CHAMEAUX AU FAR WEST
ARTICLE DE ROLAND ROTH
Ceci est l'histoire des dromadaires dans le sud-ouest américain, de l'expérience faite au milieu des années 1800 pour utiliser le dromadaire d'Arabie comme bête de somme dans les plaines arides de l'Arizona, du Texas, du Nouveau-Mexique et des déserts du fleuve Colorado.
Nota : Quand je parle de « chameaux », il faut traduire par dromadaires. La langue anglaise utilise usuellement le terme « camel » pour le dromadaire et le chameau (et non dromedary).
Le principal promoteur du projet était Jefferson Davis qui deviendra le Président de la Confédération du sud une décennie plus tard.
Il avait espéré qu'il révolutionnerait les voyages et les transports dans les déserts américains.
Lors de la session du Congrès en 1851, lorsque le projet de loi de crédits de l'armée était à l'étude, le secrétaire à la Guerre et sénateur du Mississippi sous la présidence de Pierce, Jefferson Davis a tenté de persuader le Sénat et proposa un amendement pour se pencher sur l'utilisation de dromadaires pour l'armée américaine avec l'achat et l'introduction de 30 chameaux (à deux bosses) et 20 dromadaires avec dix chameliers arabes et l'équipage nécessaire.
En proposant son amendement, Davis a tenté de persuader le Sénat que ces animaux étaient utilisés dans divers pays d'Asie et d'Afrique comme bêtes de somme mais surtout qu'ils étaient utilisés par les Anglais dans les Indes orientales pour transporter des fournitures de l'armée et souvent pour porter des fusils, des munitions et armements légers et que les dromadaires étaient également utilisés par Napoléon dans ses campagnes égyptiennes.
Les « chameaux » auraient pu être amenés à transporter de petites pièces de munitions avec une grande facilité et faire tout ce qu'ils étaient capables de faire en Orient où ils avaient l'habitude de manger les arbustes les plus rustiques et de boire le même genre d'eau saumâtre qui existait dans certaines parties des déserts occidentaux des Etats-Unis.
Davis proposait que ces animaux pourraient être utilisés pour les campagnes contre les Amérindiens sur la frontière occidentale.
Il pensait poursuivre, traquer les bandes d’Indiens, en voyageant avec des « chameaux » à une vitesse de dix à quinze miles à l'heure, sans boire de l’eau pendant cent miles et sans se reposer, ce que la cavalerie ne pouvait pas faire.
Le territoire du sud-ouest des États-Unis était en pleine expansion et on pensait que les « chameaux » pouvaient être utilisés pour porter au moins deux fois plus de poids que les chevaux ou les mulets.
En plus, les « chameaux » pourraient transporter le courrier et des convois de passagers à dos de « chameaux » pourraient être instaurés pour aller du fleuve Missouri à la côte du Pacifique.
Jefferson Davis a prétendu que le « chameau » était censé faire le plein en eau à la rivière Missouri et traverser tout le pays indépendamment des points d'eau et refaire le plein dans les plaines du côté du fleuve Colorado, puis, après une traversée tranquille à travers le désert, il débarquerait ses passagers dans les villes de la côte californienne dans les deux semaines à compter du moment du départ.
Plus besoin de mourir de soif dans les déserts ou de froid dans les neiges des Sierras.
Les convois de « chameaux » élimineraient tout cela et résoudraient le problème du transport jusqu'à la construction du chemin de fer du Pacifique.
Davis obtint des rapports d'officiers de l'armée stationnés sur la frontière sud-ouest concernant la perte d'animaux dans les plaines, le coût du transport des fournitures et la possibilité d'utiliser le « chameau » pour la traque des Indiens.
Ces rapports ont été présentés au Congrès qui a autorisé l'envoi d'une commission de San Antonio au Texas à l'Arizona pour déterminer l’utilité militaire que pourrait avoir les « chameaux » dans le sud-ouest.
Thomas Ewing de l'Ohio a exprimé l'opinion que le climat était trop froid pour le « chameau » tandis que Robert Rantoul du Massachusetts n'avait aucun doute que le « chameau » pourrait être utile mais pensait que 200 $ par unité étaient suffisants.
L'amendement a été rejeté avec 19 pour et 24 contre.
Malgré le rejet de la proposition par les sénateurs, les journaux californiens ont commencé à promouvoir l'idée.
Ils ont démontré qu'il était possible de former un « camel express » pour transporter le courrier rapidement et apporter les journaux et les lettres de l'est en Californie en 15 jours.
En 1854, après un rapport favorable de la commission des officiers de l’armée du Texas, le congrès a finalement accepté la proposition en adoptant un projet de loi et en allouant 30 000 $ pour cette expérience et l’achat et l’importation de « chameaux ».
En décembre 1854, le major C. Wayne est envoyé en Egypte et en Arabie pour acheter 75 dromadaires.
Il a acheté le premier lot au Caire et les a emmenés dans le navire cargo « Supply » en naviguant jusqu'à Smyrne (Izmir) en Turquie où 30 autres utilisés dans les déserts arabes ont été achetés.
Ils coûtaient entre 75 et 300 dollars chacun, un peu plus que ce qui avait été payé pour le lot égyptien. Le navire, avec son chargement de dromadaires, atteignit le 10 février 1857, Indianola dans le golfe du Mexique au Texas.
Trois animaux sont morts pendant le voyage, laissant 72 dromadaires dans le troupeau pour être utilisés à transporter des fournitures dans le sud-ouest américain.
Environ la moitié d'entre eux ont été amenés à Albuquerque au Nouveau-Mexique.
Durant l’été 1857, l’officier commandant du Fort Davis au Texas accueille en ses murs d’autres dromadaires importés du Moyen Orient.
Ces animaux font partie des dromadaires constituant le Camel Corps, institué par l’Etat-major en mars 1854 et rattaché à la cavalerie.
L'ancien lieutenant de la marine Edward Fitzgerald Beale a été chargé par le secrétaire Floyd de prendre 25 chameaux pour une expédition allant de Camp Verde à San Antonio, puis à Fort Davis, à El Paso toujours au Texas et à Albuquerque dans le territoire du Nouveau-Mexique à Fort Defiance.
L'expédition quitta San Antonio le 25 juin 1857 et un convoi de chariots tiré par des mules accompagnait les 25 « chameaux ».
Chaque « chameau » portait une charge de 270 kg.
Les commentaires positifs de Beale sur le succès de l’expédition ont amené Floyd à signaler au Congrès que les « chameaux » avaient prouvé leur avantage comme moyen de transport et il a recommandé que le Congrès autorise l'achat d'un 1 000 animaux supplémentaires.
Mais le Congrès a refusé.
En automne 1857 une autre expédition a été montée sous le commandement du lieutenant Beale pour se rendre à Fort Tejon près de Los Angeles en Californie.
La route, connue sous le nom de Beale's Wagon Road, traversait le désert de Mojave et fut sensiblement la même que la route 66 qui suivra plus tard.
L'expédition comprenait 44 personnes avec une escorte de 20 soldats, les « chameaux » transportant les bagages, les provisions et l'eau.
Avec cette charge, ils parcouraient de 30 à 40 miles par jour, voyageaient à une vitesse de 16 miles à l'heure et se retrouvaient sans eau de six à dix jours.
L'expédition de quatorze « chameaux » est arrivée sans encombre à Fort Tejon le 8 janvier 1858 avec des provisions pour ce camp.
La caravane de « chameaux » a fait plusieurs voyages entre Fort Tejon et Albuquerque.
Beale utilisa les chameaux à diverses fins dans son ranch près de Bakersfield en Californie.
Il a fait une offre pour garder les « chameaux » de l'armée sur sa propriété mais le secrétaire à la guerre de l'Union, Edwin Stanton, a rejeté cette offre.
Une moitié du troupeau était utilisée dans les plaines du Texas et dans le sud de l'Arizona.
Les promoteurs du projet d'utiliser le « chameau » en Amérique, ont commis une erreur fatale.
Ils ne mettaient en avant que ses vertus alors que ses vices n'étaient pas pris en compte.
Une erreur a été faite de ne pas importer de méharistes arabes avec les dromadaires.
Dès la première rencontre du « chameau » et des muletiers américains qui devaient se transformer en méharistes, il se développa entre l’animal et l’homme une antipathie mutuelle.
Un des désaccords entre les deux concernait la langue. Les invectives vigoureuses et brutales des anciens muletiers irritaient les nerfs et les sentiments les plus fins du « chameau ».
On pensait que les déserts égyptiens et de l’Arizona étaient assez similaires. Mais pas du tout !
Les dromadaires ne sont pas faits pour le sol rocailleux du désert américain.
Leurs coussinets des pieds sont trop mous et se font couper par les pierres lorsqu’ils marchent ou courent.
Les « chameaux » se sont donc plus ou moins bien adaptés pour voyager dans la région, mais leur habitude de faire peur et terroriser les chevaux et mules et leur tendance à s'égarer pendant la nuit, les rendaient très impopulaires parmi les chameliers américains improvisés et les soldats.
Les « chameaux » pouvaient transporter près d’une tonne de marchandise mais, lourdement chargés, ils peinaient sur les pistes étroites et des tonnes de fournitures étaient dispersées sur des kilomètres et les malheureux conducteurs de « chameaux » devaient ramasser la cargaison éparpillée.
Les chevaux et mulets de l'armée partageaient l'antipathie des conducteurs pour les trotteurs du désert d'Arabie.
Chaque fois que l'un des « chameaux » venait à trotter devant un corral de chevaux et se mit à blater, chaque cheval du corral était pris d'effroi et se détachait pour s’échapper dans les plaines.
Tous ces inconvénients n’ont pas fait aimer le « chameau » aux soldats de l’armée qui le détestait, le méprisait et souvent le persécutait.
Les soldats chameliers ont déclaré concernant leurs droits, que rien dans le règlement de l'armée ne pouvait contraindre les soldats américains à devenir des chameliers arabes !
Finalement aucune tentative connue n'a jamais été faite pour utiliser le « chameau » dans le but que Jefferson Davis avait imaginé qui était celui de chasser et poursuivre les Indiens et d’utiliser contre ceux-ci l'artillerie légère attachée sur le dos des animaux.
Au lieu du « chameau » chassant l'Indien, l'Indien chassait le « chameau » car il avait appris à aimer les steaks et les ragoûts de celui-ci.
Il est devenu évident pour les officiers de l'armée que l'expérience du « chameau » était un échec.
Chaque tentative d'organiser une caravane aboutissait à une mutinerie naissante parmi les soldats et les coéquipiers.
Les « chameaux » ont été utilisés jusqu'à ce que la guerre civile éclate.
Des expéditions furent ainsi programmées comme celle en mai 1859 pour une reconnaissance de la zone entre la rivière Pecos et le Rio Grande en utilisant les 24 « chameaux » disponibles au Texas accompagnés de 24 mules.
Le 15 juin, après Camp Hudson, l'expédition partit de Fort Stockton pour l'embouchure d'Independence Creek pour tester la capacité des « chameaux » à survivre sans eau.
La distance parcourue était d'environ 85 miles à une vitesse de 4 miles par heure.
Le groupe s'est ensuite mis en route pour un voyage de 114 miles et quatre jours jusqu'à Fort Davis, près du Rio Grande.
Au cours du voyage, l'un des chameaux a été mordu à la patte par un serpent à sonnette, la blessure a été soignée, sans problème pour l'animal.
Après un repos de trois jours, l'expédition est retournée directement à Fort Stockton.
Une autre reconnaissance a commencé le 11 juillet 1859 de Fort Stockton à San Vicente au Texas, arrivant le 18 juillet. L'expédition a parcouru environ 24 miles par jour pendant sept jours sur un terrain extrêmement accidenté.
Le 24 juin 1860, Robert E. Lee qui était encore officier de l'armée américaine et commandant temporaire du département du Texas, ordonna une autre reconnaissance entre le camp Hudson et le fort Davis avec 20 « chameaux » et 25 mulets.
Trois mulets sont morts au cours de cette expédition mais tous les chameaux ont survécu.
La reconnaissance ordonnée par Lee était la dernière utilisation à longue distance des « chameaux » avant le déclenchement de la guerre civile.
Au début de la guerre civile, on a tenté d'utiliser les chameaux pour le transport du courrier entre Fort Mohave dans le Territoire du Nouveau - Mexique et New San Pedro, en Californie mais la tentative a échoué après que les commandants des deux postes n’étaient pas d’accord.
Le 28 février 1861, Camp Verde est tombé dans les mains des confédérés. Le commandant confédéré avait fait une demande pour 12 mulets, 80 chameaux et deux chameliers égyptiens.
Les animaux devaient être utilisés pour le transport des bagages et marchandises.
Mais on pense que cette utilisation n’avait jamais eu lieu.
Par contre, les troupes rebelles qui ont occupé le Camp Verde, ont capturé plusieurs des « chameaux » restants, les utilisant pour transporter le sel et le courrier autour de San Antonio.
Lorsque les troupes de l'Union ont réoccupé Camp Verde en 1865, on estimait à plus de 100 chameaux présents au camp.
Les « chameaux » ont beaucoup souffert aux mains de leurs ravisseurs qui avaient une aversion intense pour les animaux. Ils ont été gravement maltraités et quelques-uns d'entre eux ont été délibérément tués.
Lorsque la guerre civile a éclaté, 35 à 40 « chameaux » ont été rassemblés dans les forts de Camp Verde, Fort Bliss, Fort Yuma en Arizona et au Texas.
Durant la guerre de Sécession, le Camel Corps est finalement très peu utilisé.
Les autorités des deux camps décident de laisser tomber l'acquisition de « chameaux ».
Ils préfèrent utiliser les budgets au niveau de l'équipement traditionnel.
Le Nord se refuse à utiliser les « chameaux » autant pour des raisons politiques que techniques.
En effet, l’unité est associée à Jefferson Davis devenu entre-temps le président de la Confédération du Sud.
L’Etat-Major nordiste répugne à utiliser une idée venant d’un sudiste.
Par ailleurs, les principales bases se situent dans les Etats sudistes.
En plus, les « chameaux » sont très mal vus par les citoyens à cause de leur odeur nauséabonde.
Les soldats sont davantage habitués aux chevaux et aux mules plus dociles, sans parler du prestige de la cavalerie.
Les marchands de chevaux, notamment du Texas, exerçaient des pressions sur les dirigeants à Richmond. Ils craignaient que les dromadaires les conduisent à la faillite.
Néanmoins, l’armée sudiste les emploie tout de même par intermittence afin de transporter le matériel, faute d’un réseau ferré suffisamment développé.
Le troupeau près de Fort Tejon, au nombre de 31 « chameaux », a été transféré au Los Angeles au « Quartermaster Depot » le 17 juin 1861.
Au cours des trois années suivantes, les « chameaux » ont été bien nourris et ont continué à se reproduire, fréquemment transférés de poste en poste qui ne savaient pas quoi en faire.
Plusieurs recommandations pour les utiliser pour le service de courrier ont été proposées, mais jamais adoptées.
Les frais d'alimentation et de soins des animaux inutilisés sont finalement devenus trop élevés et le secrétaire à la guerre Edwin M. Stanton a ordonné qu'ils soient vendus aux enchères publiques.
La guerre civile a donc effectivement mis un terme à l'expérience du « chameau ».
Le 26 février 1864, les 37 « chameaux » restant de Californie sont vendus pour 1 945 $, soit 52,56 $ la bête.
Les 44 « chameaux » survivants du Camp Verde ont finalement été récupérés à la fin de la guerre.
Le 6 mars 1866, ils furent également mis aux enchères, rapportant 1 364 $, soit 31 $ par animal.
Mais lorsque les forts de l'est ont été abandonnés par le gouvernement, beaucoup de « chameaux » ont été lâchés dans la nature.
Ceux de Fort Yuma et de Fort Tejon ont été emmenés à l'arsenal de Benicia, condamnés eux aussi à être vendus aux enchères au plus offrant.
Ils ont été achetés par deux Français qui les ont emmenés à Reese River au Nevada où ils ont été utilisés pour transporter le sel à Virginia City au Nevada.
Par la suite, ils ont été emmenés en Arizona et, pendant un certain temps, ils ont été utilisés pour transporter le minerai de la mine de Silver King de la Gila river jusqu'à Yuma en Arizona.
Mais malgré la patience des Français, ceux-ci les lâchèrent également en libérant tout le troupeau dans le désert près de Maricopa Wells.
L’achèvement du chemin de fer transcontinental en 1869 a définitivement mis un terme à l’utilisation des « chameaux » militaires.
Les « chameaux » se sont retrouvés dans des cirques, faisant des promenades aux enfants ou courant dans des courses de « chameaux » ou encore se retrouvant dans des ranchs privés ou travaillant comme bêtes de somme pour les mineurs et les prospecteurs.
Ils sont devenus un spectacle familier en Californie, dans le sud-ouest, le nord-ouest et même en Colombie-Britannique au Canada, leur étrange apparence attirant souvent des foules de curieux.
Finalement, lorsque la curiosité s'est dissipée ou que leurs nouveaux propriétaires n'ont tout simplement plus envie ou besoin d'eux, de nombreux chameaux ont été lâchés dans la nature et dans le désert ou tout simplement abattus.
En 1882, plusieurs « chameaux » sauvages ont été capturés en Arizona et vendus à un cirque, mais quelques-uns ont survécu pour errer dans les régions désertiques du sud de l'Arizona et du Sonora au Mexique.
Pendant des années, les soldats des garnisons du Nouveau-Mexique et de l'Arizona rapportaient avoir vu des « chameaux » sauvages dans les plaines et dans les cactus.
Tous les rapports de l’époque ont souligné que les animaux étaient devenus blancs avec l'âge, leurs peaux ayant pris un aspect dur et coriace et les sabots sont également devenus durs, contrairement aux coussinets du « chameau » bien entretenu.
Tout au long de la fin du 19ème siècle, des voyageurs de l’ouest américain ont certifié avoir vu des « chameaux » dans les déserts de Sonora et de Mojave.
Suite à cela, un certain nombre de légendes et d'histoires ont commencé à circuler et abonder à propos de ces soi-disant horribles bêtes, comme
des personnes apercevant un « chameau » roux géant, le "Red Ghost", portant un cavalier sans tête, dans les déserts de l'Arizona.
L'histoire du « Red Ghost » commence un matin de 1883 dans un ranch isolé au sud-est du territoire de l'Arizona.
Un matin, deux hommes sont allés vérifier leur bétail éparpillé.
Leurs femmes, deux sœurs et les enfants étaient restés au ranch.
En général les femmes géraient la vie quotidienne du ranch comme par exemple la collecte de l'eau à la source voisine.
Ce fut le cas ce matin-là quand l'une des sœurs qui marchait péniblement vers la source avec le seau à la main, tandis que l'autre restait dans la maison.
Soudain, ce fut le chaos près du corral du ranch. Courant vers la porte de la maison, une sœur a été témoin de ce qu'elle décrira plus tard «El Diablo».
Un homme momifié était assis à califourchon sur une bête rouge, plus grande qu'un cheval, apparemment un « chameau ».
La bête, enragée par les aboiements des chiens du ranch, a brisé le corral, en courant vers la source. Craignant pour sa vie, la femme a fermé la porte de la maison suite aux cris de sa sœur à l'extérieur.
À leur retour, les hommes ont trouvé le corps de la deuxième sœur près de la source, piétiné à mort, alors que la première sœur était toujours cachée dans la maison, hurlant et terrorisée par la bête.
Sur le corps et un buisson voisin, se trouvaient des touffes de poils rougeâtres.
De grandes empreintes de sabots ont été trouvées dans la région et les habitants étaient perplexes.
Peu de temps après, un gros animal s'est enfui près d’une tente dans laquelle dormaient deux mineurs. Bien qu'ils n'aient pas pu identifier la bête, encore une fois, de grandes empreintes de sabots et des touffes de poils roux ont été laissées sur place.
Après d'autres incidents, les habitants ont finalement reconnu le gros animal comme étant un « chameau ».
Bientôt, les gens ont commencé à rapporter avoir vu le « chameau », qui, selon un éleveur, portait un cavalier, bien que le cavalier semblait mort.
Le rapport suivant est venu d'un groupe de prospecteurs qui ont vu le « chameau » et ont aperçu quelque chose qui tombait de son dos.
Les prospecteurs allèrent voir ce qui était tombé et découvrirent un crâne humain.
Au cours des années suivantes, de nombreux autres personnes ont aperçu le «Red Ghost», portant son cavalier sans tête.
Il y avait beaucoup de spéculations quant à savoir qui aurait pu être le mystérieux cavalier mort que le « chameau » aurait transporté pendant plusieurs années.
Un récit prétend que le cavalier était un jeune soldat qui avait peur des « chameaux » et avait donc beaucoup de mal pour le monter.
Afin de lui apprendre, ses camarades l'ont attaché au sommet de la bête pour lui permettre de surmonter sa peur.
Ils ont ensuite frappé le « chameau » sur la croupe et la bête a déguerpi en courant.
Bien que les soldats aient poursuivi le « chameau » et son cavalier, la bête rousse les devança facilement et s'échappa dans le désert.
Ni le « chameau » ni son cavalier impuissant n'ont jamais été revus.
Une autre légende d'un « chameau » fantomatique persiste également.
Ce « chameau » appartenait à un prospecteur nommé Jake qui avait acheté trois « chameaux » de l'armée lors d’une vente aux enchères publiques.
Il passait beaucoup de temps à s'occuper d'eux et n'avait que des éloges pour ses bêtes de somme.
Jake a conduit ses « chameaux » chargés d'or en ville pour vendre son butin.
Ensuite, il s'est rendu au saloon local pour célébrer ses trouvailles.
Malheureusement dans la foule se trouvait un homme du nom de Paul Adams qui écoutait avec beaucoup d’intérêt l’histoire de Jake sur sa découverte d’or.
Lorsque Jake est retourné chez lui, bien qu'il a été prudent et a pris une route détournée, l'homme nommé Paul Adams l'a suivi.
Lorsque Jake a campé pour la nuit, Adams l’a assassiné.
Tentant de protéger son propriétaire, l'un des « chameaux » a attaqué Adams et a été abattu par le scélérat après qu'il fut mordu par ce dernier.
Adams a alors commencé à rechercher sérieusement la mine de Jake, jusqu'à ce qu'une nuit le fantôme de Jake chevauchant le « chameau » mort s'approcha de son camp et pourchassa Adams jusqu'à la ville, directement au bureau du shérif. Effrayé, au-delà de toute croyance, Paul Adams a ensuite fait une confession complète au shérif.
Les récits d’observations du « Red Ghost » se sont poursuivis pendant des années.
Un petit groupe de chasseurs qui a tenté de tirer sur l'apparition et l’a ratée, a trouvé la tête d'un homme mort momifié qui était tombé de l'animal alors qu'il s'enfuyait.
En 1893, le règne de terreur du « Red Ghost » a pris fin lorsqu'un fermier de l’Arizona a trouvé le chameau roux paissant dans son jardin et il l’a abattu.
À ce moment-là, le « chameau » roux s'était libéré de son cavalier mort, mais portait toujours la selle et les lanières de cuir avec lesquelles le cadavre avait été attaché.
Mais l’histoire du dernier « chameau » ne s’est pas terminée avec la mort du « fantôme rouge ».
En 1907, un prospecteur a rapporté qu'il avait vu deux « chameaux » sauvages au Nevada et que d'autres rapports continuaient d'arriver de façon sporadique.
En 1913, l'équipage d'un train du chemin de fer de Santa Fe jura avoir vu un « chameau » près de Wickenburg, en Arizona.
David Hulton, d'Ajo en Arizona, a lui aussi prétendu avoir vu un petit troupeau de « chameaux » près d'un point d'eau dans le « Cabeza National Wildlife Refuge » en 1924.
Cinq ans plus tard, un voyageur a rapporté avoir aperçu un « chameau » solitaire près de Banning en Californie.
Mais les récits d'observations de « chameaux » près de la mer de Salton se sont poursuivis jusqu'en 1941.
Topsy
Le « chameau », surnommé « Topsy », serait le dernier survivant d’un troupeau de « chameaux » dans le sud-ouest et a été vu une dernière fois en train de traverser le désert de l'Arizona vers la Californie alors qu’on l’emmenait en captivité à Los Angeles, à l'ancien zoo de LA, actuellement le Griffith Park.
Le « chameau » « Topsy » y a passé ses derniers jours.
Etant paralysé, les gardiens du zoo ont été forcés de mettre fin à ses jours en 1934.
Cependant, en avril 1934, l'«Oakland Tribune » rapporta que « Le dernier « chameau » américain est mort ».
« Topsy » était-il vraiment le dernier « chameau » du sud-ouest américain ?
Une petite anecdote :
L'un des rares chameliers dont le nom a survécu était Hi Jolly de son vrai nom Hadji Ali.
Un ottoman turc citoyen de la Grande Syrie, Hadji Ali, avait travaillé comme éleveur de chameaux et formateur pour l’armée américaine. Tout d’abord il avait servi dans l'armée française à Alger avant de s'engager comme chamelier pour l'armée américaine en 1856.
Ali était l'un des huit hommes embauchés par l'armée des États-Unis pour conduire les « chameaux » comme bêtes de somme.
Ali était le principal chamelier lors de l'expérience de l'armée américaine avec le soi-disant « US Camel Corps.
Ali a été renvoyé de l'armée américaine à Fort McDowell en 1870.
Il dirigea ensuite un service de fret entre le fleuve Colorado et les établissements miniers plus à l'est, en utilisant les quelques « chameaux » qu'il avait achetés.
Cependant, son entreprise échoua et il lâcha ses « chameaux » dans le désert près de Gila Bend en Arizona.
Il est devenu citoyen américain en 1880.
Après sa mort en 1902, il fut enterré à Quartzsite en Arizona.
En 1935, le gouverneur de l'Arizona, Benjamin Moeur, a dédié un monument à Hadji Ali et au Camel Corps dans le cimetière de Quartzsite.
Hadji Ali
Le monument situé sur sa tombe est une pyramide.
Elle fut construite à partir de pierres locales et surmontée d'un chameau en cuivre et il est inscrit au registre national des lieux historiques américains.
Voilà comment on se souvient de l’expérience des fameux « chameaux » utilisés par l’armée des Etats-Unis.
Ignorés et abandonnés, c'était une fin ignominieuse, déshonorante et malheureuse pour ces nobles « Navires du Désert ».
Date de dernière mise à jour : 06/09/2020