens Lakotas Hunkpapas craignant des représailles, ont fui de Standing Rock vers la réserve indienne de Cheyenne River des Lakotas Miniconjous pour rejoindre Chief Spotted Elk (plus tard connu sous le nom de «Big Foot»)
Spotted Elk et les siens, ainsi que 38 Hunkpapas, ont quitté la réserve de Cheyenne River le 23 décembre 1890 pour se rendre dans la réserve indienne de Pine Ridge afin de trouver refuge chez Red Cloud qui ne fait pas partie du mouvement de la Danse des esprits.
Le général Miles ordonna aussitôt l'arrestation de Big Foot (Spotted Elk), mais l'armée temporisa en espérant que la réputation de pacifiste de ce celui-ci évitera les hostilités.
Les Hunkpapas furent apeurés par la venue de nombreux soldats dans la réserve.
Le général Miles ignora les intentions des Indiens en mouvement tout en craignant que la destination de Big Foot ne soit le repère des adeptes de la Ghost Dance dans les Badlands.
Il déploya alors les 6ème et 9ème régiments de cavalerie pour bloquer les Indiens Miniconjous.
La veille, la bande de Big Foot et les Lakota Miniconjous ainsi que les 38 Hunkpapa Lakota sont interceptés près de Porcupine Butte par le major Samuel Whitside du 7ème régiment de cavalerie avec environ 200 hommes.
Ils furent escortés à 5 milles (8,0 km) vers l'ouest jusqu'à Wounded Knee Creek où ils ont installé leur camp.
Samuel Whitside installa Big Foot dans une ambulance de campagne car il souffrait d'une sévère pneumonie et escorta les Sioux Lakotas à leur camp à Wounded Knee Creek.
L'armée fournissait aux Lakotas des tentes et des rations et compta les Indiens du village soit 120 hommes et 230 femmes et enfants.
Le lendemain matin, les Lakotas trouvèrent face à eux le reste du 7ème régiment avec son commandant, le colonel James W. Forsyth, arrivé sur place pendant la nuit, ainsi qu'une batterie de canons/mitrailleuses Hotchkiss du 1er régiment d'artillerie.
Les armes sont disposées sur une petite colline surplombant le campement et les Indiens ont été encerclés de toute part.
Forsyth informa son supérieur Whitside que les Sioux Lakotas devront être transférés dans un camp militaire à Omaha dans le Nebraska.
Les 438 soldats du 7ème de cavalerie, équipés de leurs quatre mitrailleuses, avaient reçu l'ordre du commandant de la région de la Platte River, le général John Brooke, de désarmer le clan de Big Foot avant le transfert vers le Nebraska.
Les Lakotas sont considérés comme des prisonniers mais Forsyth avait choisi de ne pas essayer de les désarmer dans la soirée.
En effet, John Shangreau, un éclaireur et interprète à moitié Sioux, a conseillé aux soldats de ne pas désarmer les Indiens immédiatement, car cela conduirait à la violence.
SPOTTED ELK = BIG FOOT
Puis, l’horreur commença …….
Au matin du 29 décembre 1890, les troupes de la cavalerie américaine sont entrées dans le camp pour désarmer les Lakotas.
Les hommes sont rassemblés et informés qu'ils doivent remettre aux soldats toutes leurs armes à feu. Forsyth ordonna la remise des armes et le retrait immédiat des Lakotas de la zone d'opérations militaires pour les emmener aux trains en attente.
La fouille du camp avait confisqué 38 fusils et d'autres fusils ont été pris pendant que les soldats fouillaient les Indiens.
Les soldats, craignant que d’autres armes restent cachées, commencèrent à fouiller les tentes en provoquant ainsi la colère des Indiens qui, selon l'armée, étaient sous l'influence d'un chaman guérisseur des Miniconjous, Yellow Bird, qui aurait harangué les jeunes guerriers qui devenaient agités par la recherche des armes.
Lorsque les soldats tentèrent de désarmer un Indien sourd et ne parlant pas anglais nommé Black Coyote, celui-ci n'avait pas compris l'ordre.
Un autre Indien aurait dit : « Black Coyote est sourd » et quand le soldat persista, il dit : « Arrêtez. Il ne peut pas entendre vos ordres. » car Black Coyotte était réticent à abandonner son fusil, affirmant qu'il l’avait payé très cher.
BLACK COYOTTE
À ce moment-là, deux soldats saisirent Black Coyote par derrière et dans la lutte un coup de feu partit.
Au même moment, Yellow Bird jeta de la poussière en l'air et environ cinq jeunes hommes Lakota avec leurs fusils dissimulés derrière leurs couvertures, tirèrent sur la troupe.
Aussitôt, une fusillade générale s’ensuivit.
L'armée américaine commença à tirer sur les Amérindiens.
Les guerriers Lakotas ripostèrent, mais beaucoup avaient déjà été dépouillés de leurs armes.
La plupart des hommes Lakotas, encerclés par les soldats, seront abattus.
Quelques survivants se dégagèrent de la cohue. C’est alors que les canons mitraillèrent le village y compris les femmes et les enfants.
Le carnage dura environ 15 minutes.
Les détails spécifiques de ce qui a déclenché le massacre furent longtemps débattus.
Mais les historiens s’accordent sur le fait que les tirs ont commencé pendant le désarmement des Amérindiens.
Officiellement, le gouvernement américain a longtemps prétendu que 153 Sioux Lakotas dont 62 femmes et enfants avaient été tués, le chef Big Foot figurant parmi les morts, ainsi que 26 soldats de la cavalerie des États-Unis ( tués par des tirs fratricides) ainsi que 35 blessés.
Mais l’armée américaine a admis par la suite que le nombre de victimes parmi les Amérindiens se situait plutôt entre 300 et 350.
Entre 153 et 350 Amérindiens (selon les sources) de la tribu Lakota Miniconjou, dont 62 à 200 femmes et des enfants, ont été tués et 51 furent blessés et faits prisonniers (dont 4 hommes et 47 femmes et enfants), et ceci par l'armée des États-Unis commandée par le colonel James W. Forsyth.
D'autres Sioux sont morts ultérieurement de leurs blessures.
Le lieutenant James D. Mann, un des principaux responsables du massacre, meurt de ses blessures dix-sept jours plus tard, le 15 janvier 1891, à Fort Riley dans le Kansas.
Un autre co-responsable ayant participé à la tragédie de Wounded Knee fut le général John J. Pershing.
Le 9 décembre 1890, John J. Pershing et le 6ème cavalerie arrivèrent à Fort Meade dans le Dakota du Sud où Pershing joua un rôle dans la répression des derniers soulèvements des Indiens Lakota.
Pershing servit en effet dans la campagne visant à réprimer le mouvement Ghost Dance et un soulèvement parmi les Sioux dans le territoire du Dakota, mais son unité ne participa pas directement au massacre de Wounded Knee.
Pershing n'a pas participé à la bataille mais il a aidé à établir et à maintenir un périmètre pour empêcher les Lakota de fuir.
Bien que lui et son unité n'aient pas participé directement au massacre de Wounded Knee, ils se sont battus trois jours après, le 1er janvier 1891, lorsque les guerriers Sioux ont attaqué les wagons de ravitaillement de la 6ème cavalerie.
Lorsque les Sioux ont commencé à tirer sur les chariots, Pershing et ses troupes ont entendu les coups de feu et ont parcouru plus de six milles jusqu'au lieu de l'attaque.
La cavalerie a tiré sur les forces du chef War Eagle, les faisant battre en retraite. C'était la seule occasion à laquelle Pershing a vu de l'action pendant la campagne « Ghost Dance ».
Nota :
Durant sa carrière militaire, Pershing a subi échecs sur échecs ! Dans les années 1880, il a couru en vain pendant des années après le grand chef Apache Geronimo sans résultats et aussi en 1916, à la tête de 10 000 hommes, il n’a jamais mis la main sur Pancho Villa dans la sierra Madre mexicaine.
Et malgré tous ses échecs, le Congrès américain l’a nommé généralissime du corps expéditionnaire en Europe pendant la première guerre mondiale.
Il porte encore à ce jour le plus haut titre militaire de toute l’histoire de l’armée américaine.
SPOTTED ELK = BIG FOOT
Après une tempête de neige de trois jours, les militaires embauchèrent des civils pour enterrer les victimes Sioux Lakotas.
Ceux-ci trouvèrent les défunts gelés qu’ils ont rassemblés et placés dans une fosse commune sur le lieu du massacre, une colline surplombant le campement d'où provenait une partie des tirs des canons Hotchkiss.
Il a été rapporté que quatre nourrissons ont été retrouvés vivants, enveloppés dans les châles de leurs mères décédées.
En fait, l'armée américaine reconnaît aujourd'hui que c'est plutôt 300 à 350 Amérindiens qui périrent lors de ce « massacre », terme utilisé par le général Nelson Miles dans une lettre du 13 mars 1917 au commissaire aux affaires indiennes.
GENERAL NELSON MILES COLONEL JAMES W. FORSYTH MAJOR SAMUEL WHITSIDE
Le colonel Forsyth a été désavoué par le général Nelson Miles et qui fut immédiatement relevé de son commandement.
Une enquête militaire fut menée par Miles qui critiqua les dispositions tactiques prises par Forsyth, tout en l'exonérant de sa responsabilité.
Le secrétaire à la guerre à Washington rétablit alors Forsyth dans son commandement du 7ème régiment de cavalerie et il a été promu par la suite major général.
Mais la Cour qui fit l’enquête n'a pas été menée comme une cour martiale officielle.
Néanmoins Miles continua à critiquer Forsyth qui, selon lui, a délibérément désobéi à ses ordres afin d’éliminer les Indiens.
C’est du général Miles que vient l'opinion selon laquelle Wounded Knee est un massacre délibéré plutôt qu'un drame provoqué par des décisions malheureuses (alors que l’opinion publique américaine était alors généralement favorable à Forsyth).
Vingt « médailles d'honneur » furent attribuées à des soldats du 7ème de cavalerie pour leur bonne conduite durant le « massacre ».
De nos jours encore, les Amérindiens réclament instamment qu'elles soient requalifiées en
« médailles du déshonneur ».
Beaucoup de colons vivant près des réserves interprétèrent la bataille comme la défaite d'un culte meurtrier, la Danse des esprits, faisant l’amalgame entre les adeptes de ce culte et les Amérindiens en général.
Historiquement, Wounded Knee est généralement considéré comme l'évènement qui mit fin à 400 ans de conflits et guerres indiennes entre les forces coloniales et américaines et les Amérindiens.
Mais non, le massacre de Wounded Knee n'est pas le dernier conflit entre les Amérindiens et l'armée des États-Unis.
Le combat à la Mission de Drexel était une confrontation armée entre les guerriers Lakotas et l'armée des États-Unis qui a eu lieu dans la réserve indienne de Pine Ridge le 30 décembre 1890, le jour suivant Wounded Knee.
Le combat a eu lieu sur White Clay Creek, à environ 15 miles au nord de Pine Ridge, où des Lakotas, fuyant la situation hostile suite au massacre de Wounded Knee, avaient installé leur camp.
La compagnie K de la 7ème cavalerie (l'unité impliquée à Wounded Knee) fut envoyée pour forcer les Lakotas à retourner dans les zones qui leur étaient assignées dans leurs réserves respectives.
Les danseurs Lakotas, qui ont été convaincus de se rendre, préférèrent fuir en apprenant ce qui s'est passé à Wounded Knee.
Certains des résistants étaient des « Brûlés » Lakotas de la réserve indienne de Rosebud.
Ils brûlèrent plusieurs bâtiments de la mission, puis attirèrent un escadron du 7ème de cavalerie dans un guet-apens et le harcelèrent.
La compagnie K avait été bloquée dans une vallée par les Lakotas et fut finalement délivrée par le 9th Cavalry, un régiment afro-américain surnommé les « Buffalo Soldiers ».
Le bataillon de la 9ème cavalerie était en reconnaissance près de la rivière White (affluent de la rivière Missouri) à environ 50 miles au nord de l'agence indienne de Pine Ridge lorsque le massacre de Wounded Knee a eu lieu et il a pris la route vers le sud toute la nuit pour atteindre la réserve.
Le combat à la Mission de Drexel entraîna la mort d'un soldat de la 9ème cavalerie et six autres appartenant au 7ème de cavalerie et 6 autres furent blessés.
Parmi les guerriers Lakotas se trouvait un jeune « Brûlé » de Rosebud nommé Plenty Horses qui était récemment revenu après cinq ans à la Carlisle Indian School en Pennsylvanie.
Une semaine après ce combat, Plenty Horses a tiré et tué le lieutenant de l'armée Edward W. Casey, commandant des Cheyenne Scouts (éclaireurs).
Le témoignage présenté lors du procès de Plenty Horses et son acquittement ultérieur ont également contribué à abroger la culpabilité juridique de l'armée américaine pour les morts de Wounded Knee.
Cet évènement à la Mission Drexel fut presque totalement éclipsé par le drame de la veille, le massacre de Wounded Knee.
Date de dernière mise à jour : 24/02/2024