MARY FIELDS
ARTICLE DE ROLAND ROTH
MARY FIELDS
Mary Fields, également connue sous le nom de Stagecoach Mary (Mary la diligence) et de Black Mary (Mary la noire), est née vers 1832 et décédée le 5 décembre 1914.
Le problème avec le surnom de « Stagecoach Mary » est que Mary Fields n'a jamais conduit de diligence. L'appellation est donc erronée.
Elle a été la toute première factrice, employée comme postière longue distance afro-américaine des États-Unis et la deuxième femme à travailler pour le service postal des États-Unis.
Esprit libre et femme de cran, elle occupe cette fonction en pleine Conquête de l'Ouest à travers des territoires sauvages et dangereux.
Mary Fields est née esclave vers 1832 dans le comté de Hickman au Tennessee.
On ne sait rien de sa famille et très peu du début de son existence.
Elle est esclave jusqu'à l'abolition de l'esclavage en 1865 après la guerre de Sécession ou elle est affranchie.
Après la fin de la guerre civile, Mary Fields, grande et forte, (elle mesurait 1,82 m et pesait environ 90 kg), aimait fréquenter régulièrement les saloons et fumer des cigares et elle était amatrice de whiskey.
On disait de Mary Fields qu'elle était aussi « noire qu'une prairie brûlée ».
Elle avait généralement un pistolet attaché sous son tablier et une cruche de whiskey à ses côtés.
Elle a un caractère fort et n'hésite pas à jouer des poings si elle a besoin de se défendre.
Dans les saloons où elle a ses habitudes dans le Montana, elle aime lancer un pari : cinq dollars et un verre de whiskey si elle peut assommer n'importe quel cow-boy avec un seul coup de poing.
Puis Mary travaille comme femme de chambre quelques temps sur un bateau à vapeur naviguant sur le Mississippi, le « Robert E. Lee ».
Là, elle a rencontré le juge Edmund Francis Dunne.
Mary travaille alors comme domestique chez le juge Dunne.
À la mort de l'épouse du juge, Joséphine, décédée en 1883 à San Antonio en Floride, Mary Fields est envoyée vivre avec les cinq enfants de la famille chez leur tante Mère Mary Amadeus, la mère supérieure d'un couvent d'Ursulines à Toledo dans l'Ohio.
En 1884, Mère Amadeus a été envoyée dans le territoire du Montana.
Elle va y établir une école pour les filles amérindiennes à la mission St. Peter's Mission, à l'ouest de Cascade.
Apprenant qu'Amadeus était atteinte d'une pneumonie, Mary Fields se précipita dans le Montana pour la soigner.
Elle montait à bord d'un train à Toledo par une sombre nuit d'hiver en 1885.
Trois jours plus tard, Mary débarque du Great Northern à Helena dans le Montana avec deux jours de voyage supplémentaires.
Des chariots tirés par des attelages de deux chevaux et un traîneau à harnais unique l'ont amenée à destination à travers de profondes couches de neige.
Mère Amadeus s'est rétablie et Mary Fields est restée à St. Peter's et s'y installe.
Elle a passé des années à travailler comme jardinière à l'école du couvent.
Une inscription dans les annales des Ursulines mentionne : « Mary Fields a fait tout ce que nous ne pouvions pas faire. »
Elle y assume plusieurs rôles considérés comme des « travaux d'hommes » à l'époque, de nombreuses tâches physiques telles que l'entretien ou les réparations de bâtiments, la recherche de fournitures et le transport de marchandises.
Elle transportait couramment du bois, des pierres, des outils et de la quincaillerie, des produits médicinaux, des marchandises et des passagers occasionnels, un travail que peu de pionniers pouvaient accomplir.
Mary Fields occupait tellement de fonctions comme :
Consultante en agriculture et jardinage :
Elle a planté et entretenu de grands jardins d'herbes aromatiques et de légumes pour nourrir l'ensemble de la population d'environ 200 personnes au plus fort des opérations.
Éleveuse : Elle contribuait aux soins du bétail : chevaux, bovins, moutons et poulets.
Mentore : Confidente des filles indiennes et métisses, Mary a été félicitée (dans les archives) pour son amour des jeunes et sa popularité auprès d'eux.
Musicienne : Mary lisait la musique et jouait de la guitare, du banjo et de l'harmonica.
Soignante : Mary a soigné des filles indiennes, métisses et blanches pendant les épidémies et les quarantaines de scarlatine, de tuberculose et de diphtérie.
Lavandière : Elle enseignait aux élèves les techniques et les procédures de lessive et supervisait leur travail pour livrer des vêtements lavés et repassés pour elles-mêmes, les Ursulines et les pères jésuites voisins en charge des élèves masculins des pensionnats.
Protectrice : Tireuse d'élite respectée, Mary a fourni des compétences expertes en matière de fusil et d'arme de poing.
Elle était également bonne cuisinière.
Mary conduisait régulièrement les chevaux de la mission avec n'importe quel véhicule disponible (buckboard, buggy ou chariot de ferme de fortune) à travers un pays si accidenté qu'il fallait des connaissances et un courage remarquables pour éviter un certain nombre de catastrophes.
C'est en effet elle qui ravitaille le couvent en allant chercher les provisions à la gare la plus proche ou dans des grandes villes voisines.
Ces trajets nécessitent parfois de faire route de nuit et Mary doit traverser des territoires peuplés de bêtes sauvages, voire de bandits ou de cowboys saouls.
Pour se défendre, elle voyage toujours armée.
Une nuit, elle est attaquée par des loups mais parvient à sauver sa vie et sa cargaison. Elle et ses chevaux ont été blessés par ces attaques de loups et des accidents de chariot et se sont retrouvés plus d'une fois, seuls dans l'obscurité des prairies, se frayant un chemin dans la neige et des vents de blizzard allant jusqu'à 70 miles à l'heure à des températures inférieures à zéro.
Les peuples amérindiens la surnommaient « White Crow » « Le corbeau blanc » parce qu’« elle agissait comme une femme blanche tout en ayant la peau noire ».
Les Blancs locaux ne savaient pas quoi penser d'elle.
Son esprit libre et son caractère fort, additionnés au racisme ambiant, font qu'elle n'est pas toujours bien considérée par la communauté locale.
Une écolière a écrit à propos d'elle un essai disant : « Elle boit du whiskey et elle jure et elle est républicaine, ce qui fait d'elle une vile créature basse et immonde. »
En 1894, après plusieurs plaintes, un incident éclate avec un travailleur qui s'en prend à Mary en public, dans un des saloons locaux dans lequel elle a ses habitudes.
Se plaignant d'être moins payé qu'elle, il l'accuse de ne pas mériter son salaire, pour trois raisons en particulier :
elle est noire, elle est une femme et elle est impétueuse.
Le travailleur adresse la même plainte directement à l'évêque ne dépendant pas des Ursulines.
Une fusillade à l'arme à feu éclate entre les deux et l'homme est blessé.
L'évêque décide alors de renvoyer Mary et d'augmenter le salaire du blessé.
En effet, en juillet 1894, le premier évêque catholique du Montana, le révérend John Baptist Brondel, utilisa sa position pour contourner l'autorité de Mère Amadeus sur la communauté des Ursulines lorsqu'il envoya une lettre à Mary Fields en déclarant qu'il avait reçu des plaintes concernant sa mauvaise conduite et lui ordonnait, après avoir été la championne inébranlable de la mission pendant près d'une décennie, de partir immédiatement.
Mais Mary Fields est devenue une personnalité publique respectée à Cascade et le jour de son anniversaire, chaque année, la ville fermait ses écoles pour la célébrer.
Lorsque le Montana a adopté une loi interdisant aux femmes d'entrer dans les saloons, le maire de Cascade lui a accordé une exemption.
Après avoir quitté le service postal en 1903, Mary Fields alors âgée de 71 ans, possédait son propre commerce de blanchisserie à domicile et elle continue de garder de nombreux enfants à Cascade.
Mère Amadeus l'aide à ouvrir un restaurant dans la ville voisine de Cascade. Mary Fields y sert de la nourriture à tout le monde (même aux personnes démunies).
Un jour, voyant passer dans la rue un mauvais payeur qui n'a pas réglé sa note, elle quitte le saloon pour le rejoindre et l'assomme d'un seul coup de poing, à l'âge de 72 ans. Elle dit par la suite à ses compagnons que la satisfaction du geste valait bien la note.
Comme les bénéfices ont diminué en permettant aux pauvres de dîner gratuitement, le restaurant a fermé pour cause de faillite environ 10 mois plus tard.
LE SERVICE POSTAL
En 1895, bien qu'âgée d'une soixantaine d'années, Mary Fields a été embauchée comme factrice, un emploi de « Star Route Carrier », parce qu'elle était la candidate la plus rapide à atteler un attelage de six chevaux.
Elle devient la première femme afro-américaine à travailler pour le service postal américain.
Elle n'était pas une employée du département des postes des États-Unis qui n'embauchait ni n'employait de facteurs pour les itinéraires, mais attribuait plutôt des contrats d'itinéraire aux personnes demandant les rémunérations les plus basses et qui prenaient à leur charge les frais de
déplacement.
Le plus offrant effectuait alors la mission lui-même ou la sous-traitait.
Mary Fields avait le contrat de route d’un trajet de 34 miles pour la livraison du courrier américain de Cascade, Montana, à la mission Saint Peter.
Elle a effectué cette route pendant deux contrats de quatre ans, de 1895 à 1899 et de 1899 à 1903.
Les « messagers » qui conduisaient sur ces routes ardues étaient très respectés pour leurs capacités. La livraison du courrier aux États-Unis était protégée par la juridiction fédérale.
Mary a emprunté cette route pendant ses deux mandats de quatre ans, parcourant la route en conduisant un cheval et une charrette et un mulet nommé Moïse, jamais une diligence, sur le terrain rocheux de Birdtail, offrant un service fiable à un nombre croissant de résidents.
Mary devait livrer le courrier dans le climat impitoyable du Montana.
Si la neige était trop épaisse pour ses chevaux, Mary Fields livrait le courrier en raquettes en portant les sacs de courriers sur ses épaules.
Elle portait plusieurs armes à feu, notamment un .38 Smith & Wesson sous son tablier et aussi une carabine Winchester pour se protéger et protéger le courrier des loups, des voleurs et des bandits de grand chemin.
En 1897, l'artiste et peintre cow-boy Charles M. Russell a esquissé un dessin à la plume et à l'encre intitulé « A Quiet Day in Cascade » qui représentait Mary renversée par un porc, des œufs renversés de son dos sur la rue poussiéreuse. Selon des récits oraux, Mary, bouleversée par l'image insultante, a déclaré qu'aucun incident de ce genre ne s'était jamais produit.
En 1910, Mary a accepté la demande de l'équipe de baseball de la ville pour devenir la mascotte des Cascade Cubs.
En plus d'huiler les bâtons et de laver et repasser les uniformes de l'équipe, Mary a façonné ses fleurs locales en boutonnières pour chaque joueur des Cubs et les a encouragés depuis les lignes de touche.
À la fin de chaque match, elle remettait un bouquet de victoire aux équipes gagnantes.
Le 17 février 1912, l'ancienne factrice Mary Fields s'est rendue au bureau de poste et s'est inscrite sur les listes électorales. Bien que sa maison ait brûlé en moins d'un mois après, de bons amis et voisins lui en construisirent une nouvelle.
Mary Fields n’a jamais été mariée.
Elle était une fervente catholique, même si elle préférait la compagnie et les activités des hommes locaux aux sœurs et à leurs attributs religieux.
Lorsqu'elle a pris sa retraite à Cascade dans le Montana, passant la plupart de son temps à jardiner, elle s'est liée d'amitié avec Gary Cooper, le célèbre acteur hollywoodien qui, enfant, a grandi avec elle comme voisine. C’est lui qui a relayé en 1959, le magazine Ebony qui a publié un article sur « Stagecoach Mary ».
Son décès :
Mary Fields, « Stagecoach Mary », meurt d'une insuffisance hépatique le 5 décembre 1914 à l'hôpital Columbus de Great Falls dans le Montana à environ 40 km de sa ville, à l'âge de 82 ans.
Ses funérailles ont été bien suivies et étaient parmi les plus importantes que la ville n’ait jamais connues.
Les nécrologies locales l'ont commémorée en l'appelant
« Stagecoach Mary », « Cascade Cubs Mascot » et leur « Town Mascot », des surnoms qui ont continué à objectiver l'extraordinaire femme de la frontière.
Des voisins l'ont enterrée au cimetière Hillside à Cascade, avec des bouquets de fleurs, marquant l'endroit avec une simple croix en bois avec une petite croix d'étain sans aucune identification spéciale.
Compte tenu des limites que la société lui impose en raison de sa couleur de peau et de son sexe, Mary Fields se démarque comme une femme qui était bien en avance sur son temps au Far West.
Au fil des décennies, la connaissance de Mary Fields et de ses réalisations dévouées s'est estompée.
À l'occasion, les publications commémoratives réitèrent la légende, souvent en conjonction avec l'histoire régionale des Ursulines.
Pour corriger quelques-unes des affirmations de la légende de « Stagecoach Mary » :
Mary n'était pas une violente et ne participait pas aux fusillades. Elle était forte, dure, fumait des cigares et portait des manteaux et des chapeaux d'homme juste pour rester au chaud.
Sa force inébranlable et sa positivité ont généré confiance et bonne volonté.
Sa vie incarne la force de l'esprit humain.
FILMS
• Dans le documentaire télévisé South by Northwest, "Homesteaders" (en 1976), Mary Fields a été interprétée par Esther Rolle.
• Dans le téléfilm “The Cherokee Kid" ( en 1996), Mary Fields a été jouée par Dawnn Lewis.
• Dans le téléfilm “Hannah's Law" (en 2012), elle a été interprétée par Kimberly Elise.
• Dans le court western “They Die By Dawn" (en 2013) Mary Fields a également été jouée par Erykah Badu.
• Dans le film “The Harder They Fall" (en 2021), elle est interprétée par Zazie Beetz.
• Dans le film “Outlaw Posse" (2024), elle est jouée par Whoopi Goldberg.
LITTERATURE
• « Stagecoach » Mary Fields, un scénario de Georgianne Landy-Kordis
• Une biographie pour enfants, Fearless Mary: The True Adventures of Mary Fields, American Stagecoach Driver de Tami Charles
• Stagecoach Mary, un recueil de contes surnaturels dans le style pulp-fiction de Jess Nevins
• The Life and Legend of Mary Fields, Source: Sunny Nash, Mother Amadeus and Stagecoach Mary True West Magazine, en 1996, True West Publications, Cave Creek AZ.
• Un livre biographique, “Mary Fields: The Story of Black Mary” de James A. Franks.
• En 1959, l'acteur et natif du Montana Gary Cooper a écrit un article pour « EBONY » dans lequel il a écrit : « Née esclave quelque part dans le Tennessee, Mary a vécu pour devenir l'une des âmes les plus libres à avoir jamais respiré ou avoir un .38. »
MUSIQUE
• Mary Fields est le sujet de la chanson du compositeur Michael Hearst's dans le titre "Stagecoach Mary", dans le cadre de son projet « Extraordinary People » en 2015.
TELEVISION
• Dans cinq épisodes de la série TV AMC, "Hell On Wheels" (2011–2016), Mary Fields a été jouée par Amber Chardae Robinson.
Date de dernière mise à jour : 22/03/2025