TRAIL OF TEARS - LA PISTE DES LARMES

          ARTICLE  ( & une partie des photos ) DE ROLAND ROTH 

 

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    LA PISTE DES LARMES 

 NUNNA–DA- UL- TSUN-YI (en Cherokee)      

 

Cet épisode de l’histoire américaine dans le cadre de la "conquête de l'ouest", un des plus regrettables de l’histoire des Etats-Unis, est une honte pour les dirigeants de l’époque qui décidèrent du génocide de milliers d’Amérindiens en les traitant par un mépris complet avec la mentalité de « l’homme blanc supérieur ».

D’autres actes barbares contre les Natifs ont entaché cette histoire américaine tels que le massacre des Cheyennes du chef Black Kettle en 1864 à Sand Creek au Colorado, le massacre de la Wishita River en 1868 ou encore le massacre des Sauks et des Fox, du chef Black Hawk en 1832, le massacre des Sioux de Sitting Bull en 1890 à Standing Rock Reservation et l'assassinat de Sitting Bull lui-même et enfin le massacre des Sioux en 1890, le plus infâme, à Wounded Knee dans le Dakota du Sud et j’en passe ...

 

VOICI L'HISTOIRE :

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Déjà à l’époque de la guerre d'indépendance des États-Unis, les colons blancs violèrent souvent les traités signés avec les Amérindiens et poussèrent certains Cherokees à quitter leur nation.

Ils furent nommés : les Chickamaugas et avaient un chef : Dragging Canoe.  Ils se sont alliés la tribu des Shawnees et menèrent des raids contre les colons.

 

Depuis 1806, une cinquantaine de tribus ont déjà été déportées au-delà des Appalaches.

Seules celles qui acceptèrent d’être « civilisées » en abandonnant le nomadisme et les traditions ancestrales pouvaient rester sur place.

 

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Pendant près de quarante ans, les tribus indiennes vont résister et s’engager dans un combat désespéré pour sauver leurs terres.

La déportation des Indiens a également eu lieu dans les États du Nord.

Dans l'Illinois et le Wisconsin, par exemple, la guerre de Black Hawk en 1832 a ouvert à la colonisation blanche des millions de terres qui avaient appartenu aux Sauk, Fox et à d'autres nations autochtones.

 

Johnross   John Ross ou White Bird (en langue cherokee : Koowescoowe) 

John Ross, né d’un père émigré Ecossais et d’une mère, fille d’Écossais mais ayant du sang Cherokee, se lança dans la politique.

Selon la constitution, la Nation Cherokee fut créée en 1820 avec un système gouvernemental analogue aux Etats-Unis ayant un chef principal élu, des représentants officiels élus : un sénat et une chambre des représentants.

En 1828, John Ross fut élu en tant que chef de la Nation Cherokee et le restera jusqu’à sa mort.

 

La tribu Cherokee parvient aussi à se faire entendre grâce à un des leurs, Elias Boudinot, qui défendit la culture de son peuple et édita, depuis 1828 en langue anglaise et dans sa langue natale, le journal « Cherokee Phoenix ».

Le « Cherokee Phoenix » a été publié 260 fois, de 1828 à 1834, avec 30 % de sa pagination en Cherokee

 

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La nation Cherokee s’est dotée depuis 1821, à travers l’orfèvre Sequoyah, une langue avec un alphabet Cherokee qui favorisa le projet d’une constitution, commune aux cinq tribus dites « civilisées » en créant un état libre qui s’étendait sur le territoire Indien de l’actuel Oklahoma.

Suite à l’importance que prenait la Nation Cherokee qui faisait partie de l’organisation des Cinq tribus civilisées, le gouvernement des Etats-Unis se sentait « menacé » par ces indiens Cherokee créant une nation et voulant être l’égal des Blancs dans tous les domaines comme par exemple l’instruction.

Le gouvernement annonça le 20 décembre 1828 que les Indiens Cherokees ont accepté de céder aux Etats-Unis la terre de leurs ancêtres, l’Arkansas.

 

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En 1828, 10 000 hommes blancs envahissaient les terres Cherokees à Dahlonega en Georgie, provoquant une série d’incidents dont la violence allait croissante.

L’exécutif national a proscrit le gouvernement Cherokee et confisqua ses terres.

Le 3 décembre 1828, Andrew Jackson, démocrate, est élu Président des Etats-Unis.

Le 18 avril 1829, Jackson avait exhorté les Indiens Creeks soit de se soumettre aux lois de l’Alabama, soit de partir.

Il affirma « Vos frères blancs ne revendiqueront jamais ce territoire et vous pourrez y vivre, vous et vos enfants, aussi longtemps que poussera l’herbe et que coulera l’eau, dans la paix et l’abondance. Il sera à vous pour toujours ».

Le menteur !!

Puis c’est au tour du secrétaire à la Guerre, Eaton, de dire pareil à l’encontre des Cherokees de Georgie.

 

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Le 26 mai 1830, le président Jackson signa un texte de loi

« l’Indian Removal Act » (acte de déplacement des indiens) ordonnant la déportation des Amérindiens qui vivent sur les territoires des 13 états fondateurs et le Mississippi vers un territoire au-delà de ce fleuve, le Territoire Indien.

Il prétexta ainsi sauver les Indiens de l’extinction.

Selon cette loi, les tribus ont un droit perpétuel sur les terres de l’Ouest du Mississippi ainsi qu’une aide financière et leur sécurité garantie par le gouvernement.

 

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Le texte n’indiquait pas qu’il faille libérer les terres de l’Est, mais le déplacement des Indiens était déjà entamé depuis 1812, il sera encore accéléré.

Plus de 60.000 Amérindiens sont concernés.

Certaines voix d’opposants à leur expulsion se sont fait entendre pour défendre les Indiens de l'Est en l’occurrence parmi eux Davy Crockett dans le Tennessee.

En 1830, suite à cette opposition, il perdit son siège de représentant du Tennessee au Congrès.

 

Au début des années 1830, environ 125 000 Amérindiens (Native Americans) vivaient sur un million d’acres de terres en Georgia, au Tennessee, en Alabama, en North Carolina et en Florida, terres occupées et cultivées par leurs ancêtres depuis des générations.

 

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Le 18 mars 1831, on annonça la découverte d’importants gisements d’or sur les terres des Cherokees.

La tribu refusa de voir ses terres envahies par les prospecteurs et porta le litige devant les tribunaux.

Mais la cour suprême des Etats-Unis s’estime incompétente pour cette affaire et rejeta le recours en affirmant que la tribu Cherokee est une nation « intérieure vassale, une société politique distincte capable de gérer ses affaires internes » et qu’elle n’est pas assujettie aux lois de la constitution.

Par contre, l'arrêt de la Cour Suprême de Georgie reconnaissait la souveraineté des Cherokees mais le président Jackson refusa de le faire appliquer.

 

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L’exécutif de la Géorgie demanda alors au gouvernement américain de déporter les Indiens de leur terre ancestrale suite à la découverte de l’or dans l’état.

La Géorgie s’empressa également de faire voter des lois interdisant aux Indiens de creuser le sol pour chercher de l’or.

Le territoire des Cherokees fut alors réquisitionné par la Géorgie et les terres vendues par une loterie à laquelle les Indiens ne pouvaient pas participer.

 

Le 27 septembre 1830, les Choctaws signèrent le traité de « Dancing Rabbit Creek » qui les obligeait à quitter leur territoire ancestral mais leur permit d'obtenir en compensation la plus grande réserve indienne située à l'ouest du fleuve Mississippi.

Un premier contingent de Choctaw du Mississippi pliait bagages pour prendre la route de l’ouest.

Ils émigrèrent par trois vagues successives : 1831, 1832 et 1833.

Ce furent les signataires du traité de « Dancing Rabbit » qui émigrèrent et qui représentèrent une faible minorité de la Nation Choctaw.

Les autres Choctaws vont résister à la déportation jusqu’en 1834.

Ceux qui restèrent subirent des harcèlements de la part des Blancs avec des conflits juridiques, leurs maisons incendiées, leur bétail volé, leurs champs détruits ainsi que des violences physiques.

Par la suite, ils seront capturés et conduits de force sous escorte militaire dans de terribles conditions.

 

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Ainsi les Choctaw abandonnèrent 45 000 km2 de territoires (aujourd'hui dans l'État du Mississippi) et récupèrent 60 000 km2 situés à l'ouest du fleuve Mississippi.

En 1832, les Indiens Chicasaw partirent du Tennessee.

Ils se sont bien préparés et leur déplacement s’effectue dans de relatives bonnes conditions. Leur route fut beaucoup moins longue que pour les autres déportés.

Au printemps 1834, on confisqua la propriété du chef Cherokee White Bird (John Ross) pendant qu'il négociait à Washington.

 

En 1835, les Indiens Séminoles de Floride, commandés par le chef Osceola, refusèrent de se déplacer vers l’Ouest et déclenchèrent le début de la seconde guerre Séminole.

Ils dénoncèrent les traités antérieurs et ils ouvrirent les hostilités d’une guérilla meurtrière à partir des marais des Everglades.         

De 1837 à 1841, il y eut des départs échelonnés des Séminoles. Mais ceux qui résistent connaitront l’exil forcé à la pointe des baïonnettes.

En 1835, les Indiens de la tribu des Creeks durent partir à leur tour après une résistance à la déportation avec leur chef Opothle Yahola.

Les derniers déportés ont voyagé dans de terribles conditions dues au froid, à la maladie et aux différentes agressions.

Les creeks perdirent pratiquement la moitié de leur population.

 

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Le 29 décembre 1835, en Géorgie, le traité de « New Echota » ( du nom de l'ancienne capitale de la nation indienne Cherokee) est signé entre des représentants du gouvernement des Etats-Unis et des membres de la faction Ridge dont Elias Boudinot et quelques autres représentants de la Nation Cherokee qui espéraient ainsi préserver leur Nation, malgré l'opposition de John Ross et de la plupart des chefs.

 

Le traité prévoyait une indemnisation de 5 millions de dollars pour leurs terres actuelles, la prise en compte des frais de déménagement et l’octroi de terres dans l’état actuel de l’Oklahoma.

Suite aux objections de John Ross et des représentants officiels de la nation Cherokee, et fort de 15 000 signatures pour demander au congrès de refuser le traité, le sénat a néanmoins voté la loi par simple vote en mai 1836 et elle fut promulguée le 23 mai 1838.

Le président Van Buren donnera ordre au général Winfried Scott accompagné de 7000 soldats de déplacer de force tous les Cherokees.

En août 1837, les 465 Cherokees signataires du traité partirent vers l’Ouest.

 

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Le peuple Cherokee a donc été déplacé de force de leurs terres ancestrales du nord de la Géorgie et des Carolines vers le « Territoire Indien » de l’Oklahoma.

Ce déplacement des populations amérindiennes, appelé aussi la « piste des larmes », la « Trail Of Tears », concernait également les 4 autres nations dites « civilisées », les Choctaw, les Chikasaw, les Creek et les Séminole.

La période des déportations dura de 1831 à 1838.

 

                                   

 

Comme on pourrait le croire, le nom de "la piste des larmes" n’a pas comme origine les pleurs et les larmes versés par les Cherokees lors de leur pénible exode mais plutôt des larmes versées par ceux qui les voyaient passer et qui compatissaient avec leur misère.

Le chef Cherokee White Bird (John Ross, c’est pareil, c’est le même) obtint du président Van Buren que le peuple Indien puisse conduire lui-même sa migration, mais ce ne fut pas le cas.

En mai 1838, 18 000 Indiens sont rassemblés dans 31 forts de l'armée américaine, sans aucun bagage, puis enfermés dans 11 camps dans le Tennessee et l'Alabama, avant d'entreprendre la longue marche.

Les premiers convois ont subi le gel et la neige, les prochains souffriront de la sécheresse et de la chaleur.

 

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Sur cette longue route des larmes et de l’exil à marche forcée et à sens unique, les familles des déportés ont quelque fois pu s’entasser dans des chariots ou sur des chevaux mais tous les autres marchèrent à pieds et certains sont même enchaînés car jugés dangereux.

Environ 3000 déportés le furent en octobre 1838 par la voie fluviale sur le Mississippi vers leurs nouveaux territoires mais la majorité des hommes, femmes et enfants devaient parcourir le chemin à pied.

En novembre de la même année, les 5000 derniers arrivants restèrent bloqués sur la rive Est pendant tout l'hiver.

Les premiers groupes arrivèrent en janvier 1839 au Fort Gibson.

 

En 1838, le dernier contingent de Cherokee, environ

15 000 individus, partit par convoi sous bonne escorte des soldats, baïonnette au poing, avec pour tout bagage les vêtements qu’ils portaient sur eux.

Ils seront entassés dans quelque 645 chariots, alors que d’autres allaient pieds nus.

Les chariots les conduisirent en un sinistre cortège au-delà du Mississippi.

Beaucoup d'enfants moururent en route.

 

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Ils furent parqués comme du bétail dans des enclos où au moins 4000 d’entre eux moururent de faim, de froid, de maladie ou d’épuisement.

Des épidémies de rougeole et de choléra alourdirent encore plus le bilan.

Le typhus, la dysenterie et d’autres épidémies sévissaient également et faisaient le reste.

Les rescapés ne verront plus jamais la terre de leurs ancêtres.

On estime qu’environ 18 000 Cherokee, plus les autres nations déjà citées, furent déportés.

 

Les soldats qui encadrèrent les exilés étaient censés les protéger mais la plupart d’entre eux ne se préoccupèrent que de l’avancée du convoi.

La nourriture est détournée ainsi que les couvertures et les vêtements chauds.

Aucun soin n’a été donné aux malades par les médecins accompagnateurs.

Les malades et blessés qui gênaient l’avancée des convois furent laissés sur place ou même parfois abattus.

Les Indiens n’avaient pas le droit d’enterrer leurs morts.

 

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Entre 4000 et 6000 Indiens sont morts pendant ce « Trail of Tears ».

Environ un millier de Cherokee parviendront à se cacher dans les Great Smoky Mountains en Caroline du Nord et vivront de la chasse et de la cueillette.

Ils vont avoir le droit, par la suite, de rester sur ces terres. Leurs descendants constituent la tribu des Cherokees de la réserve de Qualla dans les Smoky Hills.

 

En 1838, un Indien déporté sur 4 n’arrivera jamais au bout du voyage sur la piste des larmes.

Pour dire, à cette époque les « Blancs » bien-pensants avaient des débats savants pour savoir si un Indien était un humain et s’il avait une âme !

 

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La distance totale parcourue est d’environ 1750 kilomètres soit 1500 km effectués en 153 jours par les Cherokee.

L'itinéraire total de l’ensemble des pistes était long de 3 540 km et parcourait 6 États.

 En juin 1839 eut lieu l’assassinat de John Ridge, Major Ridge et Elias Boudin.

 

La ligne de colonisation des Blancs s’est petit à petit déplacée vers l'Ouest et le « Territoire Indien » a reculé également et a fortement diminué.

En 1907, l'Oklahoma devint un état à part entière et le fameux « Territoire Indien » était parti pour de bon, disparu.

Pour commémorer l'événement de la « piste des larmes », le Congrès américain a créé en 1987 le « Trail of Tears National Historic Trail ».

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Après ce crime organisé et planifié « ce génocide », la résolution adoptée par le Sénat américain en octobre 2009, présentant aux descendants de la Nation Indienne les excuses de la Nation Américaine, n'y changea rien.

 

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