POCAHONTAS
ARTICLE DE ROLAND ROTH
L’Amérindienne Pocahontas est née autour de 1595 à 1598.
Le colon John Smith avait décrit sa rencontre avec Pocahontas au printemps de 1608 alors qu’elle était « une enfant de dix ans ». Dans une lettre de 1616, il l'a de nouveau décrite telle qu'elle était en 1608, mais cette fois comme « une enfant de douze ou treize ans », d’où l’incertitude sur son année exacte de naissance.
Elle est issue de la confédération des tribus Powhatans et elle est la fille de Nonoma Winanuske Matatiske (sa mère). Le nom et l'origine de sa mère ne sont pas certains, mais elle était probablement d'un statut modeste.
On ne sait pas grand-chose de sa mère mais il parait qu’elle serait morte en couches ou peu de temps après lui avoir donné naissance.
D’après la tradition orale des Indiens de la réserve de Mattaponi qui sont des descendants des Powhatans, la mère de Pocahontas aurait été la première épouse du chef Powhatan.
Un certain Henry Spelman de la colonie anglaise de Jamestown avait vécu parmi les Powhatans en tant qu'interprète et il a noté que lorsque l'une des nombreuses épouses du chef suprême a accouché, elle est renvoyée dans son lieu d'origine et entretenue par le chef suprême jusqu'à ce qu'elle trouve un nouveau mari.
Son père est le tout puissant chef des Tsenacommacah nommé Wahunsunacock ou Wahunsenacawh né au 16ème siècle et mort en 1618 qui fut le chef suprême, une sorte de roi, d’une alliance de 28 ou 30 tribus regroupant environ 15 000 Amérindiens Algonquin de la région de Tidewater en Virginie, près de la rivière Potomac, dont le village principal est Werowocomoco.
Le père est aussi appelé chef Powhatan par les Anglais et régnait sur presque toutes les tribus de la région, les Tsenacommacah. Il était brillant et intelligent.
Il était polygame et donnait à Pocanhontas de nombreux frères et sœurs.
Ses parents appelaient leur fille « Amonte », mais les vrais noms de Pocanhontas étaient Matoaka ( ou Matoax), son nom de clan qui signifie « Petite plume de neige » et Amonute.
Pocahontas était un surnom d'enfance qui signifie "Little Wanton" ce qui veut dire enjouée, petite insouciante, enfant joueuse, se rapportant à sa nature espiègle, ludique et un peu folle.
Dans la langue des Powhatans, Pocahontas signifie aussi « petite dévergondée ».
En anglais, elle fut plus tard appelée Rebecca après son baptême chrétien, puis Rebecca Rolfe après son mariage avec John Rolfe.
De son enfance, on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’elle visitait souvent le fort de Jamestown et jouait avec les jeunes garçons du fort.
Pocahontas était la préférée de son père mais elle n'était pas en ligne pour hériter la position de chef.
Au lieu de cela, les frères et sœurs de Powhatan et les enfants de ses sœurs ont tous fait la queue pour succéder au père alors que l'héritage matrilinéaire fonctionnait chez les Powhatans.
En effet, la succession ne va pas à ses fils ni à ses enfants, mais tout d'abord à ses frères dont il en a trois, à savoir Opitchapan, Opechanncanough et Catataugh et après leur décès à ses sœurs.
D'abord à la sœur aînée, puis aux autres et après eux aux héritiers mâles et femelles de la sœur aînée mais jamais aux héritiers des mâles.
Voici l’histoire :
Les registres des colons de Jamestown indiquent que Pocahontas a entretenu une amitié avec le capitaine John Smith, qu'elle a peut-être sauvé au moins deux fois de la mort.
Mais du fait de la rareté des archives et de leur mauvaise qualité, la nature exacte de leur relation est controversée.
En mai 1607, quand les colons anglais débarquèrent pour la première fois à Jamestown en Virginie et qu'ils commencèrent la construction de bâtiments, Pocahontas était âgée d'environ 11 ou 12 ans.
La colonie anglaise de Jamestown était tributaire des Indiens qui leur procuraient de la nourriture en faisant du troc contre des objets ou des outils des colons.
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Pocahontas se rendait très souvent au fort de Jamestown et jouait avec les enfants de son âge et aimait faire la roue.
La première rencontre de Pocahontas avec le capitaine John Smith est une histoire légendaire, romanesque et peut-être entièrement inventée par Smith.
Le 29 décembre 1607, Smith, alors âgé de 28 ans, chassait et faisait de la reconnaissance de la région en explorant la rivière Chickahominy tout en se séparant de ses compagnons.
Soudain, au milieu des bois, après une approche furtive, les Indiens se précipitèrent sur lui avec d’horribles cris de guerre et une volée de flèches s’abattit sur lui.
Malgré la surprise, le capitaine Smith répliqua courageusement et blessa deux de ses agresseurs à coups de pistolet.
Il tenta de s’échapper mais ses adversaires étaient trop nombreux.
Réduit à l’impuissance, il dut se rendre et les Indiens triomphants, conduits par Opechancanough, le frère du chef Powhatan, le firent prisonnier.
Au début, les Indiens décidèrent de le tuer sur le champ, puis plusieurs guerriers pensèrent qu’il valait mieux le ramener au village pour que toute la tribu puisse se réjouir de leur triomphe.
Mais comme un des Indiens atteint d’une balle succomba à ses blessures, les plus impatients crièrent vengeance et le poussèrent vers un arbre pour en faire une cible.
Mais finalement ils finirent par le ramener au village.
Ils transportèrent leur prisonnier de village en village pour demander conseil au reste de la tribu sur le sort à lui réserver. Smith quant à lui se préparait à la mise à mort.
Ils finirent par atteindre la capitale, Werowocomoco, qui se situait à 12 miles de Jamestown où demeurait leur roi Powhatan.
C’est là qu’ils décidèrent de célébrer leur victoire en grande pompe.
Ils attachèrent le capitaine au poteau du sacrifice tout en recouvrant son corps de peintures de guerre et se mirent à danser leur ronde triomphale en criant, sautant et en brandissant leurs armes contre leur captif.
Finalement, après de longues délibérations, les Indiens décidèrent que, conformément à leur loi, Smith devait mourir puisqu’il avait tué l’un des leurs.
Ils le trainèrent, ligoté, au pied de leur grand chef Powatan, trônant au milieu de ses guerriers.
Puis il a été empoigné et étendu de force par terre, la tête sur une grosse pierre.
Les Indiens, munis de matraques, étaient prêts à l’écraser et à le battre à mort.
Smith sentait sa fin proche.
A l’instant où le premier guerrier indien brandissait son arme terrible, Pocahontas se précipita entre lui et Smith.
Elle fit un bouclier de son corps pour protéger le capitaine, en repoussant le bourreau d’un geste, par pitié pour cet étranger car elle ne supportait pas de le voir mourir.
Puis elle plaida la cause du capitaine en faisant valoir son droit de Princesse auprès de son père, pour que le capitaine ait la vie sauve.
De nombreux guerriers voulaient la mort du prisonnier car
la majorité avait peur des blancs et voulait les chasser du pays.
Alors son père Powhatan, qui régnait sur tous ses sujets, leva la main pour les faire taire et les guerriers en colère attendaient sa décision.
Pour faire plaisir à sa fille bien-aimée, il décréta que sa volonté prévaudrait et leur dit : « Que Pocahontas garde l’étranger pour qu’il continue à lui fabriquer des jouets ! ».
En effet, par la suite, pendant ses longues journées de captivité et d’inactivité, le capitaine John Smith avait fabriqué des jouets pour la fillette.
Et c’est ainsi que la vie du capitaine fut sauvée par la petite indienne mais aussi la colonie de Jamestown toute entière.
La véracité de l’épisode de la capture de Smith est cependant mise en doute.
Le récit de la délivrance de Smith n'a été écrit qu'en 1616, presque dix ans après les faits en exagérant ou inventant peut-être l'événement pour améliorer l'image de Pocahontas.
En effet, il est difficile d'imaginer qu'une fille de 11 ans ait eu un tel pouvoir sur son père pour décider du sort d'un captif blanc.
Surtout, que John Smith, par rapport au premier contact qu'il aurait eu avec elle en 1608, soit un an après la capture, ne mentionna pas Pocahontas.
Il le fit seulement en 1624 dans “The General Historie of Virginia, New-England and the Summer Isles”.
Il est probable que Pocahontas n'était même pas présente lors de l'épisode de la capture de Smith. Personne des acteurs ne pouvait le contredire car ils ne vivaient plus !
Smith a toujours été un affabulateur.
En effet, dans ses écrits, John Smith racontera lui-même plus tard que, lors de toutes sortes d'aventures, plusieurs femmes l'avaient secouru dans d'autres situations extrêmes, notamment en Turquie, en Tartarie et en France et aussi en Europe de l’est où il avait combattu les Turcs en Transylvanie.
Ces aventures auraient-elles été adaptées en version virginienne en Amérique pour servir sa propre image à l'égard de la couronne britannique ?
Ou alors le sauvetage de John Smith par Poncahontas serait-il qu'un simple mythe imaginé par le capitaine britannique pour servir sa gloire ?
Dans son récit de 1608, Smith décrivit une grande fête au village indien suivie d'une longue conversation avec le chef Powhatan qui l’avait bien reçu !
Il ne mentionna pas l’intervention de Pocahontas suite à sa capture et affirma qu'ils se sont rencontrés pour la première fois quelques mois plus tard.
Selon certains experts historiens, cette fausse cérémonie de mise à mort par les Indiens et de délivrance était traditionnelle chez eux, un rituel symbolisant sa mort et sa renaissance en tant que membre de la tribu.
Et si l'histoire racontée par Smith était vraie, le sauvetage de Pocahontas faisait probablement parti du rituel.
Mais on ne trouve pas un rituel de ce genre dans d'autres tribus amérindiennes.
Ce mythe ne cessera au fil des années d'être influencé par les nombreux récits autour de la captivité de John Smith.
Les relations entre les Indiens et les colons ont continué à être généralement amicales pendant l'année suivante et Pocahontas visitait souvent Jamestown.
Elle apportait des messages de son père Powhatan en étant accompagnée d'Indiens qui apportaient de la nourriture et des fourrures en échange de haches et de bibelots.
Pocahontas et John Smith commencèrent à avoir une relation amicale.
Elle admirait beaucoup Smith et aimait parler avec lui pendant ses visites.
Elle lui inculquait également des rudiments de sa langue algonquienne.
Plusieurs années après leur première rencontre, Smith l'a décrite comme : « une enfant de dix ans, qui non seulement pour ses traits, sa mine, et ses proportions dépasse de beaucoup le reste des gens mais pour l'intelligence et l'esprit elle n'a pas son pareil dans son pays ».
Le capitaine John Smith fut adopté par le chef Powhatan et intégré à la tribu participant aux festins, rites et cérémonies.
Il a été considéré comme un chef et il pouvait aller et venir en toute sécurité, comme un des leurs.
En adoptant Smith en tant que membre de la tribu, le chef Powhatan pensait pouvoir soumettre toute la colonie de Jamestown.
Il lui fournit des guides pour le reconduire à Jamestown en gage d’amitié entre « blancs » et « peaux-rouges ».
À son retour à Jamestown, Smith trouva une colonie complètement désorganisée et les colons s’apprêtaient à repartir en Angleterre, désespérés, persuadés que Smith était mort.
Mais le capitaine Smith réussit à remettre à l’ouvrage les colons découragés et à les libérer de la crainte d’une attaque indienne puisque Pocahontas et les siens étaient désormais de leur côté. En 1608, il devint le "président" de la colonie de Jamestone. Il fut un chef tyannique, malin et arrogant.
Quelques mois plus tard, les colons n’avaient plus de vivres à cause de leur mauvaise gestion des stocks et des conditions climatiques.
Pocahontas entendit parler de leur disette et vint avec son frère et ses amis leur apporter du maïs pour survivre jusqu’à leur propre récolte.
En échange, le capitaine lui donna des perles et des bijoux.
Elle revint à plusieurs reprises avec des messages de paix de la part de son père et de la nourriture et se sentit très à l’aise à Jamestown.
Dans ses rapports écrits, le capitaine John Smith disait que sans son aide pendant les périodes de disette et sans son influence pacifique, la pauvre colonie n’aurait certainement pas survécu.
Mais cette situation satisfaisante fut de courte durée.
Les Indiens se mirent à jalouser les colons et ils refusèrent de leur vendre du maïs dans l’espoir de les obliger à repartir.
Un jour, en plein cœur de l’hiver, le capitaine était venu au village pour chercher du maïs mais il fut reçu avec froideur et des regards fuyants, à l’exception de Pocahontas.
Malheureusement, les relations avec les Powhatans se dégradèrent par la suite et des hostilités sont devenues plus ouvertes.
Mais le commerce entre les deux parties continuait toujours plus ou moins à fonctionner.
Les visites au fort de Pocahontas devenaient beaucoup moins fréquentes.
Finalement Powatan et les mécontents se liguèrent contre Smith et les colons et décidèrent de se débarrasser par traitrise du capitaine et de ses amis.
Suite à cela, c’est en 1608 que Pocahontas a peut-être sauvé John Smith une seconde fois.
Elle serait venue prévenir Smith que son père Powhatan qui l’avait invité avec quelques autres colons à venir à son village de Werowocomoco, projetait en fait de les tuer.
Grâce à l’avertissement de Pocahontas, le sinistre projet ne se produisit pas.
Mais pour mener à bien son plan, le rusé chef proposa au capitaine de laisser toutes les armes à bord de ses navires, en prétextant, comme ils étaient amis, ils n’en avaient plus besoin en espérant pouvoir ainsi les neutraliser.
Mais le capitaine, prudent, n’a pas accepté et lui répondit qu’étant amis, ils n’utiliseraient jamais leurs armes contre eux mais ne pouvaient pas s’en dessaisir car elles faisaient partie de leur uniforme.
Alors Powatan décida de les attaquer par surprise de nuit.
Mais Pocahontas, au risque de sa vie, s’échappa et frappa à la porte du capitaine pour l’avertir du danger et lui dire de s’enfuir.
Alerté par Pocahontas, il veilla toute la nuit avec ses soldats et déjoua l’attaque.
En octobre 1609, en revenant d’une de ses expéditions à la recherche d’un nouvel emplacement pour la ville de Jamestown, John Smith fut grièvement blessé par l’explosion accidentelle d’un sac de poudre à canon dans son navire.
Ses habits prirent feu et il dut plonger dans l’eau pour échapper à la mort.
Mais ses blessures étaient tellement graves qu’il dut abandonner le commandement de la colonie et repartir en Angleterre pour se faire soigner.
Il embarqua dans l’urgence à bord d’un navire qui repartait vers l’Angleterre.
Lorsque Pocahontas vint visiter le fort, les colons lui annoncèrent que son ami Smith était mort.
Pocahontas a cru ce récit et a ensuite arrêté de visiter Jamestown.
Le deuil fut terrible pour elle et elle passa des journées entières, seule, repensant au capitaine et à leur amitié.
Elle y croyait pendant plusieurs années et ne se doutait pas qu’elle le reverrait un jour, bien des années plus tard, en 1616 en Angleterre.
On ne trouve aucune trace dans les archives prouvant que John Smith et Pocahontas aient été amants.
Elle était bien jeune et cette version romancée apparaît seulement dans les récits mettant en scène une Pocahontas plus âgée que dans les faits.
Selon Smith, quand ils se revirent plus tard à Londres, Pocahontas l'appelait « Père ».
En 1610, Pocahontas qui vivait dans le pays du Potomac, était soit fiancée, soit brièvement mariée, avant 1612, à un Indien nommé Kocoum.
L'existence même de ce Kocoum a été largement débattue parmi les spécialistes et aucun autre document ne fait allusion à un mari précédent.
Mais la tradition de la tribu des Mattaponi raconte que ce premier mari de Pocahontas, Kocoum, était le frère de Japazaws de la tribu des Patawomeck et que Kocoum a été tué par les colons après la capture de sa femme en 1613.
Les Patawomeck actuels croient que Pocahontas et Kocoum avaient une fille nommée Ka-Okee qui a été élevée par les Patawomeck après la mort de son père et l'enlèvement de sa mère.
Capture de Pocahontas
À compter de l’accident de John Smith et de son départ pour l’Angleterre, la vie des colons devint un enfer car les Indiens se mirent à attaquer les Anglais et à provoquer des pertes sévères dans leurs rangs.
Deux ans plus tard, la capture de Pocahontas a eu lieu dans le contexte de la Première Guerre Anglo-Powhatan, un conflit entre les colons de Jamestown et les Indiens de la région, qui a commencé à la fin de l'été 1609.
Malgré la guerre avec les Indiens, le capitaine Samuel Argall continua à garder des contacts avec les tribus indiennes de Powhatan.
En 1609, Argall fut le premier à déterminer la route transatlantique la plus courte entre l'Angleterre et la colonie de Virginie basée à Jamestown et fit de nombreux voyages au Nouveau Monde.
Il a dirigé avec succès la mission de sauvetage de la colonie de Virginie en 1610.
Il est aussi reconnu pour sa diplomatie avec la confédération Powhatane.
Les Patawomeck vivaient sur la rivière Potomac et n'étaient pas toujours fidèles au chef Powhatan.
Parmi eux vivait un jeune interprète anglais nommé Henry Spelman.
Argall conçut alors un projet pour enlever Pocahontas et la garder comme otage pour contraindre les Indiens à arrêter les hostilités et à obtenir une rançon.
En mars 1613, Argall apprit que Pocahontas visitait le village des Patawomeck de Passapatanzy et vivait sous la protection du petit chef Weroance également connu sous le nom de Japazaws.
Avec l'aide de Spelman pour la traduction, Samuel Argall fit pression sur Japazaws pour l’aider à capturer Pocahontas en promettant une alliance avec les colons contre les Powhatans et obtenir une rançon.
Argall a dupé Pocahontas en l’attirant à bord de son navire, avec l’aide de deux traitres de sa tribu, pour la retenir prisonnière.
Samuel Argall envoya un message au chef Powhatan en disant qu'il lui rendrait sa fille bien aimée seulement quand le chef aura échangé les colons prisonniers qu'il détenait ainsi que les armes et des outils que les Indiens avaient volés.
Le Chef Powhatan libéra les prisonniers mais ne rendit pas les armes et les outils.
Argall a finalement envoyé Pocahontas, toujours prisonnière, à terre où elle a rencontré deux de ses frères à qui elle a dit qu'elle était bien traitée.
Chef Powhatan
Les colons refusèrent l’échange pendant une année.
Une longue impasse s'ensuivit, au cours de laquelle les colons gardèrent Pocahontas captive.
Puis, en 1613, Argall retourna à Jamestown avec Pocahontas.
Elle s'est par la suite déplacée et fut retenue dans un nouveau village de Virginie, Henricus (ou Henrico), qui était sous la responsabilité de Sir Thomas Dale.
Pocahontas n’eut plus jamais le droit de revenir dans sa tribu et n’eut droit qu’à quelques visites de son frère Nantaquaus.
Pendant cette séquestration, les Anglais ont commencé l’éducation de la jeune femme aux mœurs anglaises en lui enseignant la foi chrétienne, les bons usages et la courtoisie, à s’habiller à la mode anglaise et l'aidèrent à améliorer son anglais.
Pocahontas s’est bien intégrée et s’est liée d’amitié avec les Anglais et fut traitée avec un grand respect vu son rang de princesse Indienne.
Pocahontas a eu une liberté relative au sein de la colonie et elle a commencé à apprécier son rôle dans les relations entre la colonie et son peuple.
Après presque un an de captivité, en mars 1614, Thomas Dale a amené 150 hommes armés et Pocahontas sur le territoire de Powhatan près de la rivière Pamunkey pour obtenir la totalité de sa rançon.
Attaqués violemment par les Indiens, les Anglais ont incendié de nombreuses maisons, détruit des villages et tué plusieurs Indiens.
À Matchcot, la nouvelle capitale des Powhatans, les Anglais rencontrèrent une délégation indienne et autorisèrent Pocahontas à s'entretenir avec eux.
Selon le sous-gouverneur La Vallée de Thomas, Pocahontas en voulut à son père pour l'avoir estimée, au sujet de la rançon demandée, moins importante que des armes ou des outils et elle préféra alors continuer à vivre avec les Anglais.
En juillet 1613, pendant son séjour à Henricus, Pocahontas rencontra un planteur de tabac John Rolfe, de 10 ans son ainé, qui s'éprit follement d'elle.
John Rolfe (né vers 1585 - 1622) fut un des premiers colons anglais de Virginie.
Son épouse Sarah Hacker et sa fille étaient décédées
sur le chemin de la Virginie après le naufrage du navire « Sea Venture » sur les îles d'Eté, également connues sous le nom des Bermudes.
Rolfe avait créé la plantation de « Virginie Varina Farms » où il avait cultivé une nouvelle souche de tabac.
Rolfe était un homme pieux et angoissé par les répercussions morales éventuelles d'épouser une indienne mais il a finalement pris la décision une fois qu'elle avait été convertie au christianisme.
Pocahontas fut en effet baptisée du nom de Rebecca.
Dans une lettre au gouverneur, Rolfe avait demandé la permission d'épouser Pocahontas.
Son père, le chef Powhatan, avait donné son consentement au mariage.
Le couple a été marié le 5 avril 1614 par l'aumônier Richard Buck, probablement à l’église de Jamestown, dans la religion anglicane (protestante).
Plusieurs chefs de sa tribu vinrent assister à la cérémonie avec son frère Nantaquaus et tous les colons.
La ville entière s’était réjouie de l’évènement car les colons étaient enfin persuadés que la paix était définitivement établie entre les deux peuples.
Pendant deux ans, le couple vécut dans la plantation de Rolfe à Varina Farms en Virginie à proximité de la rivière James et de la communauté d’Henricus.
Le mariage de Pocahontas et de John Rolfe avait créé un climat de paix entre les colons de Jamestown et les tribus de Powhatan.
Il y eut des échanges amicaux qui ont duré huit ans sous le nom de « Paix de Pocahontas » mais les hostilités reprirent dès 1622.
Leur fils Thomas Rolfe est né le 30 janvier 1615 à la plantation familiale.
Thomas Rolfe sera le seul enfant de Pocahontas et de son mari John Rolfe.
Thomas a grandi en Angleterre et il est revenu en Virginie en 1635 puis servit dans l'armée anglaise.
Il décéda vers 1675.
Le voyage en Angleterre de Pocahontas
Le but de Thomas Dale était de rechercher un soutien financier supplémentaire pour la « Virginia Company » et aussi d'attirer de nouveaux colons et investisseurs en Virginie.
Il fallait assurer une bonne publicité pour son projet.
Thomas Dale avait emmené avec lui une douzaine d'Indiens Algonquins dont Pocahontas, son mari et leur jeune fils, Thomas.
Pocahontas avait comme mission de promouvoir sa Virginie natale auprès des Européens et de leur garantir que les indigènes du Nouveau Monde ne représentaient pas une menace et que la sécurité des colonies était assurée.
En 1616, la famille Rolfe embarquait donc et voguait jusqu'en Angleterre.
Outre les Indiens de sa tribu, Pocahontas avait aussi emmené dans sa suite Uttamatomakkin, connu plus simplement sous le nom de Tomocomo, un vieux chef rusé dont les plumes de guerre et les tuniques bariolées allaient retenir l’attention générale des Anglais.
Pendant la traversée, Pocahontas fut éblouie par l’étendue de l’océan et le nombre de vaisseaux à voile.
À leur arrivée le 12 juin 1616 à Plymouth, le gouverneur de la ville vint accueillir la princesse indienne et lui souhaiter la bienvenue en Angleterre.
Pocahontas n'était pas une princesse dans la culture Powhatan, mais la « Virginia Company » la présenta comme telle aux Anglais parce qu'elle était la fille d'un chef important, un « roi en chef Indien ».
D'ailleurs aucun de ses frères et soeurs ne se faisaient appeler "prince" ou " princesse".
En juin 1616, la petite troupe voyagea en diligence jusqu’à Londres toujours accompagnée des onze autres Powhatans, dont le chaman Tomocomo.
L'arrivée de Pocahontas à Londres a été bien médiatisée.
Son séjour en Angleterre fut une marche triomphale, en étant reçue avec tous les honneurs dus à son rang de princesse étrangère.
Elle fut invitée à des banquets, des réceptions et des spectacles de théâtre.
Elle a été présentée à la cour par Lord Delaware et son épouse et ensuite officiellement accueillie en grande pompe par le roi Jacques Ier d'Angleterre (James Ier)(1566-1625), la reine Anne (1574-1619) et à la famille royale, entourés des nobles et dames de leur cour.
Le roi James Ier La reine Anne Pocahontas
Elle ne fut absolument pas impressionnée par le roi et sa cour d’aristocrates aux parures somptueuses.
Cet accueil chaleureux se prolongea dans toute la ville de Londres et des fêtes furent organisées en son honneur.
Le peuple anglais qui n’avait jamais rencontré de Peau-Rouge était curieux de voir cette princesse venue d’un autre monde avec sa peau bronzée et ses cheveux noirs luisants en lui prouvant sa gratitude pour avoir soutenu les colons anglais pendant leur installation difficile en Virginie.
Les cardinaux et évêques, les seigneurs et nobles vinrent lui rendre visite dans leurs carrosses de luxe dans sa maison de Brentford.
Le vieux sage Uttamatomakkin était également l’objet de toutes les attentions.
Pocahontas a impressionné ceux qu'elle a rencontrés parce qu'elle était présentée comme la fille d'un roi.
Mais souvent elle était aussi considérée comme une sorte de curiosité.
Plusieurs tavernes et auberges furent même nommées
« La Belle Sauvage », des enseignes que l’on trouve encore à Londres.
Lors de ce séjour, Pocahontas apprit que John Smith était encore en vie et que celui-ci résidait à Londres.
Le capitaine Smith, qui avait consacré toutes ces années aux voyages d’aventures et d’explorations, entendit aussi parler de l’arrivée de Pocahontas.
Ce dernier écrivit une lettre à la reine Anne lui demandant de veiller à ce que Pocahontas soit traitée avec le même respect qu'un visiteur royal et non comme un phénomène de foire.
Pocahontas et Rolfe vécurent dans la banlieue de Brentford dans le Middlesex pendant quelques mois ainsi que chez la famille de Rolfe à Heacham dans le Norfolk.
Au début de l’année 1617, John Smith décida de lui rendre visite à Branford avec un groupe d’amis pour la saluer.
Selon Smith, quand elle le vit, elle fut prise par l’émotion et les anciens souvenirs et elle se détourna de lui en cachant son visage obscurcit, sans pouvoir parler.
Elle finit par prononcer ces paroles :
« On m’avait dit que vous étiez mort ! ».
Après s'être reprise, Pocahontas a parlé de l'ancien temps en s’adressant à lui comme à un "père".
Ce fut leur dernière rencontre.
Pocahontas & son fils Thomas
Après cette rencontre, le capitaine Smith n’a pas résisté à nouveau à s’embarquer pour de nouvelles aventures à la recherche de nouvelles colonies à créer.
Il prépara notamment la voie aux Pères Pèlerins qui édifièrent plus tard le site de Plymouth en Nouvelle Angleterre.
Après le départ du capitaine Smith, Pocahontas se mettait à rêver de plus en plus aux forêts américaines de son pays natal, se languissant en pensant à ses années d’enfance dans la nature sauvage et ayant le mal du pays.
Elle commençait à se lasser de son séjour en Angleterre.
On dit que Pocahontas souffrait du syndrome de Stockholm qui est un phénomène psychologique observé chez des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une sorte d'empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci, selon des mécanismes complexes d'identification et de survie.
Son mari John a eu tellement peur des conséquences néfastes sur sa santé qu’il décida, après sept mois, de repartir en Virginie avec sa famille.
En mars 1617, ils partirent donc de Londres pour embarquer sur un navire avec un chargement de provisions prévu pour la colonie de Jamestown.
Le navire navigua sur la Tamise jusqu’à Gravesend (dans le Kent) lorsqu’une faiblesse inattendue envahissait subitement la jeune femme ayant le regard fixé vers le soleil couchant et la Virginie.
Elle fut débarquée à terre.
La nature de la maladie reste inconnue, mais Pocahontas a été très sensible à l'air pollué de Londres pendant son séjour.
Elle tomba dans un sommeil profond dont elle ne s’éveilla pas et resta ainsi éternellement en terre étrangère.
Elle mourut peu après, âgée de 21 ou 22 ans.
Il semble qu'elle ait succombé à une pneumonie ou peut-être à la tuberculose.
Certains prétendent même qu'elle aurait pu être empoisonée !!
Son enterrement eut lieu le 21 mars 1617 dans la paroisse de l'église St George à Gravesend et elle a été enterrée dans un cimetière à Gravesend près de l’église.
On pense que sa tombe est sous le choeur de l'église.
Cette église a été détruite dans un incendie en 1727 et reconstruite et l’emplacement exact de la tombe est inconnu.
Sa mémoire est honorée par une statue en bronze grandeur nature dans l'église de St George.
John Rolfe, avait confié son fils Thomas à son frère avant de retourner seul en Virginie et il ne reverra plus jamais son fils. Il mourut en Virginie en 1622.
En 1635, à l'âge de 20 ans, Thomas repartit également en Virginie et hérita des propriétés de son père en devenant le directeur des plantations.
Pocahontas Thomas Rolfe
Comme cité plus haut, Rebecca (Pocahontas) et John Rolfe ont eu un enfant, Thomas, né dans leur plantation de Varina Farms en Virginie en 1615 avant que la famille ne parte pour l'Angleterre.
Beaucoup de vieilles familles de Virginie font remonter leur lignée à Pocahontas et leur fils Thomas Rolfe.
Thomas Rolfe et sa femme, Jane Poythress, ont eu une fille, Jane Rolfe , qui est née à Varina dans le comté de Henrico en Virginie le 10 octobre 1650.
Jane Rolfe a épousé Robert Bolling du comté de Prince George en Virginie. Leur fils, John Bolling est né en 1676.
John Bolling a épousé Mary Kennon et a eu six enfants survivants dont chacun s'est marié et a eu des enfants.
Parmi les descendants, il y a Edith Wilson, l’épouse du 28ème Président américain Woodrow Wilson (1856-1924) et Nancy Reagan, épouse du 40ème Président Ronald Reagan (1911-2004).
On y trouve aussi George Wythe Randolph, général et homme politique sudiste, le général Lee, Richard Byrd, explorateur et aviateur, Harry F. Byrd, Pauline de Rothschild, l'acteur américain Glenn Strange ou encore l’astronome Percival Lowell.
De nombreux lieux et monuments aux États-Unis portent le nom de Pocahontas.
Son histoire a été romancée depuis sa mort et au fil des années, elle et Smith, sont souvent dépeints comme ayant une relation amoureuse.
Mais on a trouvé aussi pas mal de récits fictifs et certains ont été contestés et documentés par ses descendants.
Pocahontas et les plus célèbres adaptations au cinéma
* "Le nouveau monde" de Terrence Malick (long-métrage de 2005)
Ce film est sorti en 2005 au cinéma.
C'est, à l'heure actuelle, le long-métrage le plus récent sur les aventures de Pocahontas.
L'actrice Q'orianka Kilcher incarne Pocahontas dans cette version.
Colin Farrell joue le rôle de John Smith.
* "Pocahontas : la légende" de Danièle J. Suissa (série de 1999)
C’est un téléfilm canadien réalisé par Danièle J. Suissa.
Pocahontas est incarnée par l'actrice Sandrine Holt et John Smith interprété par Miles O'Keeffe
* "Pocahontas, une légende indienne" des studios Disney (long-métrage d'animation de 1995)
C’est le 33ème grand classique des studios Disney.
Ce long-métrage d'animation a fait l'objet d'une suite en 1998 « Pocahontas 2 : Un monde nouveau ».
* "Captain John Smith & Pocahontas" de Lew Landers (long-métrage de 1953)
Ce film s'est aussi intitulé « Les Flèches de feu » ou « Flèches enflammées ».
L'actrice Jody Lawrance incarnait dans ce film la princesse indienne.
L'acteur américain Anthony Dexter interprétait John Smith.
Date de dernière mise à jour : 17/02/2024