LE REVE AMERICAIN DES BONAPARTE - NAPOLÉON ET LES ÉTATS-UNIS

             ARTICLE DE ROLAND ROTH 

 

Famille napoleon     LE REVE AMERICAIN DES BONAPARTE ! 

       NAPOLÉON ET LES ÉTATS-UNIS D'AMERIQUE         Napoleonenamerique jpg


       
Napoléon Bonaparte ne s’est jamais rendu aux Etats-Unis et pourtant depuis tout jeune il s‘intéressait à ce pays.
La lutte des Corses pour l’indépendance de l’île à laquelle fut mêlée la famille Bonaparte a eu lieu juste quelque temps avant la révolution américaine.

 

 HISTOIRE 

Napoléon Bonaparte est né à Ajaccio en 1769 portant le nom de Napoleone Buonaparte. 
La Corse, cédée par la république de Gênes, est française depuis à peine un an. 
Les Bonaparte sont d’origine italienne et vivent en Corse depuis la fin du 15ème siècle. 
De métier, ils sont notaires, hommes de loi ou politiciens comme le grand-père de Napoléon, Giuseppe Maria Buonaparte qui fut député de la ville d’Ajaccio au conseil de Corte. 
Son père Charles Bonaparte a fait ses études de jurisprudence à Rome et à Pise et, en 1777, il a été député de la noblesse de Corse. 
Il a été reçu en 1776 et en 1778 en audience à Versailles par le roi Louis XVI. 
C’est à ce moment-là que Napoléon rejoint une école militaire pour la noblesse française
etc …..

Puis en 1803 la Louisiane est vendue aux États-Unis par le premier consul Napoléon Bonaparte. 

 

Vente louisiane                    Voir mon article : Vente de la Louisiane en 1803                 Louisiane en 1800

 

Au début du 18ème siècle, cette terre qui avait été habitée jusque-là par des Amérindiens vivant des ressources de la pêche, de la chasse et de l'agriculture, n'attira guère les colons européens. 
En 1746, on estimait le nombre de ces colons à 3 200 environ en plus des cinq mille esclaves africains qu'ils faisaient travailler. 
Cet immense territoire était peu attractif car son économie reposait alors sur la petite agriculture, le commerce des peaux et l'exploitation de quelques mines de plomb. 

Les épidémies et les révoltes des tribus amérindiennes entretenaient aussi la mauvaise réputation de la Louisiane dans le royaume de France. 
C'est l'une des raisons qui explique que ce territoire fut cédé à l'Espagne en 1762. 
Mais après la victoire de Marengo (le 14 juin 1800), le roi d’Espagne Charles IV fut contraint de rétrocéder la Louisiane au général Bonaparte. 
Pour conforter les liens d'amitié qui liaient la France et les États-Unis depuis la guerre d'indépendance, Bonaparte proposa alors de vendre ce territoire aux Américains afin d'isoler d’avantage la Grande-Bretagne. 
Cette proposition stupéfia les dirigeants états-uniens, car elle leur offrait la possibilité d'acquérir, pour un prix modique, un territoire dépassant les 2 millions de km², ce qui doublait presque la taille de leur pays.

 

Napo              Voici l’histoire méconnue et la saga de la famille américaine de Napoléon Bonaparte.

 

Napoléon Bonaparte avait quatre frères et trois sœurs. 
Commençons par son plus jeune frère, Jérôme, qui avait 15 ans de moins que Napoléon. 
Pendant le consulat de celui-ci, Jérôme alors qu’il n’avait que 16 ans, était dans la marine et devint lieutenant en 1801. 
La marine l’envoie à Saint-Domingue, en Martinique, puis aux Etats-Unis. 

En juillet 1803, Napoléon est Premier Consul et dirige la France. L’année précédente il est devenu Consul à vie. 

 

Je ro mebon         JEROME BONAPARTE EN AMÉRIQUE          Depa  

 

Le frère cadet de Napoléon, Jérôme Bonaparte, né le 15 novembre 1784 à Ajaccio

Son beau-frère, le général Leclerc, l’emmène à Saint-Domingue, puis le renvoie peu de temps après avec des dépêches importantes pour son frère. Sa mission remplie, Jérôme, aux commandes du brick l'Epervier, repart sur-le-champ pour la Martinique.

En 1803, il abandonne son navire à la Martinique et se rend aux États-Unis, à Baltimore, où il arrive le 20 juillet 1803.

Là il tombe éperdument amoureux d’Elizabeth Patterson, une riche héritière de Baltimore qu’on appelle Betsy    Betsy bonaparte baltimore
Cette jeune fille de la haute société, connue pour sa beauté et son esprit, a un père homme d’affaires richissime. 
Jérôme a 19 ans (
encore mineur et sans le consentement de sa famille), elle en a 18 quand ils se marient le 24 décembre 1803 à Baltimore.

Napoléon, peu ravi de l’union de son petit frère, lui intime de rentrer en France pour que le mariage soit annulé. L’ambassadeur de France à Washington en perd sa place.

Le couple entend plaider sa cause auprès de Napoléon. 

Jérôme et Betsy rentrent alors en France en 1805 sur un navire américain affrété par son beau-père.

Son mariage, comme celui de son autre frère Lucien, déplaît à Napoléon qui, malgré la douleur et la résistance de Jérôme, tendrement attaché à sa femme dont il a un fils, le fait casser (par décret impérial, le 11 mars 1805) pour cause de minorité. 

Betsy est enceinte. Peu importe, quand ils arrivent dans un port français, sur ordre de Napoléon, Betsy est empêchée de débarquer.

Jérôme et Betsy ne se reverront jamais.

C’est en Angleterre que Betsy finit par se réfugier et accouche le 7 juillet 1805 d’un fils qu’elle va nommer Jerome-Napoleon Patterson.

Jérôme Bonaparte, de son côté, ne peut faire face à l’inflexibilité de son frère qui est devenu entre-temps Empereur des français. 

 

 En mai 1805, l’Empereur envoie Jérome dans la marine et lui attribue le commandement de l'escadre basée à Gênes.

 

En 1807, le royaume de Westphalie est fondé en plein cœur de l'ancien Saint Empire romain germanique. Napoléon place à sa tête son plus jeune frère, Jérôme Bonaparte qui s'installe à Kassel.

Mariagejeromebonapartecatherinewurtemberg png        Napoléon lui fit épouser une princesse allemande, Catherine de Wurtemberg. 

Cette union n’est pas un mariage d’amour.

 
Catherinewurtemberg        Catherine de Wurtemberg est la fille du roi du Wurtemberg,

la nièce de l’impératrice de Russie Marie Féodorovna et une cousine de la reine Victoria. 
Six jours après leur mariage en août 1807, Jérôme devient roi de Westphalie, un petit royaume allemand à l’est du royaume de Prusse. 
Il sera surnommé le König Lustig, « le roi drôle ». 
Il est jeune, impétueux, insouciant, ivre de son pouvoir et de celui de son frère. 

 

Jerome ii      Né à Trieste (Italie) le 9 septembre 1822, Napoléon-Joseph-Charles-Paul Bonaparte,

plus communément appelé Napoléon Jérôme Bonaparte, puis ensuite prince Jérôme ou prince Napoléon, est le second fils de Jérôme Bonaparte (le premier étant Jerome Napoleon Patterson), ex-roi de Westphalie et de la princesse Catherine de Wurtemberg

 

L’Américaine Betsy ne va jamais se remarier et elle est retournée avec son fils, Jerome Napoleon Patterson, à Baltimore alors âgé de 4 mois.

 

Jeromenapoleonbonapartepatterson  Jerome Napoleon  Bonaparte Patterson

grandit et n’était pas intéressé par un éventuel mariage arrangé avec une princesse européenne selon le souhait de sa mère. 


Après ses études de droit à Harvard, il épouse
Susan May Williams, une riche héritière de Baltimore.         Susanmaywilliamsbonaparte


Ils auront deux fils à plus de 20 ans d’intervalles se nommant
Jérôme Napoléon Bonaparte II et Charles Joseph Bonaparte
Ces deux petits-neveux de Napoléon Ier vont tous deux faire des carrières brillantes.

En 1860, Jerôme Napoléon (l’Américain) vivait avec sa femme, sa belle-mère, son plus jeune fils Charles Joseph et de nombreux domestiques. 

 

Jeromenapoleonbonaparte ii      Jerome-Napoleon Bonaparte II, le fils aîné de Jérôme Napoléon Bonaparte et de Susan May Williams

est né le 5 novembre 1830 à Baltimore. 
Élève de la prestigieuse Académie militaire américaine de West Point, il y sortira officier, diplômé en 1852. 
Deux ans plus tard, en compagnie de son père, il rend visite à Napoléon III à Paris. 

Jerome-Napoleon fera une longue carrière dans l’armée française de Napoléon III qui lui a déjà accordé la nationalité française et le grade de sous-lieutenant avant de devenir colonel. 
Il participe notamment à la guerre de Crimée et à la guerre franco-prussienne de 1870. 
Ce n’est qu’après la mort de son père qu’il repart aux Etats-Unis en 1871. 
De retour à Baltimore, à 41 ans, il se marie avec une jeune veuve,  
Caroline Appleton          Caroline appleton 

le 7 septembre 1871 à Newport, dans l’État de Rhode Island.
Le couple a une fille l’année suivante, Louise Eugenie.

Jérôme Napoléon Charles, est né à Paris en 1874 et il est le frère de Jerome-Napoleon et donc aussi le fils de Jérôme Napoléon Bonaparte et de Susan May Williams.


Charles Joseph Bonaparte, qui étudia le droit à Harvard comme son père, sera secrétaire à la Marine américaine en 1905 et puis procureur général (l’équivalent du ministre de la Justice) dans le cabinet du président Theodore Roosevelt.

   Il créera en 1908 le Bureau Of Investigation (BOI), ancêtre du F.B.I.  Charlesbonaparte et fbi               


Il a été marié et décéda en 1921 à l’âge de 70 ans sans avoir eu de descendance.

 

À la demande de Jerome Bonaparte Patterson et de son épouse, alors qu’ils vivaient à Paris, la famille profite de la vie dans la capitale française quelques années avant d’être appelée au chevet d’Elizabeth Patterson Bonaparte (Betsy).
Jerome est arrivé à temps pour dire au revoir à sa grand-mère. Elle décède quelques jours plus tard à l’âge de 94 ans.

À la mort d’Elizabeth Patterson Bonaparte, la presse n’a pas manqué de parler de son romantique mariage avec un frère de Napoléon Ier.

 

La fille de Jerome-Napoleon et de Caroline Appleton, Louise Eugénie Bonaparte, épousera un comte danois, Adam de Moltke-Huitfeld en 1896 et aura quatre enfants alors que son frère mourra en 1945 à New York sans postérité. 
La branche américaine des Bonaparte, commencée de façon si romanesque à Baltimore, perdure aujourd’hui au Danemark.

Jérôme-Napoleon Bonaparte II (le fils de Jérôme-Napoléon Bonaparte et de Susan May Williams) meurt le 3 septembre 1893 à Prides Crossing dans le Massachusetts. 
La presse américaine retracera la destinée hors du commun de ce petit-neveu de Napoléon Ier.

 

Et pour terminer, la fin de vie en France de Jérôme, l'immigré américain et frère de l'empereur :

 

  Jerome napoleo bonap           Jérôme Bonaparte, le frère de l'empereur Napoléon        Je ro me bonaparte frere napol

 

Il est nommé le 23 décembre 1848 gouverneur général des Invalides. Il accepte en mai 1849 d’être tête de la liste bonapartiste aux élections législatives de 1849 dans le département de la Drôme, qui n'a qu'un élu, Morin, député sortant de la constituante.

Il est nommé maréchal de France le 1er janvier 1850. Louis-Napoléon le nomme ensuite président du Sénat en 1851.
    

Le nouvel empereur
Napoléon III le réintègre dans le titre et les honneurs de prince impérial en 1852 et met à sa disposition le Palais-Royal où il réside désormais.

En 1852, il peut acquérir le domaine de Vilgénis à Massy ( où il meurt en 1860 ), il agrandit la maison bourgeoise et ses communs dans le style Empire (un fronton porte ses armes), fait bâtir des écuries, agrandir le parc jusqu'à la Bièvre qui est creusée afin de former deux lacs dont l'un présente la forme du célèbre bicorne de son frère.

Il repose aux Invalides, non loin de ses frères aînés, Napoléon et Joseph. Son nom est gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile.


Napoleonbonaparte                NAPOLÉON ET LES ÉTATS-UNIS        Famille bonaparte

Parlons un peu de l’empereur Napoléon Ier.

Napoléon est prêt à émigrer aux Etats-Unis avec tous ses proches, un rêve américain qui, trois semaines plus tard, va se fracasser sur le veto des alliés.

Voici l’histoire : 

La défaite à Waterloo en Belgique est totale le 18 juin 1815 à 19 heures.
Les Anglo-Alliés ont résisté toute la journée aux assauts des Français sur le Mont Saint-Jean devant le village de Waterloo. 
Puis, au milieu de l’après-midi, les Prussiens du général Blücher apparaissent sur le flanc droit des Français. 

Tout est perdu. 
La Garde impériale livre un baroud d’honneur tandis que l’armée française se replie, battue.
 

La bataille se solde par un échec.

Les restes de son armée vaincue repassent la frontière belge, talonnés par Wellington et Blücher alors que Napoléon arrive à Paris le 21 juin 2015 et s’installe dans le palais de l’Elysée. 


Fontainebleau       
    Cette défaite signe la fin de son règne. 

 

Napoléon le sait bien que cette fois ses adversaires ne lui feront pas le cadeau de le maintenir en liberté surveillée à courte distance de la France comme à l’Ile d’Elbe. 
Napoléon a confié à ses proches : « Ma carrière politique est terminée ». 

Il abdique le 22 juin en faveur de son fils, Napoléon II. L’acte est presque dérisoire car le Roi de Rome est en Autriche, avec sa mère l’impératrice Marie-Louise et l’Autriche, en guerre avec la France, n’a évidemment aucune intention de laisser le jeune garçon (il a 4 ans) monter sur le trône d’un Empire français.

Le gouvernement provisoire presse Napoléon de quitter Paris au lendemain de sa défaite de Waterloo et il se réfugie alors à Malmaison où l’impératrice Joséphine est morte un an plus tôt. 
Avec la reine Hortense, sa belle-fille qui lui offre l’hospitalité, il évoque durant son court séjour du 25 au 29 juin 1815 le souvenir de Joséphine qu’il a tant aimée et qui lui a donné le goût de l’Amérique. 
En effet, Joséphine d’origine créole, a fait de son domaine de Malmaison une sorte de petite Amérique, en cultivant dans ses serres des plantes rares venues du nouveau Monde.
Durant tout le règne de Napoléon, les Etats-Unis d’Amérique émergent sur la scène internationale comme puissance marchande. 

Napoléon caressa un temps l'idée d'un grand empire américain, mais après la désastreuse expédition de Saint-Domingue (plus de 20.000 soldats tués entre 1801 et 1803), il met fin à ce rêve en vendant très vite la Louisiane, soit un tiers du territoire américain à l'époque. 
La proposition surprit le président Jefferson lui-même qui n'en demandait pas tant.

L’Empereur, en quête d’une terre d’asile, rêve de l’Amérique et malgré les obstacles qui se dressent devant lui, il veut y croire. Il souhaitait s'y retirer mais n'y parvint pas !
C'est en partie en raison des obstacles mis en place par Fouché pour l’en empêcher et l'obliger à se livrer aux Anglais. 
En effet, il faut obtenir les passeports nécessaires et choisir ses compagnons et serviteurs avec qui partir en exil.

En attendant le départ, on se prépare ! 

Le général comte Bertrand, grand maréchal du palais, en charge de l’intendance de l’Empereur, fait préparer les bagages, supervise la logistique des transports ainsi que leur future installation aux Etats-Unis. 
Fidèle d’entre les fidèles, il ne quittera jamais plus Napoléon qu’il accompagnera par la suite à Sainte-Hélène. Louis Joseph Marchand, son valet de chambre, rassemble les objets précieux et les effets de la vie quotidienne comme autant de souvenirs d’une épopée héroïque. 

Kit mobilier napo   Il emporte le mobilier de campagne (lit, table et fauteuil pliants),

 

il emporte aussi les assiettes de Sèvres du service dit des quartiers généraux, le cabaret égyptien en porcelaine de Sèvres, et toute l’argenterie du palais des Tuileries. 
Il prépare aussi les ouvrages des bibliothèques impériales qui traitent de l’Amérique, les cartes provenant du cabinet topographique, des instruments scientifiques collectés. L'astrophysicien François Arago doit être du voyage.

Il remplit les malles d’une foule d’objets inattendus et insolites, ne sachant pas ce qu’ils trouveront sur place. 
Ainsi l’Empereur partira avec ses selles, ses fusils, ses sabres, ses uniformes et des vêtements civils, son lavabo (en vermeil) et sa baignoire.
L’Amérique s’impose à l’Empereur comme une terre promise. 

Il s’est confié à Monge, le mathématicien qui l’avait accompagné lors de ses campagnes en Italie et en Egypte alors qu’il n’était que le général Bonaparte et qui est resté un de ses fidèles :
Napoléon dit : « Le désœuvrement serait pour moi la plus cruelle des tortures. 
Désormais, sans armées et sans empire, je ne vois que les sciences qui puissent s’imposer fortement à mon âme. Mais apprendre ce que les autres ont fait ne saurait me suffire. 
Je veux faire une nouvelle carrière, laisser des travaux, des découvertes dignes de moi. 
Il me faut un compagnon qui me mette d’abord et rapidement au courant de l’état actuel des sciences. Ensuite, nous parcourrons ensemble le Nouveau Continent depuis le Canada jusqu’au Cap Horn et dans cet immense voyage nous étudierons tous les phénomènes de la physique et du globe ».

Pendant ce temps, ses émissaires négocient avec le gouvernement les conditions de son départ pour être assuré de sortir librement des eaux françaises. 
Pour cela, il a besoin de navires pour le transporter, de passeports et de l’accord des puissances alliées pour rester libre. 
Une requête a été écrite et adressée à Denis Decrès, un officier de marine et homme politique du Consulat et du Premier Empire, afin qu'il mette à sa disposition deux frégates stationnées au large de Rochefort, la « Saale » et la « Méduse », pour le transporter avec sa suite outre-Atlantique. 

Replié de l'Elysée sur Malmaison, Napoléon reçoit le banquier Laffitte à qui il confie trois millions huit cents mille francs en or contre une lettre de crédit pour ses correspondants américains. 

Napoléon le questionne sur le genre de vie que l'on mène dans cet immense pays dont Laffitte brosse un sombre tableau. 
Le commentaire de l'Empereur marque déjà ses hésitations :
« Au total c'est un pays assez ennuyeux à habiter. Adieu donc les charmantes conversations, les hommes aimables de Paris. Adieu les arts, adieu les sciences ! Je n'aurai d'autre sympathie avec eux que la haine contre les Anglais. »
C’est habillé en bourgeois que Napoléon part pour Rochefort le 29 juin 1815.
Les deux frégates mises à sa disposition l’attendent en rade de l’Ile d’Aix en Charente Maritime.
Il embarque à bord de la « Saale » et sa suite à bord de la « Méduse » (celle du radeau). 

Mais les passeports n’arrivent toujours pas.

 A bord, la chaleur est écrasante et Napoléon décide de débarquer sur l’Ile d’Aix, malgré l’interdiction qui lui est faite de reposer le pied sur le sol français. 
Installé dans la maison du commandant de l’île (l’actuel musée Napoléon), il attend en vain les passeports. 
Il comprend alors qu’on ne le laissera pas partir en homme libre mais il se refuse à fuir. 
Decrès vient le prévenir que Fouché, l’ancien ministre de la police de Napoléon, subordonne l'octroi des frégates à l'obtention d'un sauf-conduit qu'il sollicite de Londres.

C’est une nouvelle Restauration royale qui s’annonce et Fouché, qui a beaucoup à se faire pardonner auprès des royalistes, alerte les Britanniques sur les intentions de Napoléon.
Pendant ce temps, des pourparlers ont commencé avec le capitaine du HMS Bellerophon, un navire anglais de 74 canons qui surveille l’embouchure de la Charente. 
Celui-ci assure les émissaires de Napoléon que ce dernier sera transféré en Angleterre et y sera l’hôte du peuple anglais. La proposition est alléchante !
 
Flairant un guet-apens, Decrès propose à l'Empereur d'embarquer au Havre à bord d'un navire américain en partance. Refus.

Au large de Rochefort, le préfet maritime Bonnefoux et l'amiral Martin se montrent sceptiques sur les chances des frégates de forcer le blocus du Bellerophon. 
Ils échafaudent des plans ingénieux par terre et par mer pour échapper à ce blocus comme permettre à l'Empereur de gagner le large sur un bâtiment américain pendant que l’on engagera le combat avec le Bellerophon.
 
Ou encore plus romanesques la proposition de le cacher dans une cargaison d'eau-de-vie à destination de Boston ou le plan de deux aspirants de mettre à sa disposition deux grosses barques capables de gagner nuitamment la haute mer sans être repérés vers un bâtiment marchand. 

Un plan B préconisait, notamment par l'ex-roi d’Espagne son frère Joseph Bonaparte, de filer à l'anglaise. Joseph le supplie de le rejoindre à Royan où il vient d'affréter un navire américain.
Il propose à son frère de prendre sa place en jouant de leur ressemblance physique. Napoléon refuse car il devrait laisser sur place toute sa suite.

Tous ces projets, techniquement valables, seront d'ailleurs réalisés avec succès alors que Napoléon ne s’est intéressé à aucun d'eux.Après cinq jours d'attente, il faut se rendre à l'évidence : des navires anglais bloquent la rade et les sauf-conduits n'arriveront jamais. Les alliés n'ont aucune intention de le laisser partir.

 

Nap                Le piège se referme sur l’Empereur. L’Amérique sera sa dernière utopie.

 

Là-bas, sans armée et sans empire, il projetait d’étudier, selon ses propres dires, « tous les grands phénomènes de la physique du globe ». 

Napoléon manifesta initialement la volonté de finir ses jours en Amérique mais il renonça vite à cette perpective pour demander de son plein gré à son ennemi héréditaire une hospitalité qu'il imaginait généreuse et magnanime.
Finalement le 15 juillet 1815, il doit monter à bord du vaisseau anglais le Bellerophon et s’en remet à l’hospitalité anglaise.
On peut donc affirmer que Napoléon ne voulait pas se rendre en Amérique alors que cela aurait été facile et sans grands risques de le faire.
Il paraît qu’il n'éprouvait pour les Américains aucune atti- rance, ni même de l'estime. 

Napoléon s’est surtout dérobé car dès son enfance il pensait que l'Angleterre était une nation chevaleresque, accueillante aux proscrits. 
Au cours de ses dernières semaines de liberté et avant même de quitter l'Elysée, il n'a pas caché ses préférences pour l'option anglaise. 
Sur le HMS Bellerophon il est alors non le prisonnier mais l’hôte du capitaine Maitland, commandant ce navire. 
Napoléon fuit donc la France où il ne peut rien espérer de bon du retour des Bourbons et vient se placer sous la protection de la couronne britannique. 
Puisque le chemin de l’Amérique ne se fera pas, pourquoi ne pas vivre en Angleterre ?

Il disait à son entourage « qu'on l'y tolérerait comme un particulier et qu'il y jouirait des prérogatives d'un citoyen anglais», « que le peuple anglais est généreux ». 

 

A l'heure du choix, il dicte à Gourgaud ces instructions insensées, à négocier avec le prince régent :

« Je préfère l'Angleterre à tout autre pays. 
J'y prendrai le titre de colonel Muiron ou Duroc. 
Si je dois aller en Angleterre, je désirerais être logé dans une maison de campagne à dix ou douze lieues de Londre, où je souhaiterais arriver le plus incognito possible. 
Il faudrait une habitation assez grande pour y loger tout mon monde. 
Je suis désireux, et cela doit entrer dans les vues du gouvernement, d'éviter Londres. 
Si le ministère avait envie de mettre un commissaire près de moi, Gourgaud veillera à ce que cela n'ait aucun caractère de servitude, et que ce soit un homme qui, par son rang et son caractère, ne puisse donner lieu à aucune mauvaise pensée... » 

 

Le capitaine anglais du HMS Bellerophon a des instructions. 
Il est exclu que Napoléon mette le pied en Angleterre et encore moins en Amérique. 
Le navire va donc rejoindre Torquay avant de mouiller pendant trois semaines devant Portsmouth sans que Napoléon ne puisse débarquer. 

 

Depart napo    Sur bellerophon   Exil   Napole

 

Le 7 août 1815, Napoléon est transféré à bord du HMS Northumberland à destination de l’Atlantique Sud et de Sainte-Hélène. 

 

Plus-tard à Sainte-Hélène il dira à Bertrand :

« Que ferais-je en Amérique ? Vivre en petit bourgeois ? J'y avais songé en 1815 dans un moment où j'étais très las ».

 

Napo ste helene              A Sainte-Hélène, Napoléon se confie ainsi à son médecin, le Dr O’Meara

« Si j’étais allé en Amérique, j’aurais fait de l’agriculture, j’aurais soigné mon jardin, j’aurais accueilli quelques vieux débris de mon armée qui seraient venus m’y retrouver et nous eussions vécu ensemble. 
Ça vous fait rire, docteur ! Mes goûts sont simples, j’ai besoin de peu ; j’ai toujours envié le sort d’un bon bourgeois de Paris, riche de 12.000 livres de rente, pouvant cultiver les arts et les lettres ; j’y ajoute le bonheur intérieur de famille, sans lequel il n’est point de bonheur possible, dans quelque classe qu’on se trouve ».

 

Mais l’exil à Sainte-Hélène ne va pas mettre un terme aux idées américaines de son entourage ! 

Des personnalités présentes à Sainte-Hélène aux côtés de Napoléon font mention de propositions d’évasions reçues par l’Empereur. 
Montholon rapporte qu’en 1816, on propose à Napoléon une évasion en Amérique qu’il refuse encore. 
Le maire de la Nouvelle-Orléans, Nicolas Girod, Français de naissance, avait aussi projeté une expédition avec l’aide du corsaire Jean Lafitte. Mais le projet ne vit jamais le jour. 

En 1817, une nouvelle offre est faite, la plus sérieuse de toutes, au départ du Pernambouc au Brésil. 
Nouveau fiasco, nouveau refus de Napoléon. 
On a même évoqué en 1820, une expédition visant à faire évader Napoléon en… sous-marin dont l’Empereur n’eut jamais vent.

 

Fin 1817, il confiait ainsi à l’un de ses proches, après avoir discuté d’un projet d’évasion :

« J'ai encore quinze ans de vie, tout cela est bien séduisant ; mais c'est une folie, il faut que je meure ici, que la France vienne m'y chercher. Si Jésus-Christ n'était pas mort sur la croix, il ne serait pas Dieu ».

 

Il ne vivra qu’un peu moins de quatre ans. 
   
  Mais la légende vit toujours.
Napoléon est mort en mai 1821 à l’âge de 51 ans. 

 

  • Josephbonaparte              JOSEPH BONAPARTE EN AMÉRIQUE               Joseph 1  

 

L'ancien roi de Naples (1806 à 1808) puis d'Espagne (1808 à 1813), le frère aîné de Napoléon Ier, Joseph, sera le premier des Bonaparte à rallier les Etats-Unis après la chute de l'Empire. 
Il avait soigneusement préparé sa fuite, chassé d'Espagne, pour trouver refuge dans son château suisse de Prangins en 1813, rêvant d'Amérique. 
L'année suivante, au moment de la première abdication de Napoléon, il avait senti le vent tourner et investi une partie de sa fortune outre-Atlantique, faisant jouer ses relations pour obtenir des passeports français et américain.

Dix jours après le départ en captivité de son frère Napoléon Bonaparte pour l’Angleterre, Joseph, dissimulant sa véritable identité et muni d'un faux passeport au nom du comte de Surviglieri, trompe la vigilance anglaise à bord d'un navire de commerce.

Débarqué à New-York le 28 août 1815, il avait sollicité une audience auprès du Président James Madison, quatrième président des États-Unis. Il refuse de le rencontrer mais lui accorde l'hospitalité. 
Il était clair que sa présence sur le territoire américain ne serait tolérée que dans la mesure où il ne se livrerait à aucune activité politique. 

À son arrivée à New York, Joseph Bonaparte s'installe dans une discrète pension de famille dissimulant sa véritable identité et utilisant des pseudonymes comme « Monsieur Bouchard » ou le « comte de Survilliers ». 

Le règne peu ambitieux en Espagne du plus âgé des frères Bonaparte précède son séjour américain. 
Après la défaite de Napoléon à Waterloo en 1815 et son départ à bord du Bellérophon, Joseph Bonaparte partait pour le Nouveau Monde et pour une vie où sa collection d’objets d’art et de tableaux pourrait pleinement agrémenter la vie mondaine.

S'il a dû abandonner dans sa fuite nombre de possessions, Joseph Bonaparte n'est pas pour autant démuni : dans ses valises ou dans celles de ses fidèles des trésors européens sont arrivés en Amérique. 
Il n'existe pas d'inventaire précis du butin qui profita de sa position pour piller l'Espagne, mais il dut en abandonner des centaines quand il perdit la bataille de Vitoria face à Wellington en 1813.

 

Joseph Bonaparte a rassemblé la plus importante collection d'art européen jamais vue en Amérique.
Heureusement, il était parvenu à sauvegarder suffisamment de tableaux pour épater la galerie : 
Plus de 150 toiles de maîtres flamands, italiens, espagnols, français, du Rubens, Le Titien, Snyders, Murillo, Rembrandt, Goya, Leonard de Vinci… 
L'une des plus emblématiques trônait dans la salle de billard : la première version du portrait équestre du frère de Joseph, le Premier Consul Napoléon, peint par Jacques Louis David, franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard (mai 1800). 

 

Napoleonst bernard   Cette unique version représentant Napoléon dans un manteau jaune, au lieu de rouge pour les suivantes 

 

Le tablequ est aujourd'hui accrochée sur un mur du château de la Malmaison en France.

En avril 1817, Joseph Bonaparte, l’ex-roi de Naples et d’Espagne, acheta une propriété de 85 hectares dénommée « Point Breeze » près de Bordentown dans le New Jersey, à 25 miles au nord-est de Philadelphie. 
Cette grande maison sur un promontoire était agréablement située sur les rives de la Delaware River. 

 

  Point breeze                   Point breeze                     Point breez

 

Ce sera sa résidence définitive aux États-Unis. 

 Joseph Bonaparte y résidera de 1817 à 1839.

 

Julieclarybonaparte            L’épouse de Joseph Bonaparte, Julie Clary Bonaparte              Jospehbonaparteenamerique

Elle était la fille de François Clary, un riche marchand de Marseille et de sa femme Rose. 
De santé délicate, Julie redoutait de traverser l’océan pour rejoindre son époux. 
Il y vivra avec ses deux filles Zenaide et Charlotte. 
Julie Clary restera à Mortefontaine en France. 
Une des maîtresses de Joseph, Annette Savage, lui donnera deux filles, dont une décédera accidentellement.

Élégant, courtois, affable, Joseph a entretenu des amitiés dans le monde des affaires compte tenu qu'on le savait très riche et qu'il était généreux. 

Après le refus initial du Président de le recevoir, il n'insistera pas. 
Il se tiendra discret, décevant les plus exaltés des bonapartistes qui à leur grand désespoir auraient souhaité qu'il s'engage plus ouvertement dans leurs projets et d'investir dans leurs entreprises. 
Mais ce sera toujours avec une grande sympathie qu'il recevra les bonapartistes qui viendront le saluer.

 

Joseph usa          Il ne s'intéressa qu'à faire fructifier sa fortune.        Josbonaparte

Agrandissant sa propriété, il l'embellira et la meublera avec raffinement.
Joseph racheta aux alentours nombre de fermes, de vergers, de prés et de terres marécageuses et entreprit de construire 12 miles de routes aménagées, une digue le long de Crosswicks Creek un affluent du Delaware, pour constituer un lac d’une longueur d’un mile. 
Plusieurs îles dans le lac furent plantées d’arbres et d’arbustes rares. 
De petites embarcations de plaisance en forme de cygnes furent amarrées dans une crique silencieuse.

Passionné par le jardinage, il dépense des sommes folles pour créer ce qui sera considéré comme l'un des premiers jardins paysagers d'Amérique. 
Comme il l'avait fait à Prangins et dans son château de Mortefontaine dans l'Oise, Joseph fait modeler la nature à son goût avec des centaines d'arbres importés, des biches lâchées, des routes, bâtisses et ponts construits. 

Son interprète James Carret et un dénommé George Reinholdt lui servent de prête-noms car la loi interdit alors aux étrangers de posséder des terres. 
Tout au long de son séjour américain, Joseph Bonaparte achète des terres pour agrandir son domaine : d'une surface initiale de 85 hectares, il atteint 720 hectares quinze ans plus tard. 
D'importantes sommes sont affectées à sa décoration : le tableau de Jacques-Louis David représentant Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard de même qu'une toile de Rubens « Les Deux Lions et le Faon », au point que certains hôtes de passage considèrent sa résidence comme la plus belle maison du pays.

Son époustouflante bibliothèque avec ses 8.000 ouvrages surpasse alors celle du Congrès américain.

Les objets de décoration et œuvres d'art font la réputation de Point Breeze considérée comme « la plus belle maison des États-Unis » après la Maison-Blanche. 

 

Joseph roi espagne                          Joseph bona jpg                         Joseh r

 

Joseph Bonaparte assista à la destruction de sa première maison par un incendie le 4 janvier 1820. 
Mais grâce au dévouement de son personnel de maison et de son voisinage, presque toute sa collection de tableaux, gravures, mobilier, tapis, argenterie, livres, linges, bijoux et décoration sont sauvés du feu. 

Joseph Bonaparte en profite pour la remplacer par un véritable palais de plus de 3.500 mètres carrés inspiré de Mortefontaine et de Prangins. 
Le maître d'œuvre choisi pour surveiller les titanesques travaux est un ébéniste d'origine française nommé
Michel Bouvier, un ancêtre de Jacqueline Kennedy, aidé par le maître-maçon Théodore Mauroy qu’il avait employé à Mortefontaine, domaine d’Ermenonville au nord de Paris.

Il choisit un emplacement plus éloigné du promontoire sur lequel avait été construite la première habitation. 
La vue était moins spectaculaire, mais la situation plus confortable, moins exposée aux vents. 
Joseph Bonaparte dessina le jardin de Point Breeze dans le style de celui du palais de l’Escurial, austère demeure du 17ème siècle du roi d’Espagne Philip II, située au nord de Madrid. 

Le banquier Nicholas Biddle (1786-1844) qui devint l’un des plus proches amis américains de Joseph Bonaparte, déclarait qu’il était « l’étranger le plus intéressant qu’il avait jamais rencontré jusqu’alors. 

Parmi les nombreux visiteurs qu'il recevra à Point-Breeze, deux seront particulièrement assidus : le maréchal Grouchy et le général Vandamme. 
Joseph Bonaparte recrée patiemment sa cour et étend son influence.

Les hommes politiques de premier plan qui fréquentèrent Joseph Bonaparte furent :  le Président John Quincy Adams, son secrétaire d'État Henry Clay (1777-1852), le secrétaire d’Etat d’Adams et Daniel Webster (1782-1852) ou le marquis de La Fayette.

 

Lf6                Voir mon article : Le Marquis de La Fayette aux Amériques

 

En 1816, Joseph refusera de s'engager dans l'improbable tentative de prendre la tête d'un empire mexicain. 
Informé des différents plans visant à soustraire Napoléon de sa prison de Sainte-Hélène, il ne prendra jamais parti. 
Tout en compatissant sur le sort réservé à son frère, il ne fera rien de significatif pour le soulager. 
Il cherchait avant tout à jouir de la vie dans le luxe et la sérénité. 
Ce n'était pas un aventurier ni même un intrigant.

Point Breeze était également un point de ralliement pour tous les généraux français exilés, dont la plupart avaient servi sous Joseph Bonaparte lorsqu’il était roi d’Espagne. 

Les vétérans bonapartistes candidats à l'exil avaient été bannis ou congédiés sans ménagement, tous partageaient le même sentiment de rejet viscéral des Bourbons et la même vénération pour l'Empereur. 
Ils cherchaient tous à œuvrer pour le retour de leur idole d’empereur au pouvoir qu'à refaire leur vie.
Dans leur grande majorité, ils étaient motivés par les idées de liberté et d'égalité héritées de la Révolution, un mépris pour tout système monarchique et la haine de toute forme de tyrannie. 

En 1816, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir quitter la France et l'Europe. 
Ils vont offrir leurs services aux indépendantistes américains dont le combat contre la tyrannie et l'absolutisme les séduit. 

Sur un panel de 150 vétérans, les "Soldats de Napoléon aux Amériques", on compte 32% de sous-officiers, 40% de sous-lieutenants et lieutenants, 20% de capitaines et 8% d'officiers supérieurs et généraux.

Ainsi de nombreux officiers et sous-officiers français gagnent l’Amérique et tentent de fonder des communautés comme celle d’Aigleville en Alabama dans le comté de "Marengo" !

 

Aigleville alaba         Aiglevillechampdasile         Aiglevillecolony1819


Parmi les immigrés de marque, on compte les généraux Grouchy et Vandamme.

Les généraux Clauzel, Lefebvre-Desnouettes et les frères Lallemand sont arrivés peu de temps après Joseph et préconisèrent de regrouper les vétérans bonapartistes dans un complexe agricole, la « Vine and Olive Colony » en Alabama. 
L’état alloua à 340 colons un lopin de terre pour y cultiver de la vigne et des oliviers. 
Les soldats colons se révélèrent peu doués en agriculture.

 

                                    Bertrandclauzel 1772 1842                                  Lefebvre desnouettes                                 Charles lallemand

                                Le général Bertrand Clauzel                      Le général  Lefebvre-Desnouettes                    Le général Charles Lallemand

 

Mais il était évident que les autorités américaines ne toléreraient pas l'établissement sur leur territoire d'une infrastructure ouvertement militaire. 

Charles Lallemand concevait alors un nouveau projet beaucoup plus ambitieux que celui de la « Vine and Olive Colony ». 
C'était l'établissement d'un camp militaire au Texas près de la ville de Galveston alors aux mains du flibustier et corsaire français Jean Lafitte et qui appartenait encore au Mexique et donc territoire espagnol. 
En mars 1818, sous la direction des généraux Rigaud et Lallemand, 149 vétérans, organisés en trois cohortes, commencèrent à édifier un poste militaire près des rives de la Trinity River, à une trentaine de kilomètres de la côte et de l'actuel Houston. 
Les effectifs atteignaient rapidement les 400 personnes. Mais le camp, baptisé « Champ d'asile » a été finalement abandonné en catastrophe six mois plus tard.

La colonie avait comme but essentiellement de poser les bases d'une structure pour tenter de soustraire Napoléon Bonaparte à ses geôliers et capable d'accueillir celui-ci si jamais l'on parvenait à le faire évader de Sainte-Hélène et peut-être créer un nouvel empire aux Amériques.
Napoléon aurait pu s'y installer, comme Joseph à Point Breeze, soit y préparer une prise de pouvoir dans un état américain qui accéderait à l'indépendance comme le Mexique par exemple.

En 1824, quand le général Lafayette (1757-1834) fit son voyage triomphal à travers les Etats-Unis, il s’arrêta deux fois à Point Breeze.

En été, Joseph voyageait souvent avec ses filles et de nombreux amis et relations à Ballston Spa et Saratoga Springs, son repaire de chasse dans le nord de l’Etat de New York. 
Il ne partait jamais sans un ensemble de pique-nique avec des assiettes en or, un tire-bouchon en argent, et un élégant nécessaire à toilette avec de petits flacons en argent et des accessoires de manucure. 

Joseph Bonaparte vivra à Point Breeze pendant plus de vingt ans, par intermittence, avant de rejoindre définitivement l'Europe en 1839.

Joseph Bonaparte mourut à Florence en 1844 aux côtés de sa femme.

 
Il légua sa propriété de Point Breeze à son petit-fils Joseph Lucien Bonaparte (1824-1865) qui la vendit en 1847 à Thomas Richards. 
Quelques années plus tard, ce dernier la revendit à Henry Beckett, ancien consul britannique en poste à Philadelphie.
Beckett, très francophobe, fit démolir la maison afin d’en construire une nouvelle qui fut détruite dans un incendie en 1985. 

Du rêve fastueux de Joseph-Napoléon Bonaparte, il ne reste que des ruines, un pont et la maison du jardinier.

 

Ce fut l'histoire fascinante des frères "américains" de l'empereur Napoléon Ier et leur vie qui relia deux mondes très différents.

 

 

                 NOTA :

Princenapole on                  Jean-Christophe Napoléon Bonaparte est né le 11 juillet 1986 à Saint-Raphaël en France.

 Il est un membre de la famille Bonaparte et il est l'un des actuels prétendant au trône impérial français et porte le titre de courtoisie de prince Napoléon.

Jean-Christophe Napoléon Bonaparte est l'arrière-arrière-petit-neveu de Napoléon Ier par le frère cadet de l'empereur, Jérôme, roi de Westphalie. 
Il n'existe pas d'autres descendants légitimes directs en ligne masculine de l’empereur Napoléon Ier.
Jean-Christophe est l'actuel chef de la Maison impériale de France et l'héritier de Napoléon Bonaparte.
Il existe cependant de nombreux descendants du fils illégitime et non reconnu de Napoléon Ier dont le comte Alexandre Colonna-Walewski (1810-1868), né de l'union de Napoléon Ier avec Marie, comtesse Walewski.

 

 

 

                                  THE END

 

 

 

 


 

Date de dernière mise à jour : 26/09/2024