HISTOIRE DES COWBOYS AMERICAINS 3
ARTICLE & PHOTOS ( sauf anciennes ) DE ROLAND ROTH
Les cowboys contribuent au mythe du Far West.
Les différentes traditions cowboys à travers les Etats-Unis et d'ailleurs :
Aux Etats-Unis, entre 1840 et 1870, les descendants américains des Anglais et des Français ont commencé à s'installer à l'ouest du fleuve Mississippi (le far west) et y ont rencontré la culture des descendants des Espagnols et Mexicains qui occupèrent les régions appartenant à l’Espagne, puis au Mexique et qui sont devenues plus tard la Californie, le Texas et la Floride.
La tradition cowboy de la Californie
Le vaquero, le cow-boy mexicain est arrivé en Californie au 18èmesiècle et a prospéré dans ces régions de l’ouest pendant la période coloniale espagnole.
Les colons des États-Unis quant à eux sont arrivés en Californie qu'après la guerre américano-mexicaine au milieu du 19ème siècle.
Mais la plupart de ces premiers colons étaient des mineurs et autres aventuriers plutôt que des éleveurs de bétail.
C’est les Mexicains-Espagnols qui sont restés en Californie qui s’occupaient de l'élevage.
Certains cowboys de la tradition californienne ont été surnommés « Buckaroos » par les colons anglophones et le terme est apparu pour la première fois en 1827.
Ce vaquero appelé « Buckaroo », contrairement au cowboy du Texas, était considéré comme un travailleur hautement qualifié qui restait généralement dans le même ranch où il était né et avait grandi avec sa propre famille.
Le climat d'une grande partie de la Californie était radicalement différent de celui du Texas et permettait ainsi un élevage plus intensif avec des prairies moins ouvertes.
Les bovins en Californie étaient surtout commercialisés régionalement sans convoyage pendant des centaines de kilomètres jusqu’aux trains.
La selle « Wade », dérivée des modèles de selles vaqueros, fut populaire dans les ranchs auprès des cavaliers de la tradition Buckaroo.
La tradition cowboy du Texas
Au 18ème siècle, les habitants du Texas espagnol rassemblèrent leur bétail à cheval pour le vendre légalement ou illégalement en Louisiane.
Leurs chevaux étaient de type « Genet d’Espagne » qui sont devenus par après le Mustang espagnol.
Au début du 19ème siècle, l’Espagne et par la suite le Mexique indépendant ont offert à des citoyens américains et colons des concessions appelées « empresario » dans ce qui sera plus tard le Texas.
En 1821, Stephen F. Austin est arrivé avec un groupe qui deviendront les premiers citoyens mexicains anglophones.
Après l'indépendance du Texas en 1836, beaucoup d’autres Américains se sont installés dans des ranchs dans les zones d'élevage du Texas
fortement influencés par la culture mexicaine du vaquero.
Ils s’approprièrent le vocabulaire et les vêtements des vaqueros tout en gardant également certaines des traditions et de la culture du bétail de l'est des États-Unis.
Après la guerre de Sécession, la tradition vaquero s'est mélangée avec les traditions d'élevage de bétail du sud-est des États-Unis.
Des influences supplémentaires se sont développées au Texas quand les pistes de bétail ont été créées pour rejoindre les lignes de chemin de fer du Kansas et du Nebraska et avec les possibilités d'élevage en ranch dans les « Great Plains » et autour des « Rocky Mountain Front » à l'est de la « Continental Divide ».
Les nouveaux colons ont eu besoin de plus de chevaux pour être dressés et entraînés plus rapidement.
C’est pourquoi ils ont ramené un cheval plus gros et plus lourd pour remplacer le « Genet d’Espagne ».
C’est ainsi que la tradition des cowboys du Texas est née en mêlant différentes combinaisons culturelles, en s'adaptant à la géographie et au climat de l'ouest du Texas.
Le « King Ranch », fondé en 1853 par le Capitaine Richard King, est le plus grand ranch de l'État du Texas comprenant un élevage de chevaux et bovins sur plus de 3 340 km2.
Il est plus grand que l'État de Rhode Island.
Le ranch est situé dans le sud du Texas entre Corpus Christi et Brownsville à côté de Kingsville.
Il comprend des portions de six comtés du Texas.
À la fin de la guerre de Sécession, le King Ranch avait déjà atteint une superficie de 591 km2 comprenant des milliers de têtes de bétail.
Les » Longhorns » domestiqués du capitaine King étaient parmi les tout premiers troupeaux à entreprendre la transhumance vers le nord du Texas et le Kansas.
À cette époque, le Capitaine King enregistra une marque mythique, la célèbre « Running W ».
En plus de travailler sans relâche pour améliorer le ranch, il a investi dans la construction de chemins de fer, de garages, de fabriques de glace et d'améliorations portuaires pour le port de Corpus Christi.
Il était désireux de créer l'infrastructure pour commercialiser son activité de rancher de la manière la plus efficace possible.
La tradition cowboy de la Floride
Le bétail et les chevaux ont été introduits en Floride au 16ème siècle.
Le « cowhunter » ou « cracker cowboy » de Floride du 19ème et du début du 20ème siècle se différenciait des traditions des cowboys du Texas et de la Californie.
Comme cité plus haut, les cowboys de Floride n'utilisaient pas de lassos pour rassembler et capturer le bétail mais leurs principaux outils étaient les fouets et les chiens.
Étant donné que le « cowhunter » de Floride n'avait pas besoin d'une corne de selle pour ancrer un lasso, beaucoup n'utilisaient pas de selles western mais plutôt une selle McClellan.
Certains de ces cowboys portaient des bottes qui dépassaient les genoux pour se protéger des serpents. Ils portaient généralement des chapeaux de laine ou de paille bon marché et utilisaient des ponchos pour se protéger de la pluie fréquente dans cette région.
La race de « Florida Cracker Horse » est encore utilisée par certains cowboys de Floride et descend de chevaux introduits par les Espagnols.
Après 1565 et jusqu'à la fin du 17ème siècle, des ranchs de bétail appartenant à des fonctionnaires et à des missions espagnols se situaient dans le nord de la Floride pour approvisionner la garnison espagnole de Saint-Augustin et les marchés de Cuba.
Des raids en Floride espagnole depuis la province des « Carolines » avec leurs alliés amérindiens ont décimé la population Amérindienne de Floride en conduisant à l'effondrement des missions espagnoles et des systèmes d'élevage de la région.
Au 18ème siècle, les Creek, les Seminoles et d'autres Indiens se sont installés dans les zones dépeuplées de Floride et ont commencé à rassembler le bétail laissé par les ranchs espagnols.
Au 19ème siècle, la plupart des tribus de la région ont été dépossédées de leurs terres et de leur bétail par les colons blancs et le gouvernement américain les a refoulées vers le sud ou l'ouest.
Au milieu du 19ème siècle, les nouveaux éleveurs blancs possédaient de grands troupeaux de bétail sur la vaste plaine du centre et du sud de la Floride.
La viande de bovins de Floride a été une source d'approvisionnement essentielle pour la Confédération pendant la guerre de Sécession au point de fonder une unité de cavalerie spécialisée pour organiser, rassembler et protéger les troupeaux.
Après la guerre civile et jusqu'au 20ème siècle, le bétail de Floride était régulièrement transporté vers des ports du golfe du Mexique comme Punta Rassa près de Fort Myers en Floride et expédié vers les marchés de Cuba entre autres.
La tradition cowboy de Hawaii
Le cowboy hawaïen s’appelle le « Paniolo ».
Il est un descendant direct du vaquero de Californie et du Mexique dont il a appris ses compétences.
Certaines théories sur l'origine du mot « Paniolo » suggèrent que celui-ci serait dérivé de « panuelo » qui désigne en Espagnol un mouchoir ou peut-être d'un mot de la langue hawaïenne signifiant "tenir fermement et se balancer avec grâce".
Les premiers voyages du capitaine George Vancouver à Hawaii le furent comme officier subalterne lors de l'expédition de James Cook.
De 1792 à 1794, le capitaine Vancouver et le monarque du royaume hawaïen Kamehameha développèrent une relation étroite car Vancouver aida Kamehameha à prendre le pouvoir.
Les iles de Hawaii n'avaient pas de grands mammifères terrestres, cependant, en 1793, George Vancouver offrit comme cadeau à Kamehameha quelques bovins et des moutons et aussi des légumes-racines, ce qui avait introduit l'élevage et un héritage de vie de cow-boy et de culture de ranch à travers Hawaii.
Pendant 10 ans, le roi Kamehameha avait interdit l'abattage de bétail et a infligé la peine de mort à quiconque violait la loi.
Suite à cela, la population bovine s’est multipliée de façon considérable en faisant des ravages dans toute la campagne.
Sous le règne de Kamehameha III, le nombre de bovins sauvages errant sur les iles devenait un réel problème.
En 1832, le roi envoya un émissaire en Californie appartenant alors encore au Mexique.
Il a été impressionné par l'habileté des vaqueros, les Buckaroos et il en a invité trois à Hawaii pour enseigner aux Hawaïens l’art de l’élevage du bétail.
Les premiers chevaux sont arrivés à Hawaii en 1803.
En 1837, John Parker, un marin de la Nouvelle-Angleterre qui s'est installé dans les îles, a reçu l'autorisation du roi Kamehameha III de louer des terres royales près du volcan Mauna Kea où il a construit un ranch.
Même encore de nos jours la tenue traditionnelle du Paniolo reflète l'héritage espagnol du vaquero.
La selle hawaïenne traditionnelle, la « noho lio » et de nombreux autres accessoires des cowboys ont un look distinctement mexicain / espagnol.
Aujourd'hui, les deux plus grands ranchs d'Hawaii sont le Parker Ranch sur Big Island et le Molokai Ranch.
Voir mon article : Hawaii et le Parker Ranch
La tradition cowboy ailleurs aux Etats-Unis
Les cowboys étaient implantés dans beaucoup d'Etas de l'ouest américain comme le Wyoming, le Nebraska, le Kansas, l'Idaho, le Montana, l'Oregon, le Colorado etc .....
au Wyoming au Kansas au Montana
L’achat de terres à Montauk près de New York sur Long Island, signé en 1661, 1672 et 1686, a permis à un groupe de citadins de East Hampton de faire paître des bovins sur les terres des Indiens Montauketts.
Alors que certaines terres forestières ont été protégées dans ces accords, la plupart du
territoire de Montauk a été conservé par les citadins comme espace d'élevage et de pêche privée.
Ainsi, Montauk est considérée comme le plus ancien ranch de bétail exploité aux États-Unis et ceci depuis que les colons européens ont acheté des terres aux Indiens de la région.
Chaque saison, un nombre important de bovins à Long Island a été rassemblé sur les pâturages communs mais aucune tradition de cowboy cohérente ne s'est développée parmi ces vachers de Long Island qui vivaient avec leurs familles non pas dans des ranchs mais dans des maisons construites sur les pâturages.
En 1776, le seul véritable rassemblement de bétail à Long Island eut lieu sur la route de Montauk jusqu'au pâturage près du ranch Deep Hollow et qui consistait, lorsque le bétail de l'île a été déplacé, dans une tentative ratée de les empêcher d'être capturés par les Britanniques pendant la guerre d’indépendance.
Sur la côte est de la Virginie, les « Cowboys de l'eau salée » sont connus pour avoir rassemblé les poneys sauvages de Chincoteague de l'île Assateague et les avoir conduits à travers le canal
Assateague dans des enclos sur l'île Chincoteague lors du Pony Penning annuel.
C’est dans la province de l’Alberta que l’élevage au Canada a toujours été le plus intensif et que les premiers colons en tant qu’éleveurs de bétail ont prospéré.
Beaucoup d’éleveurs de l'Alberta étaient surtout des colons anglais. Un cowboy américain John Ware a implanté le premier troupeau de bétail dans le sud de la province en 1876.
L'élevage en « open range » du style américain a dominé dans l'Alberta et dans le sud-ouest de la province du Saskatchewan dans les années 1880.
La « Cowtown » de Calgary était alors devenue le centre de l'industrie bovine canadienne et les bovins furent plus nombreux que les habitants de la province.
Le premier rodéo du Canada, le « Raymond Stampede » a été créé en 1902.
Sous la direction de l'éleveur Raymond Knight des cowboys des ranchs environnants ont été invités à participer à ce premier rodéo professionnel qui consistait au « saddle bronc riding » et au « steer roping ».
En 1912, le Stampede de Calgary a débuté et se vante d'être « Le plus grand spectacle extérieur du monde » (The Greatest Outdoor show on Earth).
Des dizaines d’autres rodéos régionaux ont lieu dans la province comme le rodéo d’Edmonton.
Voir mon article : le Rodeo
La tradition cowboy ailleurs dans le monde
En Australie, les ranchs sont connus sous le nom de « stations », terme également employé en Nouvelle-Calédonie. Les stations se trouvent principalement dans l’« outback » australien, la vaste région des Rangelands s’étendant sur quatre états ou territoires.
Les cowboys sont connus sous le nom de « stockman » ou « catleman » (ou encore « jackaroos et jillaroos»).
La tradition cowboy australienne unique dans son genre a été influencée par les Américains au 19ème siècle ainsi que par les traditions importées directement d'Espagne.
Cette tradition australienne a été fortement influencée par les peuples autochtones australiens, les Aborigènes dont les connaissances ont joué un rôle clé dans le succès de l'élevage du bétail dans le climat australien.
En Argentine, les ranchs sont désignés sous le terme de « Estancia » et fonctionnent en mode de production extensive.
Le mot « Estancia » est principalement employé en Argentine, au Paraguay, en Uruguay ainsi que dans le sud du Chili, le terme d'«Hacienda » étant plus utilisé dans les autres pays hispanophones d'Amérique du Sud.
Au Brésil, on emploie celui de « Fazenda ».
Toutefois leur signification n'est pas tout à fait identique. En effet, une Hacienda est une exploitation agricole au sens large, vouée aussi bien à la culture qu'à l'élevage ou même dans certains cas à l'exploitation minière. L'Estancia, en revanche est entièrement vouée à l'élevage d'ovins ou de bovins et se situe généralement dans la pampa.
En France, la Camargue regroupe les cavaliers appelés les « Gardians » qui rassemblent les troupeaux de taureaux et de chevaux.
En Hongrie , les « Csikós » gardent les chevaux et les « Gulyás » s'occupent du bétail.
Les éleveurs de la région de la Maremme en Toscane, en Italie, sont appelés quant à eux les « Butteri » (au singulier : Buttero ).
La population pastorale asturienne est appelée « Vaqueiros de alzada ».
Quelques mots sur la tenue du Cowboy
Les cowboys ne ressemblaient pas du tout à Buffalo Bill.
Les cowboys portaient des vêtements bien plus rustiques adaptés à leur rude travail.
En général une chemise en toile épaisse, un pantalon en cuir sans ceinture avec des jambières et une paire de bottes composaient leur garde-robe. Les jeans Levi’s ne firent leur apparition dans les ranchs américains que dans les années 1880.
Les cowboys n’avaient pas de chapeau sur la tête pendant le travail, surtout pas le fameux Stetson car il se serait envolé en galopant. Ils le portaient plutôt dans le dos et il était retenu par une lanière.
Un mouchoir autour du cou, un bandana, leur permettait de se protéger de la poussière.
La plupart des vêtements de cowboy et accessoires (parfois appelés vêtements western) adaptés à l'environnement dans lequel le cowboy travaillait, émanaient des vaqueros mexicains mais aussi d'autres cultures comme les Amérindiens et les « mountain men », hommes de la montagne, explorateurs et trappeurs.
Beaucoup de ces articles présentent des variations régionales bien distinctes.
Le bandana est un grand foulard en coton qui servait pour s’essuyer la sueur dans le visage et surtout pour protéger le visage contre les tempêtes de poussière.
Voir mon article : le Bandana
Les jambières nommées aussi « shaps » protègent les jambes du cavalier à cheval, en particulier à travers les broussailles ou lors de travaux difficiles avec le bétail.
Les bottes de cowboy, les cowboys boots, avec ou sans éperons détachables, protègent le bas des jambes et les pieds. Les bouts pointus des bottes aident à guider le pied pour enfourcher les étriers et les talons hauts pour empêcher le pied de glisser à travers l'étrier pendant le travail en selle.
Voir mon article : Cowboy Boots
Le chapeau de cowboy, le cowboy hat, généralement à large bord, est fait pour protéger du soleil, des arbres en hauteur et des éléments climatiques.
Il existe de nombreux styles de chapeaux, initialement plus ou moins influencés par John B. Stetson qui a conçu ses chapeaux en réponse aux conditions climatiques de l'Ouest.
Des caractéristiques telles que la largeur du bord du chapeau, sa longueur ou le matériau des chapeaux, diffèrent pour s'adapter aux diverses conditions environnementales rencontrées par les cowboys au travail.
Voir mon article : Cowboy Hats
Les gants pour le travail sont généralement en peau de daim ou en un autre cuir souple pour permettre une protection efficace lors de la manipulation de barbelés, d'outils de toute sorte ou lors du débroussaillage de la végétation.
Les pantalons solides et plus tard les Jeans sont en toile ou en denim, conçus pour protéger les jambes et empêcher les jambes de pantalon de s'accrocher à l'équipement ou à d'autres dangers.
Les jeans de cowboy ont également une couture intérieure lisse pour éviter les cloques à l'intérieur de la cuisse et du genou quand ils sont à cheval.
Voir mon article : Histoire du Jeans
À la fin du 19ème siècle et tout au long du 20ème siècle, de très nombreuses œuvres littéraires, des romans, des bandes dessinées et des films prirent pour héros ces cowboys américains intrépides et courageux.
C'est ainsi que le cowboy s'est transformé en un personnage mythique incarnant les valeurs américaines.
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Date de dernière mise à jour : 21/04/2024