LA NATION IROQUOISE

 

                                 ARTICLE DE ROLAND ROTH 

 

 

5589746

         Yuit       LA CONFEDERATION IROQUOISE 

 

La Confédération iroquoise est aussi appelée la ligue iroquoise des Cinq Nations formée vers 1570 par les Indiens Iroquois.

Les tribus iroquoises ou  Haudenosaunee , le « peuple aux longues maisons », connues aussi sous le nom de Cinq-Nations, comprennent cinq tribus et puis plus tard, à partir de 1722, Six nations amérindiennes avec les Tuscaroras de langues iroquoiennes. 

 

La confédération est composée :

des Mohawk (Agniers) ( le peuple du silex oupeuple de la lumière ou hommes éclairs ou encore enfants des étoiles),

des Oneida (Onneiouts) ( le peuple de la pierre levée), 

des Onondaga (Onnontagués) ( le Peuple des collines),

des Cayuga (Goyogouins) ( le Peuple du grand marais ), 

des Seneca (Tsonnontouans) ( Les gens de la grande colline ) 

puis en 1722 des Tuscarora ( les cueilleurs de chanvre )

 

Leurs terres d'origine se situent entre les Adirondacks et les chutes du Niagara. 

La confédération occupait historiquement l’Iroquoisie, un territoire au nord de l'État de New York, au sud du lac Champlain et du lac Ontario, tout le long de la rivière Hudson et du fleuve Saint-Laurent.

La capitale de l'Iroquoisie était Onontagué.

 

        Pays                      5 nations

 

Des traces de peuplement sont attestées dès le 10ème siècle avant J.-C. 

Au 14èmesiècle, selon la tradition iroquoise, il n'y avait qu'une seule tribu habitant sur le fleuve Saint-Laurent à qui les Algonquins apprirent l'agriculture. 

 

L'origine du mot « iroquois » n’est pas claire mais cette appellation pourrait provenir d'une phrase souvent employée à la fin des discours iroquois, « hiro kone » qui veut dire : je l'ai dit. 

Certains disent que le mot pourrait provenir du nom qui leur a été donné par leurs ennemis Algonquins : « Irinakhoi » signifiant : serpents à sonnette. 

Il est aussi possible que le mot Iroquois pourrait émaner des pêcheurs basques qui surnommait le peuple « Hilokoa », « les tueurs ». 

En langue algonquine, on ne prononce pas le « r » de hirokoa.

Les Français auraient simplement francisé le nom. 

Mais les Iroquois préféraient s'appeler « Haudenosaunee » (peuple aux longues maisons).

 

Chaque nation est autonome à l'intérieur de la confédération mais ces nations entretiennent des rapports constants et se concertent souvent sur les stratégies communautaires et « politiques » à suivre et s’étaient réunies au départ pour mettre fin aux conflits intertribaux et assurer une défense commune notamment contre les Hurons qui furent les alliés des Français.

En effet, cette confédération de cinq puis de six tribus amérindiennes a joué au 18èmesiècle un rôle essentiel dans la lutte entre les Français et les Britanniques pour la maîtrise de l’Amérique du Nord. 

 

Popot     Confer    Etry

 

Selon l’écrivaine, historienne et ethnographe Barbara A. Mann et Jerry L. Fields, cette confédération des Iroquois daterait du 31 août 1142.  Mais la majorité des spécialistes pensent que ce serait plutôt vers la moitié du 16èmesiècle où les chefs Deganawida, Jigonhsasee et Hiawatha arrivèrent à regrouper les cinq nations amérindiennes. 

 

Hiawatha était un chef légendaire et fondateur de la confédération iroquoise. 

Il vécu au 16ème siècle et fut le chef de file des tribus Onondagas ou des Mohawks.

Hiawatha était un disciple de « The Great Peacemaker », un chef spirituel et prophète qui présenta le projet du rapprochement des nations iroquoises qui partageaient des langages semblables. 

Hiawatha qui fut un orateur habile et charismatique a persuadé les tribus iroquoises d’accepter la vision du grand prophète et de s’unir pour devenir les cinq nations de la confédération iroquoise. 

Comme cité plus haut, c’est en 1722 qu’une sixième nation, les Tuscaroras, se joignit à ce qui devint alors la Ligue des Six-Nations. 

La population des Iroquois est évaluée à 22 000 individus en 1630 et tombe à 6 000 au début du 18èmesiècle.

 

Avant l'arrivée des Européens, il existait en Amérique du Nord au moins 10 tribus iroquoiennes à savoir les Mohawks, les Senecas, les Cayugas, les Onondagas et les Oneidas, citées plus haut, mais aussi les Ériés, les Petuns, les Neutres, les Wenros et les Hurons-Wendat. 

Les quatre dernières ainsi que la plupart des Hurons-Wendat ont disparu ou se sont regroupées avec d'autres communautés.

Ces 10 tribus occupaient au début le sud de l'Ontario, le nord de la Nouvelle-Angleterre et la vallée du Saint-Laurent jusqu'au Québec. Jacques cartier a parcouru le fleuve en 1535 et il n’a trouvé que les Mohawks qui vivaient sur le territoire actuel du Québec.

 

 Les six Nations iroquoises sont : 

 

Diff

 

Mohawk     Les Mohawks 

Les Mohawks aussi appelés « Agniers » et font partie des six nations iroquoises. 

Mohawks signifie « mangeur d'homme » dans la langue des « Algonquins », leurs ennemis héréditaires.

Les Mohawks se dénommaient eux-mêmes Kanienkehaka qui signifie dans la langue Iroquoise des indiens Agniers du sud-est du Canada selon les interprétations : 

« peuple des silex », « peuple de la lumière », « hommes éclairs », ou encore « enfants des étoiles ». 

Les Agniers étaient installés dans le Haut-New-York, dans la vallée Mohawk. 

L'anthropologue Pierre Lepage indique les premiers lieux d'occupation des Agniers durant la période de la Nouvelle-France, pendant laquelle ils occupèrent successivement un lieu près de la Montagne à Montréal, ensuite Sault-au-Récollet au Nord de Montréal près de la rivière des Prairies pour enfin s’installer à la Seigneurie de Deux-Montagnes située à l'embouchure de la rivière des Outaouais.

En 1760, le nouveau régime anglais leur donna la pleine possession de leurs terres, le libre exercice de leur religion ainsi que la libre circulation sur tout le territoire américain, ceci afin de gagner leur allégeance. 

Mais ces belles promesses ne furent malheureusement respectées que pour une courte période.

 

Oneida       Les Oneidas 

Les Onneiouts ou en anglais les Oneidas, mot dérivé de « Tiioeniote » signifiant « Peuple de la Pierre levée » sont l'une des six nations iroquoises.

Elle est la nation la plus petite avec environ 1 000 individus. 

Leur territoire était situé entre l'actuelle ville d'Utica (New York), le lac Oneida et le comté d'Oneida, entre le lac Ontario et le cours supérieur de la Susquehannah River.

Le nom « Peuple de la Pierre levée ou debout » a son origine d’une vieille légende selon laquelle les Onneiouts se seraient métamorphosés en pierre pour échapper à une tribu ennemie qui les pourchassait. 

De nos jours, les Onneiouts sont répartis en quatre nations : deux aux États-Unis (dans l’état de New York et autour de Green Bay dans le Wisconsin) et deux en Ontario au Canada, à Southwold et dans la réserve des Six-Nations près de Brantford.

 

Onondaga       Les Onondagas 

 La tribu Onondaga ou Onontagué est une tribu qui fut membre de la confédération des Six-Nations de la Nation iroquoise.

Ce peuple vivait de part et d'autre du fleuve Saint-Laurent sur les territoires actuels de la province de l'Ontario au Canada et dans l'État de New York aux États-Unis notamment dans le comté d'Onondaga. 

Une branche de cette tribu, les Oswegatchie, vivait le long du fleuve Saint-Laurent. 

Les Onongadas étaient traditionnellement les gardiens du feu pour les Cayugas et les Sénécas qui vivaient à l'ouest et les Onneiouts et Mohawks qui se cantonnaient à l'est. 

La Ligue des Iroquois réunissait le gouvernement Iroquois à Onondaga.

Les Onondagas, comme d’autres tribus, furent les partenaires commerciaux des Hollandais puis des Britanniques tout en étant de farouches adversaires des Français de la vallée du Saint-Laurent. 

Lors de la guerre d'indépendance des États-Unis, les Onondagas restèrent neutres. 

 

Cayuga 1      Les Cayugas 

 Les Cayugas ou Goyogouins ou Guyohkohnyo sont le peuple du grand marécage qui faisait partie des cinq tribus de la nation iroquoise.

 Les Cayugas vivaient près des lacs Finger entre les Onondagas et les Sénécas.

Pendant la guerre d'indépendance américaine, les Cayugas se rangèrent du côté des Anglais. 

Pour avoir attaqué les colons américains, le général John Sullivan organisa une expédition punitive contre eux qui détruisit la plupart de leurs villages (Goiogouen, Chonodote, etc.). 

Les survivants se réfugièrent chez d’autres voisins iroquois ou au Canada anglais où les autorités leur donnèrent une terre en récompense de leur loyauté. 

De nos jours trois clans cayugas existent encore dont les deux principaux vivent en Ontario à Six Nations of the Grand River. 

Les autres tribus résident à Versailles dans l'État de New York.

 

Seneca      Les Senecas 

Les Sénécas ou Tsonnontouans faisaient partie de la ligue iroquoise. 

Il s'agit de la plus grande des nations constituant celle-ci. 

Pendant la guerre d'indépendance américaine, ils étaient alliés aux Britanniques. 

Le nom de la tribu vient de « Onöndowaga » qui signifie « les gens de la grande colline ».

Les Sénécas vivaient traditionnellement dans ce qui est actuellement l'État de New York, entre la rivière Genesee et le lac Canandaigua. 

Les archéologues ont découvert que leur territoire s’étendait jusqu’à la rivière Allegheny suite à l’anéantissement par les Iroquois des tribus Wenro et Érié. 

Les Sénécas étaient de bons chasseurs et pêcheurs et cultivaient le maïs, les haricots et les courges. 

Les Sénécas étaient, lors des batailles, de grands guerriers et de féroces adversaires mais aussi à côté de cela de grands diplomates et de bons orateurs.

 

Tuscarora     Les Tuscaroras 

Ils sont originaires de la Caroline du Sud dans les Appalaches et ils sont de langue et de culture iroquoises. 

Chasseurs et cultivateurs, ils habitaient dans de longues maisons rectangulaires de tradition iroquoise. 

En 1708, leur chef King Hancock se montra amical et bienveillant avec les colons anglais qui s’installèrent dans la région. 

Mais ces derniers leurs prirent les meilleures terres et les traitaient en esclaves.

En 1712, les colons, aidés par d’autres indiens, les Catawbas, assiégèrent le village principal de King Hancock qui se rendit contre un engagement de ne pas prendre des Tuscaroras comme esclaves. 

Cet engagement ne fut encore une fois pas tenu. 

Un an après, les survivants fuirent vers le Nord où ils demandèrent de l’aide à la ligue des cinq nations créée par les Iroquois.

En 1722, les Tuscaroras seront la sixième nation de la ligue iroquoise, avec les mêmes droits que les premiers. 

Puis ils ont migré (de force) et l’exode s’est fait dans trois directions : les Appalaches, l’état de New York et le Canada.

 

Confer   Quelques mots sur cette grande nation iroquoise :

 

La Confédération iroquoise s’étend des monts Adirondacks aux Grands Lacs sur le territoire actuel de la Pennsylvanie et du Nord de l’État de New York.

Les Iroquois étaient un peuple d’agriculteurs et de semi-sédentaires qui cultivaient comme beaucoup d’Amérindiens dans leurs vastes champs qui entouraient leurs villages, le blé, le tournesol, le maïs, la fève, le haricot et la courge. 

Les semailles et le travail de la terre étaient de la responsabilité des femmes, mais les hommes aidaient pour les récoltes.

Afin de conserver tout l'hiver les récoltes, les Iroquois ont trouvé divers moyens de conserver leur nourriture. 

Pour garder le maïs, ils ont découvert qu'ils pouvaient arracher les feuilles et faire sécher les épis à l'aide du feu et ils préparaient leurs mets avant que la neige ne tombe. 

Quand l'hiver s'annonçait glacial, ils creusaient dans les sous-sols de leurs cabanes pour y placer la nourriture qui pouvait être congelée par le froid.

 

Les hommes sont aussi pêcheurs et chasseurs, commerçants ainsi que de très bons artisans mais aussi de farouches guerriers.

La cueillette de petits fruits était aussi essentielle pour l'alimentation et leur santé. 

La chasse est bien sûr une source de protéine pour les Iroquois. 

La proie la plus chassée est le cerf de Virginie qui est piégé ou attrapé au collet. Mais ils chassèrent aussi le castor, la loutre, la marmotte, la martre, l'orignal, l'ours noir, le renard et le rat musqué. 

La pêche, qui se pratique davantage le printemps et l'automne, se fait avec un canot d'écorce et permet d’attraper différentes espèces de poissons comme l'alose, l'anguille, le bar, le brochet, la carpe doré, l'éperlan, l'esturgeon, la lamproie, le saumon et la truite. 

Les poissons sont séchés et fumés pour les provisions de l'hiver.

Les fourrures et les peaux servaient à confectionner leurs vêtements.

Le peuple des Iroquois s’habillait en effet de vêtements en peau d’animal décorés de coquillages et d’autres motifs et cousus avec les épines de porc-épic. Ils portaient aux pieds des mocassins.

 

Le village fut souvent construit près d’un cours d’eau et entouré d’une palissade pour se protéger. 

La maison des Iroquois était une « maison longue » construite avec des troncs d’arbres, de perches entrelacées et recouvertes d'écorce d'orme.

La « maison longue » mesurait environ 5 à 7 mètres de large et jusqu’à 50 mètres de long sur 5 à 7 mètres de haut. 

Ils cultivaient aussi le chanvre utilisé pour lier les troncs des charpentes des maisons entre eux. 

 

Lofi Zosl Iroquois copie

 

Mais le chanvre servait aussi pour leurs rituels. Ils le mélangeaient en petites quantités avec du tabac et des plantes aromatiques. 

Une agglomération iroquoise de cinq à dix familles élargies habitaient dans ces maisons qui étaient regroupées en villages de mille à deux mille personnes, voir même jusqu’à 3 500 personnes.

Deux des habitations étaient plus grandes que les autres et mesuraient environ 10m sur 100m.

Dans l'une, on se réunissait pour discuter des affaires du village et dans l'autre, pour préparer les expéditions guerrières et tous les hommes de plus de 30 ans participaient à ces réunions.

Tous les 10 ou 15 ans, une fois les ressources locales épuisées, on a déménagé le village.

 

L’organisationsociale est matrilinéaire dont le patrimoine et le nom de famille se transmettent par la mère et non par le père. 

Après son mariage, l’homme emménage chez son épouse et ses enfants deviennent membres du clan de la mère. 

Les femmes les plus âgées du village choisissent et désignent les chefs de clan habilités à représenter les clans au conseil de village et de tribu et également les 49 (ou 50) chefs qui composent le grand conseil de la confédération des Cinq-Nations iroquoises. 

La notion de propriété privée des terres et des habitations n’existe pas chez les Iroquois.

Les femmes surveillent les récoltes et administrent le village quand les hommes sont à la chasse ou à la pêche et elles fournissent les mocassins et la nourriture pour les expéditions guerrières.

 

En 1744, le gouverneur de Virginie invitait les Iroquois à envoyer au « College of William and Mary » de Williamsburg six jeunes gens pour faire leur éducation. 

Mais le chef de la Nation iroquoise, Conassatego, répondit courtoisement en des termes élégants qu’il déclinait cette offre généreuse.

Pendant une grande partie de l’histoire du Canada de 1600 à 1867, une résistance continue et en constante évolution a été observée de la part des peuples autochtones Iroquois.

 

       

 

                              POLITIQUE ET GUERRES IROQUOISES

 

La ligue des cinq nations amérindiennes iroquoises a inventé une constitution et des dispositions de coutume commune de la nation iroquoise, une grande loi contraignante appelée « Gayanashagowa »,« grande loi de l'Unité »ou « grande loi de paix »

Les Iroquois ont mis en place cette structure de gouvernance conçue pour les générations futures. 

Ils ont pu grâce à cette Constitution vaincre des ennemis bien plus importants qu'eux-mêmes.

 

La constitution de la nation iroquoise « Gayanashagowa » en quelques mots :

La constitution de la nation iroquoise ou Gayanashagowa est l'ancien code juridique des Iroquois rédigé en 1720 en anglais sous forme de 117 paragraphes qui comprennent une constitution et quelques dispositions de coutume. 

Son fonctionnement avait été décrit en détail dès 1702 par le Français Louis Armand Delom d'Arce. 

La Confédération iroquoise fut l'institution politique la plus puissante en Amérique du Nord. 

Ce code juridique et ses lois se sont transmis depuis le 12èmesiècle selon la tradition orale et sont actuellement conservés par la Nation Onondaga. 

 

Au début, le prophète Deganawida, appelé aussi le Grand Pacificateur et son disciple Hiawatha qui prêchaient la Grande Paix, rassemblèrent les chefs iroquois à un Congrès chez les Onontagué durant lequel ces lois furent édictées.

 

La constitution Gayanashagowa codifie les fonctions du Grand Conseil des Iroquois et indique comment les cinq, puis les six nations iroquoises doivent résoudre leurs différends, équilibrer leurs échanges et coexister ensemble pacifiquement.

Les 34 premiers articles de la constitution de la nation iroquoise organisaient le pouvoir politique et le système de représentation en définissant les fonctions des cinquante porte-paroles appelés royaneh, les sachems, qui siégeaient au Conseil des nations. 

 

 Slsso    Eeos     Qsmqp

 

Cette constitution est confédérale et elle n'établit pas un régime unitaire mais donne à chaque nation des fonctions différenciées.

 

Elle concerne notamment les points suivants :

Droits, devoirs et titres des seigneurs 

Élection des "chefs du Pin" 

Noms, devoirs et droits des chefs de guerre 

Clans et consanguinité 

Emblèmes officiels et sceaux 

Lois d'adoption 

Lois sur l'émigration 

Droit des nations étrangères 

Droits et pouvoirs de la guerre 

Droit de sécession 

Cérémonies religieuses 

Musiques 

 

Qmql Irodjd Spec

 

Le système de prise de décision est fondé sur le principe de subsidiarité selon lequel une autorité centrale ne peut effectuer que les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l'échelon inférieur.

Chaque nation iroquoise envoya entre huit et quatorze dirigeants au « Grand Conseil » de la ligue où ils prirent des décisions politiques par le biais de discussions et de votes. 

Bien que ces politiciens aient été appelés « chefs », ils étaient en réalité des élus choisis par les « mères des clans » (ou matriarches) de chaque tribu. 

Chaque nation a également son propre conseil tribal chargé de prendre les décisions locales de la tribu. 

 

Il existait cinq types de conseils différents :

le conseil souvent dit « des femmes », conseil qui ne réunissait que les « mères de clan », des femmes âgées et titulaires de cette dignité en raison de leur sagesse.  

le conseil des guerriers, des hommes en âge de combattre.

le conseil des anciens ouvert à tous les Iroquois d'âge mûr des deux sexes.

le conseil de clan, qui nommait son chef civil (sachem) et un ou plusieurs chefs militaires, fut accessible à tous les membres adultes du clan.

le conseil de village qui réunissait les sachems des différents clans, leurs adjoints, les anciens, ainsi que les porte-paroles nommés par les femmes et les guerriers pour faire valoir leur point de vue.

 

Ce système ressemble étrangement à la façon dont les États américains sont gouvernés en ayant chacun leur propre gouvernement, mais tous sont soumis au gouvernement fédéral américain. 

En fait, la Confédération iroquoise était un exemple de démocratie représentative utilisé comme modèle par les pères fondateurs de l’Amérique moderne.

Notamment Jefferson qui s'est largement inspiré pour la rédaction de la déclaration d’indépendance dans un préambule concernant les "droits fondamentaux" de la « ligue des Iroquois » en faisant un large emploi des dispositions de la constitution iroquoise, la "Gayanashagowa".

 

Il disait à ce sujet :

" Je suis convaincu que les sociétés indiennes qui vivent sans gouvernement, jouissent globalement d'un degré de bonheur bien supérieur à ceux qui vivent sous des régimes européens ...."

 

A l’époque, la ligue représentait une force de frappe impressionnante.

Aucune nation amérindienne n’avait joué un rôle aussi important dans l'histoire politique du nord-est de l'Amérique du Nord aux 17èmeet au 18èmesiècle que la Ligue des Haudenosaunee des cinq nations. 

Plus tard, elle connue un déclin lors de la guerre d'indépendance américaine en se divisant profondément quand les uns restaient fidèles à la Grande-Bretagne et les autres se ralliaient à la cause des rebelles américains.

Suite à la scission de l'Iroquoisie durant la guerre d'indépendance, une partie de sa population migra vers le Haut-Canada et en 1842 le gouvernement du Canada d’alors leur attribua une réserve, un territoire qui s’appelle encore de nos jours la « Réserve des Six Nations ». 

 

 Mol              Quois              Iroq

 

      Mais revenons à l'histoire de cette nation amérindienne exceptionnelle :

 

Au 16èmesiècle, les membres de la confédération iroquoise (les Haudenosaunee) ont été, dans le nord des États-Unis, des partenaires commerciaux pour le commerce des fourrures et des alliés des Hollandais puis des Britanniques, mais ils étaient également de farouches adversaires pour les Français de la vallée du Saint-Laurent au Canada.

 

Les Iroquois et les Hollandais tentèrent de s'emparer des territoires de chasse des tribus Hurons-Wendat situées au nord du lac Huron, ces derniers ainsi que les Algonquins, les Montagnais (Innus) et les Abénakis s'associèrent alors à Champlain et ils fournissaient des fourrures aux Français qui, en retour, les aidèrent à se battre contre la confédération iroquoise.

Les Iroquois attaquèrent constamment les nations voisines, comme les Hurons, les Ériés, les Pétuns et les Neutres.

Les Iroquois furent dominants dans une région couvrant neuf États américains et l’ensemble du sud-ouest de l’Ontario au Canada. 

Ils ont élargi leur ligue en exigeant le tribut des nations autochtones alentours et sont devenus une force militaire, économique et politique avec laquelle il fallait compter dans cette partie du territoire américain.

 

                     Qlosm                                       Zols 

 

Les traditions de guerre des Haudenosaunee ont été dynamiques et leur succès est lié à leur capacité à adapter les tactiques de conflit et de la diplomatie grâce à l'efficacité de leurs conseils qui exigeaient l'unanimité en évitant les divisions internes.

Les Iroquois de la région de New York étaient réputés pour être de redoutables et terribles guerriers. 

Les guerriers mangeaient les organes des prisonniers de guerre vaincus. 

Mais le cannibalisme en dernier recours n’était pas un cannibalisme rituel comme chez les païens. 

Les Iroquois utilisaient les mêmes armes pour la guerre que pour la chasse à savoir le tomahawk, l'arc et les flèches et les massues. 

Certains guerriers iroquois portaient un ou plusieurs scalps autour du cou ce qui prouvait aux colons de leur valeur au combat, les colliers d'oreilles servant de monnaie imposée par les vainqueurs.

 

Malgré le niveau très élevé de la civilisation iroquoise, elle était d'une incroyable férocité et d'un goût prononcé de la torture qu’ils exerçaient aussi bien à l'encontre de leurs voisins amérindiens que des premiers colons européens.

Les premiers contacts entre Iroquois et Français furent très violents et les Mohawks tendirent des embuscades aux canots Hurons chargés de fourrures à échanger avec les Français.

 

En 1624, la Ligue Iroquoise concluait une entente de paix avec les Algonquins et les Wendats afin qu'ils puissent concentrer leurs efforts guerriers contre les Mohicans dont les terres bordaient la rivière Hudson et qui avaient la primauté dans le commerce de la fourrure avec les Hollandais. 

Les Français et les Hollandais n’approuvèrent pas cette entente mais la ligue pouvait désormais pénétrer les marchés commerciaux de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Angleterre.

La paix avec l'alliance Wendat-Algonquin dura jusqu'en 1636 mais la paix avec les Français ne fut jamais conclue. 

 

Plmo    Sozl    Qqlsm

 

Au Canada, Champlain demanda plus de troupes à la France pour protéger le passage des fourrures des Wendats.

À cette fin, il ordonna en 1634 la construction de colonies fortifiées dont celle de Trois-Rivières le long du Saint-Laurent. 

Les Haudenosaunee créèrent leurs propres positions fortifiées à partir desquelles ils pouvaient mieux attaquer les convois de fourrures.

Au cours de la prochaine décennie, la Ligue iroquoise avait concentré ses efforts sur le harcèlement et la capture des flottes Wendats. 

Cette tactique s'était intensifiée durant les années 1640 jusqu'en 1647 et 1648, années où l'accent a été mis sur les attaques contre les villages Hurons-Wendats. 

 

En effet, en 1649, une armée iroquoise d’environ un millier de guerriers se déplaça pendant l’hiver dans le sud de l'Ontario, envahit le pays des Hurons et détruisit leurs villages lors d’une féroce bataille puis ils retournèrent dans leur pays.

Les Hurons-Wendats sont anéantis, leurs villages, leurs maisons, leurs magasins et réserves d’alimentation incendiés.

Ils abandonnèrent l'hiver suivant leurs villages et un grand nombre d’entre eux moururent de faim et suite à l'impact des virus de la variole et d'autres maladies européennes. ​Les survivants s'installèrent dans la région de Québec. 

Certains prisonniers étaient adoptés par leurs anciens ennemis iroquois alors que d'autres étaient torturés (on leur arrachait notamment les ongles avant de les brûler vifs). 

Mais certains anciens Hurons-Wendats étaient devenus des personnalités de premier plan dans la vie politique et militaire des Haudenosaunee.

 

Joseph brant                     Ind                   6997520

 

La supériorité militaire de la confédération iroquoise provient du fait que les Hollandais, puis les Anglais avaient fourni des armes aux Iroquois alors que les Français et le clergé refusa de fournir des armes aux tribus alliées.

En 1653, les iroquois négocièrent la paix avec les Français, une paix qui ne dura que cinq ans puis les périodes de guerre se succédèrent entre la Nouvelle-France et la confédération iroquoise.

 

En 1660, les Haudenosaunee contrôlaient les terres occidentales qui s'étendaient de l'ancienne Wendake (Huronia) à l'est de la rivière des Outaouais et au sud autour du lac Michigan, en passant par la vallée de l'Ohio et ils voulaient sécuriser leurs frontières méridionales contre la nation rivale Susquehannock et contenir la menace française. 

Egalement en 1660, quelques centaines d'Iroquois gagnèrent la bataille de Long Sault contre 17 français et 48 de leurs alliés indiens. 

 

En 1667, les Agniers et les Onneiouts acceptèrent de conclure la paix et la Ligue a fini par établir une trêve avec les Français et avec les Algonquins du nord et de l’est plus tard en 1672. 

 

En 1679, les Iroquois portèrent leur attention vers le sud pour fixer la frontière tout en découvrant les Français et leurs alliés dans leurs terres occidentales. 

Cela a provoqué les affrontements les plus sanglants entre les Haudenosaunee et les Français.

 

En 1680, la Ligue iroquoise reprit également ses raids dans les colonies canadiennes. 

 

Le 13 juin 1687, la guerre entre les Français du ministre de la marine Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain et les Iroquois reprit de plus belle.
L'expédition contre les Iroquois quitta Montréal avec 832 hommes des troupes de la marine, 900 hommes de milice et 400 Indiens alliés. 

Au Fort Frontenac, l'intendant de Champigny, qui avait devancé le gros de l'expédition, s'empara des tribus Goyogouins et d'Onneiouts pour les empêcher de porter aux villages iroquois au sud du lac la nouvelle de l'approche de l'armée française.

Un autre groupe d'Iroquois, soi-disant neutres, qui habitaient un village près du fort, furent aussi capturés pour les mêmes raisons.

De 50 à 60 hommes et 150 femmes et enfants furent emmenés à Montréal et le gouverneur Jacques-René de Brisay expédia en France 36 prisonniers iroquois.

 

Xxlwmwo

 

Le 26 juillet 1689, environ 1500 guerriers Haudenosaunee lancèrent une attaque de représailles sur le village de Lachine, situé à environ 10 kilomètres en amont de Montréal près des rapides du même nom. C’est le massacre. 

Le 5 août Lachine a été rasé. 

Vingt-quatre colons furent tués, 70 à 90 faits prisonniers et envoyés dans des villages de la Ligue pour y être torturés et 42 ne revinrent jamais.

Sur 77 maisons, 56 maisons de Lachine furent rasées par les Iroquois et leurs alliés de la Confédération des Cinq nations. 

Le massacre de Lachine et ses suites aurait coûté la vie à un Québécois sur dix.

 

Puis les Français prirent le dessus grâce à Louis de Buade, comte de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France dont les forces sont face aux Haudenosaunee et aux Anglais, ces derniers étant inefficaces et peu fiables en tant qu'alliés des Haudenosaunee. 

En hiver 1694, il prit les Haudenosaunee par surprise et il a pu infliger un coup décisif aux villages de la Ligue.

En 1696, les Haudenosaunee demandèrent la paix mais la guerre avec les Français persistera jusqu'en 1701.

La Grande Paix de Montréal de 1701 a obligé les Haudenosaunee à des réconciliations au sujet des conflits au sein de la Ligue. 

On estimait alors que les deux tiers de la population de la tribu des Mohawks étaient passés du côté français tandis que les autres étaient restés fidèles aux Britanniques. 

Les Haudensaunee ont conclu un traité séparé avec les Anglais à Albany la même année après avoir donné la permission aux Français de construire un poste de traite à Détroit (Fort Pontchartrain).

La signature des traités avec les Européens a confirmé que les Cinq Nations constituaient une entité politique autonome. 

 

Mais à partir de 1712 il était clair que la Ligue n'était plus la force qu'elle avait été. 

Son nombre de guerriers avait été réduit de moitié, les Mohawks avaient perdu jusqu'à deux tiers de leur population au profit de villages plus proches du Canada.

Pendant la guerre de Sept Ans en Europe (1756-1763), les Iroquois étaient les alliés des Anglais et ils ont participé à leurs victoires terrestres en complément de la suprématie britannique dans le domaine maritime.

 

                                                  Syeu  

 

Rôle des indiens du nord/est dans la guerre d’indépendance américaine

 

Lors de la guerre d'Indépendance américaine (1775-1783), la nation iroquoise décida à nouveau de s'allier aux Anglais qui leurs avaient fait des promesses concernant le respect de leurs frontières territoriales. 

Cette décision s'avère désastreuse pour eux quand, en 1779, George Washington a envoyé une armée envahir leurs terres ancestrales. 

 

Les tribus pro britanniques qui furent les plus impliquées dans la révolution américaine étaient les tribus de la confédération iroquoise, les Senecas, les Mohawks, les Cayugas et les Onondagas qui occupaient un emplacement stratégique le long de l'Hudson entre la Nouvelle-Angleterre et les colonies du milieu. 

Les Oneidas et les Tuscaroras quant à eux se sont rangés du côté des Patriotes américains car George Washington a souhaité avoir des soldats amérindiens dans ses rangs en tant qu’éclaireurs et troupes légères. 

 

En 1776, le congrès continental l'autorisa à enrôler 2000 Indiens. 

Des 250 000 hommes qui ont servi dans l'armée américaine, environ 5 500 étaient des Indiens. 

Les Anglais opposèrent 13 000 soldats amérindiens.

 

Beaucoup d'Amérindiens enrôlés par les patriotes étaient des descendants des Indiens chrétiens de la Nouvelle-Angleterre dont les communautés datent du 17ème siècle suite aux activités du missionnaire puritain John Eliot. 

Parmi ces indiens chrétiens, ceux originaires de Stockbridge dans le Massachussetts étaient les membres d’une communauté chrétienne principalement Mahican (Mohicans) mais d'autres tribus autochtones de toute la Nouvelle-Angleterre les avaient rejoints. 

Ces Indiens de Stockbridge ont constitué une compagnie dans l'armée révolutionnaire américaine et ont combattu dans toutes les grandes campagnes de l’indépendance américaine de Bunker Hill à la bataille de Monmouth. 

Ils ont utilisé leur influence pour empêcher d'autres tribus de soutenir les Britanniques. 

En août 1778, la Compagnie de Stockbridge s’est battue vaillamment contre une unité des Rangers de la Reine, des dragons montés, près de White Plains  (New York) et fut vaincue en ayant une quarantaine de morts et une dizaine de prisonniers. 

Après la bataille, les habitants locaux ont enterré les soldats de Stockbridge et leur chef dans un site connu sous le nom de « Indian Field » du parc Van Cortlandt dans le Bronx à New York.

 

                    Sceau                             Poiuy 

 

La tribu des Oneidas qui était aussi chrétienne paya également un prix élevé pour leur loyauté aux patriotes américains. 

Dès 1775, les Oneidas avaient créé leur propre compagnie de milice sous les ordres du capitaine Tewahangaraghken ou Honyery Doxtator. 

Il y avait aussi treize Indiens Delaware dans une compagnie coloniale et l'aide de camp de George Washington, Siméon Simon, était lui aussi un Indien.

 

Au départ et officiellement, les six nations avaient choisi de rester neutres pendant la révolution américaine, mais cela a changé rapidement. 

En janvier 1776, le Général américain Schuyler attaqua le territoire Mohawk pour capturer des suspects loyalistes britanniques et 

un membre éminent de cette communauté a été fait prisonnier.

Ceci a contribué que la plupart des six nations se rangèrent du côté des Britanniques. 

Mais les Oneida sont restés neutres car ils étaient étroitement liés aux colons dans l'état supérieur de New-York jusqu'à ce que les Anglais les attaquent.

 

La batailles d’Oriska fut la plus sanglante de la révolution américaine et des centaines de soldats dans les rangs des patriotes sont morts ce jour-là.

Cette bataille mena à la dissolution de la Confédération Iroquoise parce qu'elle avait opposé environ 60 Indiens Oneidas contre des Mohawks et des Senecas dirigés par le chef Mohawk Joseph Brant.

Après la bataille, les Oneidas qui avaient été officiellement enrôlés dans l'armée continentale de George Washington, se sont de suite rendus au Fort Saratoga pour aider à vaincre les Britanniques lors de cette bataille qui est considérée comme le point tournant de la guerre révolutionnaire américaine. 

Le chef Oneida, chef Shenandoah, a envoyé des centaines de boisseaux de maïs séchés pour nourrir l'armée de George Washington pendant le terrible hiver 1777/78 à Valley Forge. 

Une femme Oneida, Polly Cooper, a montré aux soldats de George Washington comment cuire le maïs et Martha Washington lui a donné un châle en remerciement.

Ce châle se trouve de nos jours dans le musée tribal Oneida, à côté d'une lettre de George Washington dans laquelle il écrit que ses soldats seraient morts de faim s’ils n’avaient pas reçu le maïs des Indiens.

 

             

 

Au 19ème siècle, un petit groupe d’Iroquois partit faire du commerce de fourrure en Alberta au Canada.

Les Iroquois restés aux États-Unis sont contraints de céder leurs terres. 

La plupart des tribus parvinrent à éviter la déportation des années 1830, sauf les Onneiouts, qui en 1828 partirent pour une réserve du Wisconsin. 

Les Goyogouins ont vendu leurs terres new-yorkaises en 1807 pour rejoindre des tribus apparentées en Ohio. 

Les Onontagués, les Tsonnontouans et les Tuscaroras vivent encore aujourd'hui dans des réserves de l'État de New York.

 

   La Ceinture d'Hiawatha et drapeau iroquois

    Cvnbv       Zlso

 

La ceinture est le symbole de la confédération iroquoise des cinq nations et leurs territoires respectifs : Seneca, Cayuga, Onondaga, Oneida et Mohawk.

C'est une ceinture faite de perles tissées violettes et blanches dont les dessins "carrés" symbolisent les cinq tribus d'origine avec la figure centrale représentant un arbre. 

Elle serait datée du milieu du 18èmesiècle et serait la copie d'un exemplaire plus ancien disparu. 

Elle est la base du drapeau de la Confédération des Haudenosaunee.

L'arbre représente la nation Onondaga, capitale de la Ligue et siège du conseil central. 

C'est sur les rives du lac Onondaga que le message de paix fut révélé et que les haches de guerre avaient été enterrées. 

Selon la légende, c’est de cet arbre que quatre racines blanches ont germé, portant le message de l'unité et de la paix dans les quatre directions.

La ceinture de Hiawatha constitue la base du drapeau de la Confédération iroquoise créé dans les années 1980. 

 

 

 

                                               THE END

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 04/12/2019