CALIFORNIA GOLD RUSH

 ARTICLE & PHOTOS (sauf  *)  DE ROLAND ROTH

 

 

Dscn0953  LA RUEE VERS L’OR EN CALIFORNIE 
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Généralités 

 

Les gens du Moyen Age du XIVème siècle ont commencés à rêver d’or suite aux récits de Marco Polo.

Mais les vrais ruées vers l’or débutèrent avec Cortez au Mexique qui découvrit l'or des Aztèques et avec Pizarre au Pérou qui, quant à lui découvrit l'or des Incas.

Cette ruée vers l'or du début du 16ème siècle rapporta tout de même plus de 300 tonnes d'or à l'Espagne en moins de 100 ans.

Ce fut l’Eldorado.

En un après-midi, le 16 novembre 1532, Pizarre massacra entre 7 à 8000 soldats de l'Inca. 

La rançon demandée à celui-ci fut immense.

Tout l'or du peuple Inca, tous les trésors d'orfèvrerie, les sculptures de centaines d'années d'art furent fondus dans les fours espagnols entre mars à juillet 1533 et pas moins que 13000 livres d'or fin furent transportés par les galions en Espagne.

Mais on il faut parler plus de pillage que de ruée vers l’or.

En finalité, après ce pillage, le grand Inca fut tué.

En 1719, les Portugais découvrent l'or du Mato Grosso au Brésil.

 

Dans les années 1850, dans le Yukon, on avait déjà repéré de l’or, mais les mauvaises conditions du pays ont retardé le Gold Rush.

Ce n’est qu’environ 50 ans plus tard que l’or du Klondike, en Amérique du Nord dans les terres du Yukon et de l'Alaska furent exploitées et subissent l'assaut de centaines de milliers d'émigrants et chercheurs se précipitent dans cette vers l’or.

 

Il y a eu d'autres rues vers l’or, moins connues, par exemple en Russie et en Sibérie dans l'Altaï, la Taïga des Mari en 1830, le Ienisseï, près de Miask on a découvert un bloc d'or de 36 kilos en 1842, la Léna en 1850 et le Priamouré en 1899.

Entre 2000 et 3000 ans avant J.C., on exploitait déjà l'or dans ces régions.

Les tablettes de Mésopotamie mentionnent les régions de l'Oxus qui produisaient de l'or travaillé par les artisans de Sumer et de Babylone.

En Sibérie, dans le Turkestan, la Boukharie, la Varche, l'Amou-Daria, les peuples Tatars, les Samoyèdes, les Mongols étaient déjà en quête d’or.

Au 19ème siècle, l'Oural a produit plus de 450 tonnes d'or.

 

Mais l'or voyageait de tout temps par la route espagnole des Indes occidentales, la route portugaise des Indes orientales, la route hollandaise des Indes orientales, puis par les routes maritimes anglaises et la route espagnole du Pacifique.

Par exemple, le navire portugais Flor do Mar coula en 1511 au large de Sumatra avec le trésor de Malacca (Malaisie) à bord et avec environ 20 tonnes d'or et deux cents caisses de pierres précieuses.

 

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Il y eut aussi l'Afrique du Sud qui fut un des principaux producteurs d’or dans les premières années 20ème siècle.

Cette ruée vers l'or dans la région du Rand date de 1886 où un énorme campement s'organise en commune et devient la ville de Johannesburg.

On a extrait en 1890 plus de 13 tonnes et en 1899, plus de 110 tonnes d’or.

 

Ce fut aussi en 1850, presque en même temps qu’en Californie, que l’on trouva de l’or en Australie.

Edward Hargraves revient de la ruée vers l'or de Californie pour prospecter les Blue Mountains en Nouvelles Galles du Sud.

En 1850, il trouve de l'or et à Ballarat, à 80 Km de Melbourne.

On y trouva 2500 prospecteurs l'année d'après.

Puis on trouve de l'or jusque dans l'ouest de l’Australie, à Kalgoorlie, Coolgardie, Yilgarn et Wiluna.

Kalgoorli retrace la ruée vers l'or dans les années 1890, avec le Golden Mile, dont on a extrait plus de 1800 tonnes d'or et où de l'or est toujours extrait.

La région ressemble comme aux Etats-Unis à un décor de western avec ses boutiques alignées sous des galeries de bois, les bars, les magasins et les bâtiments officiels.

Entre 1851 et 1855 on extrait annuellement entre 2,5 et 3 millions d'onces d'or soit 80 à 100 tonnes.

700 000 personnes débarquèrent en Australie dans la décennie de 1850.

 

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Mais revenons au Gold Rush de la Californie !

 

Encore un peu d’histoire avant cette ruée !

 

De 1769 à 1823, le franciscains fondèrent 21 missions tout le long du littoral californien de San Diego à Sonoma et colonisèrent les premiers la Californie, avec les militaires et les fonctionnaires mexicains.

Les Amérindiens de la Haute-Californie, peuplaient la région et furent très pacifique et facile à convertir au christianisme.

Depuis longtemps des rumeurs circulaient sur de l’or en Californie.

Un certain un marchand américain, William H. Davis affirmait avoir vu des missionnaires en possession de pépites d'or.

Les franciscains n'étaient sûrement pas en mesure d’exploiter les gisements et réussirent à garder le secret.

Suite à la guerre d’indépendance du Mexique de 1810 à 1821, l’exploration aurifère n’a pas pu se faire.
Mais cela changea quand la Californie devint une province mexicaine à la fin de la guerre.

D’un autre côté, en 1814, une autre rumeur circulait sur des trappeurs qui affirmèrent que les habitants de Fort Ross, fondé par des Russes en 1812 et à 100 km au nord de Yerba Buena (fondée en 1776 et qui sera la future San francisco) exploitaient déjà  des gisements d’or dans la région sans en être certain.

 

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En mars 1842, un certain Francisco Lopez, un employé du rancho Del Valle découvrit de l'or à Placerita Canyon, dans les montagnes au nord de Los Angeles.

Avec des amis, dont un Français bordelais, Charles Baric, il exploita ce petit filon qui s'épuisa très vite.

En 1843, Jean Baptiste Ruelle, un Canadien français, découvrit aussi  un gisement.

 

Mais l’événement principal pour la Californie se profilait à l’horizon : le Gold Rush.

 

Cette ruée vers l’or est une période d'environ huit ans (1848 - 1856) et qui commença en janvier 1848

 

La Californie appartenait à l’époque toujours au Mexique qui était entré en guerre avec les Etats-Unis à cause du Texas.

Le Mexique fut vaincu et a du céder, outre le Texas, les deux immenses provinces du Nouveau Mexique et du Nord de la Californie, vendues pour 15 millions de dollars (traité de Guadalupe-Hidalgo du 2 février 1848).

 

Les bourgs et les villes signèrent des chartes et des assemblées de citoyens furent chargées de rédiger une constitution pour la Californie.

Des élections furent alors organisées et des représentants officiels envoyés à Washington DC afin de négocier l’entrée de la Californie au sein des Etats-Unis en tant qu’état.
 

La Californie deviendra officiellement le 31ème Etat de l'Union le 18 octobre 1850.

Mais à peine 9 jours avant l’acquisition de la Californie, le 24 janvier 1848, on découvrit de l'or en Californie.

  

Tout commença en 1839 quand le Suisse Johann (John) August Sutter s’installa en Californie et y fonda un empire agricole immense sur les collines fertiles qui entourent la vallée de Sacramento.

Johann August Sutter, de nationalité Suisse est né à Kandern au Bade-Wurtemberg en Allemagne le 15 février 1803. Il décéda à Washington (États-Unis) le 18 juin 1880, est fut étroitement associé à la ruée vers l'or en Californie.

 

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Il commença comme simple apprenti à Burgdorf dans le canton de Berne, en Suisse.

Il s’y maria en 1826 et eut cinq enfants.

Il fit faillite en tant que boutiquier.

Comme il avait d’énormes dettes et qu’il risquait la prison, il quitta sa famille en mai 1834 et embarqua au Havre avec un passeport français à bord du paquebot Sully qui l’amena à New York.

Il débarqua donc à New York le 14 juillet 1834.

Sutter alla jusqu'en Californie en passant par Saint Louis qui lui servit de base pour créer plusieurs sociétés commerciales le long de la piste de Santa Fe, à Westport, l'actuelle Kansas City, le long de la piste de l'Oregon jusqu'à Fort Vancouver, puis également à Hawaii et en Alaska.

Le 1er juillet 1839, Johann Sutter arriva à Yerba Buena, l'actuelle San Francisco.

 

Pour favoriser l'expansion de la Californie, le gouvernement mexicain décida de faire appel à des étrangers et vendit, entre 1836 et 1840, de nombreuses concessions.

 

Pour pouvoir acquérir des terres, Sutter se faisait naturaliser mexicain car à l'époque la Californie appartenait au Mexique.

 

En 1840, Johann Sutter était propriétaire d’un immense domaine agricole, une concession de l’ordre de 20 000 hectares, au confluent de l’American river et de la Sacramento river.

Il appela cette propriété « New Helvetia », la « Nouvelle-Helvétie », également connue du nom de Fort-Sutter (dans l’actuelle ville de Sacramento).

 

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En 1847, les Etats-Unis annexèrent la Californie.

 

A l’âge de 44 ans, Sutter était un des hommes les plus riches du nouvel état de la Californie.

Il possédait alors 12 000 têtes de bétail dont 1 000 porcs, 2 000 chevaux et 10 000 moutons et il employait environ 150 personnes.

On trouvait sur son domaine également un atelier de tissage, une distillerie, un moulin et une tannerie.

Cette même année, John Sutter construisit à Coloma, au nord est de Sacramento, une scierie sur l'American River.

Mais ce site ne faisait pas partie de la concession de Sutter qui s’y installa tout de même.

 

Il embaucha un dénommé James Wilson Marshall, un charpentier, et lui confia la construction de cette scierie.

 

Marshall est né dans le New Jersey, sur la côte est des Etats-Unis.

A l’âge de 24 ans il décida de se rendre dans l'Ouest pour faire fortune.

Il s’installa tout d'abord dans le Missouri avant de repartir.

Il y avait attrapé le paludisme.

Il bourlinguait à droite et à gauche avant de s’installer en 1845 en Californie.

Il s'établit sur la concession de Fort Sutter pour s’adonner à l'élevage.

En 1847, quand il rentra de la guerre américano-mexicaine à laquelle il participa, il retrouve sa ferme entièrement dévastée.

 

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C'est là qu'il commença à travailler pour John Sutter afin de construire et gérer la scierie.

Les ouvriers creusèrent une grande tranchée pour amener l’eau de la rivière jusqu’à la scierie.

En 24 janvier 1848 un événement bouleversa la vie de Marshall, de Sutter et celle de beaucoup de gens.

 

En effet, ce jour-là, James Marshall, lors d’une inspection de routine en surveillant les travaux de construction de la scierie, la « Sutter's Mill », son regard fut attiré, dans le chenal creusé la veille, par un reflet doré au fond de l'eau.

Marshall, hésitant, avait le cœur qui battait très fort et n’en croyait pas ces yeux.

C’était bien de l’or.

Voilà ce qu’il a relaté plus tard :

« Je ramassai un ou deux morceaux que j'examinai avec attention et, ayant de vagues connaissances en minéralogie, je ne pus me rappeler plus de deux minéraux qui pouvaient ressembler à ça, très brillants et mous. L'or brille et est malléable. Puis j'ai testé ce métal entre deux pierres et j'ai constaté qu'il pouvait être battu et se déformer, mais pas être brisé. J'ai alors ramassé cinq ou six fragments que j'ai apportés à M. Scott (qui travaillait à l'établi, en train de fabriquer la roue du moulin) et j'ai dit : J'en ai trouvé. Qu'est-ce que c'est ? s'enquit Scott. Gold, répondis-je. De l'or ! ».

Marshall parcourut le même jour 65 km pour montrer sa découverte à John Sutter, qui écrivit plus tard : « Monsieur Marshall a commencé par me montrer ce métal. En fait des petits fragments et spécimens dont certains pouvaient valoir quelques dollars. Il m’a annoncé qu’il en avait parlé aux ouvriers à la scierie comme quoi c’était peut-être de l’or ».

 

James Marshall n’en revenait pas de sa découverte.

Les pépites trouvées titraient 23 carats soit 96 % d'or.

C'était vraiment exceptionnel.

 

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Entre-temps, les ouvriers travaillant à la construction de la scierie délaissèrent déjà leurs outil car la fièvre de l'or les a déjà contaminés. Ils consacrèrent tout leur temps libre à écumer les ruisseaux. La nouvelle se propagea à la vitesse grand V.

 

Sutter ordonne aussitôt à Marshall de tenir sa langue.

Mais celui-ci n’a pas pu garder ce secret.

 

Abandonné par ses ouvriers, Marshall doit arrêter la construction de la scierie.

James Marshall, l’homme qui avait trouvé la première pépite dans l’American River passa le reste de sa vie comme ivrogne à chercher en vain un autre gisement. Finalement, il avait investi dans une mine d'or, mais celle-ci se révéla stérile.

En fin de compte, les seules subsides reçues suite à sa découverte d’or fut une pension versée par l'état de Californie, entre 1872 et 1878, en guise de reconnaissance.

Marshall va mourir en 1886, ruiné et pauvre.

 

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Mais revenons à la suite des événements.

 

Un des ouvriers de Marshall, John Bidwell,  partit en ville pour boire un verre mais n’avait pas d’argent sur lui.

Pour payer, l’homme sortit de sa poche une pépite d’or trouvée dans la rivière et il la pose sur le comptoir.  

Il s’exclama : « Voilà de l’argent, c’est de l’or  ».

 

Cet événement se passait dans le « general store » apartenant à un mormon se nommant de Sam Brannan qui fut aussi éditorialiste et homme d'affaires.

Mais ce Sam Brannan n’a pas couru à la scierie de Sutter pour se mettre à creuser et chercher de l’or !

Il est parti direct à San Francisco et il a acheté tout ce qu’il pouvait trouver comme matériel de prospection disponible dans cette ville pour le revendre aux futurs prospecteurs avec d’énormes marges, ce qui lui permit de faire des bénéfices importants.

 

Puis Brannan a rameuté ses futurs clients dans les rues de San Francisco en criant la bonne nouvelle de la découverte à qui veut l’entendre en brandissant une fiole contenant de l'or au-dessus de sa tête : « De l'or ! De l'or ! De l'or ! Il y a de l'or dans l'American River ! ».

 

Sam Brannan n'était pas le seul à s’enrichir et devenir millionnaire.

Certains prospecteurs se faisaient également beaucoup d'argent. Par exemple, ce petit groupe de chercheurs d'or qui travaillaient en 1848 dans la Feather River et qui sortirent de la rivière une quantité d'or équivalant à 1,5 million de dollars.

 

Dès que la nouvelle était connue dans l’état voisin de l’Oregon, les deux tiers des hommes valides se précipitèrent pour la Californie et deviennent des chercheurs d’or.

Tout ce beau monde laissa de côté leurs charrues et bétail, les bureaucrates leurs dossiers, les médecins leur médecine, les prêtres leurs bibles en se mettant à creuser le sol comme des forcenés pour trouver le métal précieux.

 

La nouvelle de la découverte traversa rapidement les océans et les Chinois, informés avant les New-Yorkais, commençaient à affluer.

Les nouvelles ont mis tellement de temps à parvenir dans l’est du pays qu’on a surnommé ces retardataires de l’est les forty-niners (ceux de 1849) au lieu de ceux de 1848.

 

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A la mi-mars 1848, la nouvelle de la découverte de l'or à Coloma se répandit à San Francisco.

Le véritable rush débuta en fait le 15 mars 1848 quand le « Californian » annonça dans son journal qu'on a découvert de l'or près de Sacramento.

Le journal titre : « Tout le pays, de San Francisco à Los Angeles, retentit du cri avide : De l'or ! de l'or ! ».

 

Le 19 août 1848, le journal New York Herald (un journal new-yorkais publié de 1835 à 1924) annonça la nouvelle de la ruée vers l'or de Californie sur toute la côte Est.

Le 5 décembre 1848, le président des Etats-Unis James Knox Polk fit part officiellement au congrès américain de la découverte de « mines d'or considérables » en Californie.

 

En septembre 1848, John Augustus Sutter Junior, le fils aîné de John Sutter, arriva à San Francisco.

Mais l’héritier de la grande concession de son père n’a pas trouvé ,comme prévu, une colonie calme et prospère, mais un territoire sans foi ni loi, accaparé par des squatteurs, des chercheurs d’or frénétiques, des spéculateurs et des hors-la-loi de tout genre.

 

L’ordre et la justice bafoués dépassaient John Sutter père qui n’a pas pu s’adapter à l’évolution de la situation dans son fief. D’ailleurs au début, il hésita entre vendre des équipements à la de mine à tous ces chercheurs d'or qui affluaient de tout part et de chercher de l'or lui-même.

Il s’adonnait à la boisson et n’a pas pu résister aux arnaqueurs qui lui firent signer de nombreux titres de vente concernant des parcelles de ses terrains.

 

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*                SAN FRANCISCO

 

Fin 1849, John Sutter avait essayé de se faire élire premier gouverneur du nouvel État de Californie mais il n’est sorti qu’en 3ème position.

Les squatteurs s'installèrent sur ses terrains et massacrèrent ses troupeaux de bétail pour se nourrir.

 

Finalement Sutter décida de vendre son fort et de renoncer à sa « Nouvelle-Helvétie » en s’installant plus au nord à  Sutter décide de vendre son fort et de se retirer un peu plus au nord à Hock Farm.

En janvier 1850, après 15 années de séparation, il fit venir sa femme et ses autres enfants chez lui en Californie.

 

La ruée vers l'or en Californie peut être considérée comme étant la première d'une telle envergure mondiale.

Il n'y avait pas de route évidente pour se rendre en Californie.

Les pionniers et futurs prospecteurs venaient du monde entier pour participer à cette rue vers l’or. Ils arrivaient par bateau entiers ou par voie terrestre à bord de chariots, au prix d'un voyage bien souvent difficile.

Les premiers chercheurs d'or arrivés en Californie au cours de l'année 1848 étaient des habitants proches de la Californie ou des gens qui apprenaient la nouvelle par les bateaux venant de Californie.

 

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La première vague d'immigrants américains était constituée de plusieurs milliers d'habitants de l’état voisin de l'Oregon qui descendaient par la piste Siskiyou.

Puis affluèrent par bateau des gens en provenance d'Hawaï et des milliers de Latino-Américains par voie maritime et par voie terrestre en provenance du Mexique, du Pérou ou même du Chili.

 

Bien que la plupart de ces nouveaux arrivants aient été des Américains, la ruée vers l'or attira également des dizaines de milliers d'immigrants étrangers notamment du sous-continent indien, de Chine et du Japon, de tous les pays d’Europe, d’Australie, d’Amérique du Sud et bien sûr des autres pays de l’Amérique du Nord, le Mexique et le Canada.

Les européens qui avaient un plus long trajet à parcourir, n'arrivèrent que fin 1849, le plus souvent de France mais aussi d’Allemagne, d’Italie, de Pologne et du Royaume-Uni.

 

De  petits groupes de mineurs étaient d'origines diverses, comme par exemple des Philippins ou des Turcs.

Seulement un tout petit nombre de mineurs étaient d'origine africaine (environ entre 2 500 et 4 000) venant du sud des Etats-Unis, des Caraïbes et du Brésil.
Les esclaves afro-américains vinrent en Californie notamment parce qu'ils pouvaient y gagner leur liberté.

 

On estime qu'entre 70 000 et 90 000 immigrants sont arrivés en Californie en 1849 dont environ 50 % par la mer et 50 % par la terre.

Environ 50 000 à 60 000 d'entre eux étaient américains.

En 1855, plus de 300 000 chercheurs d'or, marchands et autres immigrants du monde entier s’agglutinaient autour de la région aurifère de Californie.

 

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Des milliers d’américains quittèrent la côte Est par le train, le voyage pouvant durer jusqu’à six mois.

 

Au départ de la côte est, les bateaux contournaient le Cap Horn en Amérique du Sud et le voyage durait entre cinq et huit mois en couvrant une distance de 33 000 km.

D’autres passèrent par la voie maritime et terrestre en empruntant l’isthme de Panama, le chemin le plus court, mais aussi le plus cher.

A l'aide de mules et de canoës, ils traversèrent pendant une semaine, la jungle jusqu'à la côte pacifique et afin d'y attendre un navire qui faisait route vers San Francisco.

En 1851 se développa une autre route à travers le Nicaragua, mais elle n’était pas aussi empruntée que celle du Panama.

Il y avait aussi une route qui traversait le Mexique au départ de Veracruz.

Mais  beaucoup de chercheurs d'or empruntaient une route terrestre à travers les États-Unis, essentiellement la California Trail partant du Missouri jusqu’en Californie

 

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De nombreux dangers guettaient les candidats prospecteurs entraînant énormément de souffrances et de morts, les naufrages, la disette et des maladies terribles comme la fièvre typhoïde (et pas seulement la fièvre de l’or) ou le choléra, décimant tout ce beau monde.

 

Pour répondre à la demande et aux besoins des nouveaux immigrants, des navires entiers importaient des marchandises du monde entier, comme par exemple de la porcelaine et de la soie de Chine.

 

Les marins des bateaux qui accostèrent journellement à San Francisco et à qui on promettait de gagner vingt ans de salaire en seulement deux mois de prospection, se joignirent aux passagers et aux habitants de San Francisco pour rejoindre les champs aurifères.

Les capitaines des bateaux se retrouvaient ainsi sans équipage.

 

Le meilleur exemple fut le « SS California » qui accosta en avril 1849 avec à son bord un équipage de 36 hommes.

En quelques jours, il ne resta plus à bord que le capitaine et un des mécaniciens.

Un autre capitaine de navire a fait pendre aux extrémités d’un mât deux déserteurs comme avertissement pour l’équipage, mais tout ceci en vain. La fièvre de l’or est plus forte et a fait délirer et perdre la tête à tout le monde.

 

La ville devint une ville fantôme avec ses navires désertés par leur équipage et ses boutiques laissées à l'abandon par leur propriétaire.

Les quais et les docks de San Francisco ressemblaient à une forêt de mâts avec les centaines de navires abandonnés.

Les habitants restés sur place transformèrent ces navires en entrepôts, magasins, tavernes, hôtels ou même en prison.

Nombre de ces navires furent plus tard détruits et utilisés comme remblais afin d'augmenter la surface des terrains constructibles pour faire face à la demande.

 

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La construction du chemin de fer du Panama, traversant d'un bout à l'autre l'isthme de Panama, qui s’acheva en 1855, changea la donne au niveau des transports.

Les bateaux à vapeur, de la Pacific Mail Steamship Company entre autres, assuraient le trafic régulier entre San Francisco et le Panama.

Les passagers, les marchandises et le courrier transitaient entre la Californie et la côte est des États-Unis en bateau en passant par ce train au Panama car il n’existait à l’époque aucun train reliant l’ouest à l’est américain.

 

C’est ainsi qu’en 1853, que le bateau nommé Winfield Scott se fracassa sur les récifs de l’ïle Anacapa au large du sud de la Californie, lors de son voyage entre San Francisco et le Panama. Le navire fut perdu mais l'équipage et les passagers ainsi que le chargement d’or furent sauvés.

 

De même en 1857, un autre naufrage eut lieu lors d’un de ces voyages.

Le navire SS Central America sombra aux large des côtes des Carolines, suite à un ouragan, avec à son bord environ trois tonnes d'or provenant de la Californie.

 

Dans les régions aurifères, il n’existait pas de propriétés privées, ni de licences, ni de taxes.

Les forty-niners établissaient leurs propres règles et les appliquaient.

Les mineurs adoptèrent surtout les lois mexicaines sur la prospection pratiquée en Californie.

La règle prévoyait qu'un « claim » (terrain revendiqué comme sien) était délimité par un prospecteur mais que ce « claim » n'était valide que tant qu'il était exploité.

 

Dans le passé, avant cette ruée vers l’or, tout l’or découvert sur un territoire appartenait au roi ou aux conquérants.

Mais là, l’or de Californie appartenait à chaque prospecteur indépendant qui le trouvait, peu importe la quantité.

 

Tout au début, le prospecteur moyen trouvait par jour l'équivalent en or de 10 à 50 fois le salaire quotidien d'un travailleur de la côte est.

 

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En France, à partir de 1849 et l’annonce officielle de la découverte d’or en Californie, des dizaines de sociétés privées sont fondées.

 

On compta parmi elles, la Société des Lingots d'or (crée par  décret du 3 août 1850) et dont Alexandre Dumas fils rédigea le texte publicitaire.

Celle-ci organisa une loterie dont les fonds récoltés devaient permettre le voyage gratuit en Californie de 5 000 émigrants trop pauvres pour se payer la traversée.

Mais il s’avère que cette campagne fut organisée par le Préfet de police, Pierre Carlier, qui voulait se débarrasser des opposants au régime de Louis Napoléon Bonaparte.  

Toutes ces compagnies d'émigration étaient finalement, pour la plupart, de grosses escroqueries.

Fin de l’année 1851, les Français représentaient environ le cinquième de la population de San Francisco et constituaient une communauté à part, peu décidés à parler l'anglais.

Par dérision, les Américains les surnommèrent les "keskydees", en rapport avec la question traditionnelle des Français « qu'est-ce qu'ils disent ? ».

La ruée vers l'or transforma profondément la Californie.

 

Dès 1852, la population de la Californie a plus que décuplé et comptait plus de 250 000 personnes.

 

San Francisco, qui fut avant cette ruée une minuscule implantation de pionniers constituée de tentes, se développa d’une façon fulgurante.

La croissance démographique de la ville explosa avec l'arrivée de nouveaux aventuriers et commerçants.

La population de San Francisco passa d'environ 200 personnes en 1846 à 1 000 habitants en 1848, puis à 25 000 résidents permanents en 1850 et à 36 000 en 1852.

 

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On y construisit des routes, des églises, des écoles et d'autres bâtiments.

 

Des lois et un gouvernement furent créés ce qui conduira à l'admission de la Californie en tant qu'état américain en 1850.

Le bateau à vapeur se développa et devint un moyen de transport régulier ainsi que les chemins de fer.

L'agriculture commença aussi à se développer à travers tout l'état.

 

Les forty-niners (ces « quarante-neuvards ») se précipitèrent dans la région rocheuse riche en or que l’on appellera « Mother Lode » ou le filon-mère et qui était en réalité une veine de quartz comportant de l’or et qui s’étendait sur plus de 160 km à travers les montagnes du nord de la Californie.

 

La plupart de ces forty-niners étaient des hommes venus seuls tenter l'aventure. Des femmes et des enfants venaient aussi lorsque toute la famille partait en même temps ou pour rejoindre le père de famille.

Certaines femmes venaient aussi toutes seules mais elles étaient très peu nombreuses durant les premières années de la ruée vers l'or.

Elles constituaient seulement environ 2 % de la population totale dans les régions de prospection.

 

Les villes aux environs des champs aurifères étaient de véritables villes champignons saturées par le flux soudain de population.

Les hommes vivaient dans des tentes, des cabines ou des huttes en bois qui fut prélevé sur les navires abandonnés.

Ces chercheurs d'or travaillèrent tout le long des rivières et utilisèrent pour leur recherche les techniques artisanales de base de l'orpaillage, la pioche, la pelle, la batée, le pan, le freesbee et le tamis.

Puis des méthodes plus sophistiquées d'extraction de l'or se développèrent.

L'extraction hydraulique à l'aide de puissants canons, constitua la prochaine étape dans le développement des techniques d'extraction de l'or et fut énormément employée à cette époque en Californie.

 

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Puis les chercheurs d'or creusèrent des mines et utilisèrent de l’explosif pour extraire les veines d'or directement de la roche.

Les roches qui contenaient l'or étaient ramenées à la surface et  concassées puis l'or était trié et débarrassé de ses impuretés avec de l'eau, de l'arsenic ou du mercure qui contaminèrent l'environnement. Finalement, l'exploitation intensive de ces mines était devenue l’exploitation d’or principale dans le Gold Country.

 

Une petite anecdote :

La vallée de la mort tire son nom d'une aventure qui se produisit pendant la ruée vers l'or en Californie en 1849.

Une petite expédition de valeureux forty-niners cherchant un raccourci vers la Californie et le Fort Sutter se perdit dans la vallée en passant par les déserts du Nevada et de la Californie.. Ils furent les premiers pionniers originaires d'Europe à traverser cette vallée.  Avant de trouver une issue, ces pionniers restèrent bloqués plusieurs mois dans cette dépression désertique et certains membres du groupe périrent de la chaleur intense et du manque d'eau.

Ils ont brûlé leurs wagons et mangé leurs boeufs pour survivre.

Quand ils en sont finalement partis de la vallée, une des femmes des pionniers s’exclama « Goodbye Death Valley » (Au revoir vallée de la mort) et le nom est resté.

 

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Mais alors que certains firent fortune, d'autres retournèrent chez eux avec guère plus que ce qu'ils possédaient au départ.

Parmi ceux qui se cassaient les reins tous les jours, seule une poignée de ces prospecteurs s’enrichirent de cette aventure.

On estime que la valeur de l'or découvert pendant la ruée vers l’or représentait plusieurs milliards de dollars actuels.

Rien qu’en1849, la Californie a produit environ dix millions de dollars en or et ceci divisé par une moyenne de 40 000 mineurs donne environ 250 dollars par tête. Pas terrible !

Mais les gens continuèrent toujours d’affluer par milliers suite aux histoires extravagantes colportées sur cette ruée.

En 1851, la production atteignit jusqu’à 77 tonnes.

La grande partie de cette fortune partit pour l’est du pays.

La valeur de la cargaison annuelle dépassait le budget fédéral des States. En 1853, on atteignit même les 93 tonnes d’or.

L'or quittait la Californie à dos de mulets puis au fond des cales des navires avec les Argonautes qui envoyaient ou emportaient eux-mêmes le fruit de leur efforts dans leur pays d'origine.

On estime que 80 millions de dollars en or californien furent envoyés en France par des prospecteurs et des marchands français.

 

Mais à cette époque en Californie, malgré les richesses extraites en or, l’argent s’est fait rare.

Il fallait s’approvisionner les dollars dans l’est des Etats-Unis.

 

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Une grande variété de pièces américaines et étrangères servait pour les échanges en Californie, mais en quantité insuffisante.

La monnaie étrangère la plus représentative présente sur place était surtout le dollar espagnol en argent.

Ce dollar espagnol en argent fut aussi appelé la pièce de huit. On le découpait celui-ci en huit petits morceaux dont chacun avait  une valeur de 12,5 cents.

Jusqu'en 1854, il n'y avait pas d'atelier fabriquant de la monnaie à San Francisco.

Pendant la ruée vers l'or, la poussière d'or était d'un usage courant, mais elle avait une valeur moindre que celle de l'or.

Donc on décida de confier à des entrepreneurs privés la frappe de monnaies d'or.

 

Les « Territorial Gold Coins » furent des monnaies frappées en-dehors de l'Institut d'émission américain et n’étaient pas reconnues comme des monnaies officielles par le Gouvernement fédéral américain.

En effet, la Constitution des Etats-Unis interdisait aux différents états de l’union d'émettre leur propre monnaie.

Mais le Gouvernement américain toléra des émissions privées dans certains états comme en Californie, mais également en Géorgie, en Caroline du Nord, dans l'Utah, le Colorado et l'Oregon, à condition qu'elles ne ressemblent pas trop aux pièces émises par le Gouvernement fédéral.

 

A la fin de 1849, on dénombrait tout de même 18 firmes privées en Californie presque toutes localisées dans la région de San Francisco.

Norris, Grieg & Norris fut la première à émettre des pièces de 5 dollars 1849 frappées à Benicia City. 

En 1850, le Congrès autorisa la Moffat &Cie avec un certain Augustus Humbert, fabricant de boîtiers de montres new-yorkais, d’émettre dès 1851, la première monnaie octogonale de 50 dollars appelée « ingot ».

 

 Un certain David Broderick arriva de New York et se mit aussi à racheter la poussière d’or des prospecteurs et la fonda en pièces d’or de 5 et 10 dollars.

Avec cette affaire juteuse, Broderick s’est bien enrichi sans toucher une pioche ou une pelle.

 

 En 1854, la Monnaie de San Francisco fut crée et commença à convertir l'or des mineurs en monnaies : plus de 4 millions de dollars de pièces d'or furent émises jusqu'en décembre de la même année.

 

Sam Brannan, dont on a parlé plus haut, et qui ravitaillait les prospecteurs à grande échelle, était devenu l’homme le plus riche des Etats-Unis et connu comme le tout premier millionnaire avec environ dix millions de dollars en or.

 

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Un autre exemple d’un homme d'affaires ayant réussi grâce au Gold Rush est Oscar Levi Strauss, un immigrant juif allemand, qui devint célèbre en ouvrant en 1853 à San Francisco un commerce de textile, l'entreprise Levi Strauss and Co.

Alors que Levi Strauss tente de diversifier la gamme de ses produits, il remarqua que les vêtements portés par les prospecteurs d'or et mineurs ne supportaient le dur travail de creusement dans les galeries, dans la saleté et la crasse.

Il développa et vendit le concept de pantalons de toile durable (le jeans)  sous forme de salopette.

Au début, ces pantalons ne furent pas trop confortables à porter, mais au moins ils durent vraiment longtemps.

Plus tard, Strauss fabriqua le « denim » (un coton fabriqué à Nîmes dans le sud de la France, d’où le nom denim) et produit un vêtement bien plus populaire et confortable.

Ce pantalon de toile, le jeans, résistant et pratique pour les chercheurs d'or et orpailleurs s’est développé lors de la période de la ruée vers l'or en Californie.

 

Un groupe de quatre hommes d'affaires de Sacramento (qu'on appelle aujourd'hui les « Big Four »), Leland Stanford, Collis P. Huntington, Mark Hopkins et Charles Crocker devinrent très très riches en finançant quelques années avant la fin du Gold Rush, la construction du tracé ouest du premier chemin de fer transcontinental.

Le chantier débuta à Sacramento le 8 janvier 1863 par le premier coup de pelle.

L'achèvement de la ligne eut lieu six ans plus tard, reliant la Californie au centre et à l'est des États-Unis.

Le voyage qui prenait des semaines, voire des mois avant le chemin de fer se comptait alors en jours.

On dit que sans la découverte de l'or en Californie, l’Oregon aurait eu le statut d'Etat de l'Union avant la Californie et le premier chemin de fer à relier le Pacifique à l’est du pays aurait dû être construit dans cet Etat.

 

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La partie négative de la ruée vers l'or fut le massacre de nombreux Nord-Amérindiens, attaqués et chassés de leurs terres. Afin de protéger leurs habitations et leurs moyens de subsistance, ils se défendirent en attaquant les mineurs. Ceux-ci se vengèrent par de violentes représailles sur leurs villages et les Indiens furent le plus souvent abattus.

Ceux qui échappèrent à ces massacres des pionniers furent souvent incapables de survivre, n'ayant pas accès à leurs ressources naturelles, et moururent de famine ou de maladie.

Ceci eut un effet dévastateur sur ces populations indiennes.

La population indienne en Californie passe de plus de 150 000 en 1845 habitants à moins de 30 000 individus en 1870.

 

Entre 1849 et 1870, environ 4 500 Amérindiens sont morts de mort violente.

Des tensions raciales et ethniques se développèrent également.

 

On essaya de chasser les immigrés chinois et latino-américains, par des attaques directes ou à travers de lois très racistes.

Le bilan n'est pas mieux du côté des Américains : suite à un taux de mortalité et de criminalité très élevé à cette époque, un forty-niner sur douze mourut pendant la ruée vers l’or californienne.

 

De plus, les activités de prospection minière rejetèrent des graviers, des boues et des produits chimiques, de l’arsenic et  du mercure dans les rivières et tuèrent toute la faune et la flore.

 

Revenons un court instant sur le sort de John Sutter, que devient-il  entre-temps dans tout ce tumulte californien ?

 

On a vu plus haut que suite à la dévastation de son empire foncier, son rêve de la « Nouvelle Helvétie » s’étant écroulé, Sutter décida de vendre son fort et de se retirer plus au nord à Hock Farm.

 

Une longue période de batailles juridiques avec des victoires et des défaites, s’ensuivit.
 En 1864, la Cour Suprême des Etats-Unis décida que le second acte de propriété délivré à John Sutter en 1845 par le gouverneur Micheltorena était invalide.

Mais Sutter avait déjà revendu une partie des terrains de sa propriétédont on lui conteste soudainement la propriété et fut ainsi ruiné.

En plus, la malchance le poursuivit car un incendiaire mit le feu à sa maison de Hock Farm.

Sutter et sa famille ont été indemne mais John ne parvint pas à sauver de l'incendie la grande partie des souvenirs de sa vie en Californie.

En 1865, Sutter vit avec sa famille dans une maison à Lititz, en Pennsylvanie.

Le vieux pionnier Suisse se rendit fréquemment à Washington et  tenta mais en vain, de se faire rendre justice par le Congrès américain.

John Sutter évoqua dans ses mémoires son rêve brisé (je cite) :  « cette découverte soudaine d’or a détruit tous mes beaux projets, si j’avais réussi seulement quelques années avant qu’on ne trouve de l’or, j’aurais été le citoyen le plus riche de toute la côte pacifique. Mais au lieu d’être riche, je suis ruiné ».

 

John Sutter meurt dans un hôtel de Washington le 17 juin 1880, un jour après que le Congrès avait ajourné sa demande sans avoir encore statué.

Il  donna son nom au Comté de Sutter.

Une rue de San Francisco porte également son nom.

 

La ville de Sacramento fut fondée à l'endroit où se dressait auparavant le Fort Sutter,

Elle devint par la suite la capitale de la Californie.

 

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Dès les années 1852/53, l’aventure de la ruée vers l’or californien déclina car les ruisseaux et les rivières commencèrent à s’épuiser du précieux métal mais elle fut fondamentale pour le développement de l’Ouest américain.

 

Au fur et à mesure que l'or se faisait de plus en plus rare dans les années 1850, les Américains commencèrent par chasser les étrangers pour profiter de l'or qui restait.

Les prospecteurs américains se mettaient à agresser les étrangers et tout  particulièrement les Chinois et les Latinos.

 

C’est alors que la législation de l'Etat de Californie exigeait des mineurs étrangers d'acquitter une taxe de vingt dollars par mois.

Cette immigration massive dans l’Ouest américain met à plat le système économique et social en place depuis longtemps.

 

Beaucoup de prospecteurs qui furent à court d’or et dont le rêve américain touchait à sa fin, se rendirent compte que ça ne valait pas le coup de continuer à prospecter et décidèrent alors de créer des fermes ou des commerces et rester en Californie.

 

Ce sont eux qui développèrent par la suite en Californie l'agriculture, l'industrie pétrolière, l'industrie du cinéma, l'industrie aéronautique et l'industrie de l'informatique.

Pourtant les anciens forty-niners ne peuvent pas s’empêcher d’assouvir leur besoin de l’or et dans les 50 années qui suivent,

d’autres ruées vers l’or se produiront à travers le monde.

 

Bodie, une ville à l’est de la Sierra Nevada dans la Mono County est née de la ruée vers l’or quand y trava le précieux métal en 1859.
 

Cette ville a battu des records de population pendant la ruée vers l’or avec plus de 7000 habitants, avec une trentaine de mines d’or et une production d’or estimée à près de 100 millions de dollars.

 

Mais dès que les filons furent taris et après des incendies notamment en 1932, la ville est devenue une ville fantôme.

 

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Le rêve californien s'étendit au reste des États-Unis après les années qui suivirent la ruée vers l'or et devint une partie du nouveau « rêve américain ».

 

De nombreux symboles de la ruée vers l’or subsistent encore en Californie :

la représentation sur le sceau officiel de l’état mentionnant Euréka (j’ai trouvé !), le prospecteur et ses accessoires et les bateaux arrivant dans la baie de San Francisco.

Rough-and-Ready, nom de la société d'exploitation minière Rough and Ready à l'origine de la fondation de la ville de Placerville à la fin 1849.

Il y a aussi Whiskeytown, Drytown, Angels Camp, Happy Camp, Chinese Camp ou Sawyer's Bar.

De même, l'équipe de la National Football League de San Francisco s'appelle les 49ers de San Francisco

 

 Le surnom de l’état de Californie est aussi associé à l'or, « The Golden State » (« l'État doré »), ou peut-être aussi au jaune de la fleur du pavot de Californie.
 

La route nationale 49 actuelle longe la Sierra Nevada  et passe par de nombreuses villes situées sur le tracé des anciens champs aurifères comme Placerville, Auburn, Grass Valley, Coloma, Jackson, Sonora et Columbia ( un parc national historique).

 

Ce parc qui abrite de nombreux bâtiments datant de la ruée vers l'or s’est résolument tourné vers le tourisme.

 

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LITTERATURE – CHANSONS – CINEMA

 

La ruée vers l'or inspira  Mark Twain en 1865 avec « The Celebrated Jumping Frog of Calaveras County », (la célèbre grenouille sauteuse du comté de Calavéras),

Francis Bret Harte a écrit « A Millionaire of Rough-and-Ready », Joaquin Miller est l’auteur de « Life Amongst the Modocs », Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Louis Sauser, un écrivain français d'origine suisse, est quant à lui, l’auteur de « L'Or : la merveilleuse histoire du général Johann August Sutter en 1925. (« Gold: Being the Marvellous History of General John Augustus Sutter »).

Mais bien d'autres écrivains se sont exprimés sur la rues vers l’or de Californie.

 

La ruée vers l'or en Californie fut aussi à l’origine pour de nombreuses chansons, des chants de marins et de prospecteurs et de mineurs, dont les plus connues sont :   Oh My Darling, Clementine, Oh! Susanna, Santiano par exemple.

 

Dan Fogelberg, un chanteur country (auteur, compositeur, interprète, musicien et réalisateur) (1951-2007) évoque la fièvre de l’or dans sa chanson « Sutter's Mill » en 1985 (album : High Country Snows).

Au cinéma, ce contexte historique du God Rush n’est pas en reste.

 

De nombreux films, essentiellement des westerns mettent en scène cette période.

Parmi eux on trouve :

- La Piste des géants (1930) de Raoul Walsh, avec John Wayne

- Une nation en marche (1936) de Frank Lloyd

- L'Empereur de Californie (1936) de Luis Trenker, la vie de John Sutter

- La Ville abandonnée (1948) de William A. Wellman.

- La Belle de San Francisco (1945) de Joseph Kane

- Californie, Terre promise (1946) de John Farrow

- Convoi de femmes (1952) de William A. Wellman,

- Les Affameurs (1952) d’Anthony Mann

- Le monde lui appartient (1952) de Raoul Walsh

- Lola Montès (1955) de Max Ophüls

- Le Trésor du pendu (1958) de John Sturges,

- La Colline des potences (1959) de Delmer Daves,

- Coups de feu dans la Sierra (1962) de Sam Peckinpah,

- Pale Rider, Clint Eastwood (1985). Pale Rider

- Le cavalier solitaire (1985) de Clint Eastwood.

 

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                     THE END

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/04/2020